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Coronavirus: un impact sur les pères

Les pères rencontrent des défis du point de vue de la santé mentale durant la pandémie.
Photo: Katarzyna Białasiewicz / 123rf

À l’aube de la fête des Pères, on s’aperçoit que la pandémie est une source de stress importante pour eux, qu’ils soient séparés ou non. Le contexte économique difficile peut leur imposer une pression supplémentaire, de même que le sentiment de devoir assurer la sécurité de leur famille.

Le nombre d’appels logés à l’organisme Pères séparés, destiné à ceux qui cherchent à obtenir la garde de leurs enfants et à leur offrir un soutien mental, a bondi au début avril, deux semaines après le début du confinement.

Voir les enfants devient plus difficile qu’à l’habitude puisque des procès pour définir la garde ont été remis. Il arrive aussi que l’autre parent refuse de poursuivre la garde partagée, de peur d’augmenter les risques de transmission du coronavirus.

«La situation est extrêmement difficile pour ces pères, témoigne le directeur général de l’organisme, René Bouffard. C’est une couche de stress additionnelle dont ils n’avaient pas besoin, sachant qu’une séparation peut déjà être pénible.»

Être privé de ses enfants peut être la source d’un fort sentiment d’impuissance. «C’est une situation qui doit être extrêmement pénible. Imaginez être père sans pouvoir l’être réellement», explique le professeur de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, Robert-Paul Juster.

Ces pères sont susceptibles de vivre un fort isolement, créant un impact important sur leur santé mentale. «Ce sont des répercussions qui peuvent perdurer, explique le chercheur en neurosciences. Ne pas avoir de réseau social pour nous soutenir, c’est aussi néfaste que d’être fumeur au niveau de la santé.»

Masculinité

Dr Juster étudie les influences du genre, des constructions sociales relatives au masculin et au féminin, sur la santé. Cela lui a permis de découvrir que la santé physiologique et psychologique des hommes définis comme «hyper masculins» est plus basse que ceux dont la masculinité est moins forte.

«Le genre masculin est relié à l’indépendance, l’individualisme et l’agressivité. Les hommes dont la masculinité est forte peuvent avoir de la difficulté à s’exprimer, et donc, moins bien vivre le stress», établit-il.

En contexte de crise économique, cette gestion du stress peut devenir difficile pour les pères. «Statistiquement, les hommes sont ceux qui possèdent les emplois les plus payants. Le contexte imprévisible et le manque de contrôle doivent être extrêmement difficiles à vivre pour les pères présentement», convient Dr Juster.

«La pandémie démontre à quel point tout le monde est susceptible de vivre des problèmes de santé mentale. J’espère que, quand les choses se seront calmées, un plus grand nombre de ressources d’aide seront proposées aux familles.» – Dr Robert-Paul Juster

La pandémie vient également chambouler la dynamique des familles, car avec la fermeture des écoles, les pères sont appelés à participer de manière plus active aux tâches à la maison.

«Pensez au modèle masculin typique, qui provient de plusieurs générations qui, du jour au lendemain, doivent assurer un rôle plus féminin à la maison. Le changement de situation crée un stress supplémentaire», dénote-t-il.

Pour collaborer à une bonne dynamique familiale, les pères doivent laisser leur masculinité de côté. La clef pour les aider à y parvenir est la compassion, convient le professeur.

«Il faut comprendre qu’ils vivent des situations qui leur sont inconnues, rappelle-t-il. Plusieurs d’entre eux ont de la difficulté à s’exprimer, donc il faut s’informer de leur état, les aider à s’ouvrir.»

La consultation d’un psychologue est également suggérée en période de stress intense.


Pères séparés – En chiffres

  • 32% d’entre eux souffrent d’insomnie
  • 31% subissent une perte d’appétit
  • 18% perdent ou gagnent du poids

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