Une ruelle infernale
« Il faut venir voir à quatre heures du matin, quand les huit roues viennent décharger leur marchandise », souligne l’un d’eux.
Les deux citoyens qui témoignent anonymement – même si leur dossier est connu de toutes les instances – considèrent que leur qualité de vie s’est particulièrement dégradée.
« Cela fait plusieurs années que nous résidons ici, ce n’était pas comme ça avant. »
La ruelle est située entre la rue Cousineau et le boulevard Laurentien à Cartierville. Au bout de celle-ci se trouve une épicerie. Elle est accessible aux grands camions par la rue Périnault, qui peuvent ainsi l’approvisionner.
« Les camions, quand ils ne déchargent pas immédiatement, laissent leurs moteurs tourner pour éviter que la marchandise soit avariée », observent-ils. Les véhicules en question tractent effectivement des frigos.
Cette fréquentation assez importante de la ruelle à certaines heures de la journée est également accompagnée d’incivilités dont se plaignent les deux habitants.
« Les gars en attendant de finir leur travail, stationnent dans la ruelle. Ils jettent leurs verres de café et un tas de détritus devant chez nous. » Certains n’hésiteraient pas à soulager leur vessie sur les clôtures, racontent-ils.
« Tout le monde est au courant de nos plaintes. »
Prise en charge
Depuis deux ans, ils ont effectivement alerté l’élu local et les agents du poste de quartier (PDQ).
« Nous sommes tous engagés pour trouver des solutions satisfaire tout le monde », avise Harout Chitilian, conseiller du district Bordeaux-Cartierville.
« On travaille sur ce cas depuis l’année passée », relève Marc Tanguay, commandant du PDQ 10.
Mais pour les deux intervenants, il y a un problème de perception.
Ce secteur a été déserté durant de longues années. Avec la revitalisation, les commerces se sont développés et les nouvelles activités ont nécessité des adaptations et une certaine idée du vivre ensemble qui probablement prennent du temps à se mettre en place.
La ruelle elle-même est particulière. Sur sa longueur, la moitié appartient au domaine privé. « Nous ne pouvons intervenir que sur la partie du domaine public », souligne M. Chitilian.
Des panneaux d’interdiction de stationner ont été apposés du côté des résidences. Bientôt, des pancartes attireront l’attention des chauffeurs de camion pour respecter la quiétude du voisinage.
Coexistence
Par ailleurs, comme le précise le commandant Tanguay, la loi autorise les camions frigorifiques à laisser les moteurs tourner pour maintenir le froid de leurs conteneurs.
« Nous faisons beaucoup de sensibilisation avec le propriétaire de l’épicerie, mais aussi avec les responsables de la mosquée », souligne-t-il.
Des demandes ont été faites pour faire passer les camions à d’autres heures ou pour rappeler les fidèles du lieu de culte à respecter les aires de stationnement.
« On a fait le maximum de ce qui peut l’être dans ce cas », remarque le commandant Tanguay.
« Nous continuons de suivre la situation et nous en parlons souvent pour faire les suivis qui s’imposent », indique M. Chitilian.
« Si ça continue comme ça, on finira tous par vendre et partir », avertissent les deux citoyens. Sur la rue Cousineau, une pancarte d’un agent immobilier annonce qu’une maison est à vendre. On ne sait toutefois pas ce qui motive le vendeur.