Barrage Simon-Sicard: retour à la planche à dessin pour Hydro-Québec
Différentes consultations ont eu lieu au cours de l’année 2021 par d’Hydro-Québec. Et 53% des participants se sont prononcés contre l’enrochement du mur de soutènement du barrage Simon-Sicard. Hydro-Québec a donc décidé de reculer d’un pas. La société d’État doit proposer de nouvelles solutions aux riverains, et ce, possiblement d’ici le printemps 2022.
Les travaux d’urgence pour le mur de soutènement du barrage Simon-Sicard n’ont pas fait que des heureux. En effet, l’enrochement n’est pas vu d’un bon œil sur le plan esthétique, mais aussi car il empêche une bonne visibilité sur la Rivière des Prairies. Les citoyens seront heureux d’apprendre que de nouvelles études d’Hydro-Québec indiquent que l’enrochement pourrait être baissé de 70 cm à pas plus de 10 cm.
En retournant à la planche à dessin, Hydro-Québec va soumettre d’autres possibilités pour renforcer et sécuriser le mur de soutènement. Le conseiller et relationniste d’Hydro-Québec Jonathan Laporte indique cependant que l’enrochement avait été choisi pour trois raisons.
Tout d’abord, les travaux d’urgence nécessitaient une solution rapide et l’enrochement est la plus simple à mettre en place, souligne-t-il. Il y a aussi la pérennité. Parmi les différentes possibilités pour le secteur, l’enrochement doit normalement être valide pour une centaine d’années.
Enfin, le coût. C’est la solution la moins onéreuse, selon Jonathan Laporte.
Plusieurs possibilités sur la table
Cela étant dit, en plus de l’enrochement, d’autres options vont être à nouveau étudiées.
On a tout remis sur la table. Est-ce que ce sera possiblement de l’enrochement? Oui. Est-ce que ça pourra être une autre solution? La réponse est oui.
Jonathan Laporte, conseiller et relationniste pour Hydro-Québec
Derrière l’église de la Visitation, il serait par exemple possible d’installer «comme une grosse ceinture avec des pieux sur le terrain qui vient tirer et retenir le mur». Le problème de cette possibilité est qu’elle est onéreuse et ne durerait qu’une quarantaine d’années, souligne M. Laporte. Et cette solution ne peut pas être mise en place partout.
À d’autres endroits, il pourrait y avoir des «pieux tangents», indique Jonathan Laporte. Ce sont de gros cylindres remplis de béton et plantés dans la rivière. Ceux-ci seraient plantés les uns à côté des autres. Hydro-Québec argumente que c’est une solution onéreuse, qui n’est esthétiquement pas forcément plus belle que la roche.
C’est aussi une solution complexe à mettre en place, précise M. Laporte. Il y aurait de longs travaux à prévoir, selon lui. Et ces pieux arriveraient à 70 cm au-dessus du mur.
L’aspect positif de cette solution est qu’elle a la même pérennité que l’enrochement, soit une centaine d’années.
Hydro-Québec considère cependant depuis le début que l’enrochement est vraiment la meilleure solution.
Le problème du sentier
Durant les consultations, l’aménagement a été au centre des préoccupations des citoyens. Hydro-Québec a soumis trois scénarios aux riverains. Mais c’est le sentier tout le long du mur de soutènement qui semblait plaire le plus.
Mais plusieurs problèmes se posent. Bien qu’Hydro-Québec ait accepté d’étudier cette possibilité, sa faisabilité dépend de l’acceptation des différents propriétaires le long de la rive. Cette autorisation n’a pas été donnée à la société d’État.
À partir du moment où Hydro-Québec n’a pas reçu le consentement des propriétaires, l’entreprise a décidé de ne pas aller de l’avant avec ce projet.
Cela étant dit, après les nouvelles possibilités offertes concernant le mur de soutènement, de nouvelles consultations auront lieu autour de l’aménagement, précise Jonathan Laporte.
Les souhaits de la mairesse
La mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, indique que dans toute cette affaire, elle souhaite absolument conserver la possibilité de cette promenade riveraine. Elle avait d’ailleurs annoncé cela en campagne électorale à l’automne.
Ce qu’elle voit pour ce projet est la possibilité d’un partenariat avec Hydro-Québec et les différents propriétaires pour convenir d’un accord entourant la construction de ce sentier. Émilie Thuillier précise qu’Hydro-Québec pourrait user de son droit sur les terrains dont elle est propriétaire. La mairie, de son côté, ferait de même. Il ne resterait à la fin qu’à «discuter avec les propriétaires privés pour discuter de cette possibilité», espère la mairesse.
De façon générale, Émilie Thuillier n’aime pas l’idée de l’enrochement. Mais si cette solution était celle retenue, le fait que le dépassement ne soit que de 10 cm maximum «est un gain», pour la mairesse.
Enfin, Émilie Thuillier déplore un problème de gouvernance. Elle insiste sur le fait qu’Hydro-Québec n’a pas proposé les différents scénarios concernant les travaux, partant du principe que l’enrochement était la meilleure solution.
Le problème dans ce dossier, c’est le fait qu’Hydro-Québec n’a pas présenté les options autres que l’enrochement à la population et pourquoi ils en sont arrivés à cette option-là.
Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville
Les nouvelles options doivent être présentées à la population d’ici le printemps 2022. Hydro-Québec espère déposer le dossier aux instances concernées d’ici la fin de l’année 2022 pour un début des travaux en 2025. C’est à ce moment-là que l’enrochement déjà fait serait abaissé à pas plus de 10 cm dans la zone déjà effectuée.