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Être immigrant en pleine pandémie, un calvaire

Photo: iStock

Bien que la pandémie ait chamboulé la vie de la population québécoise, l’épreuve a été encore plus dure pour les personnes immigrantes.

Fatou Diallo est arrivée du Mali en juillet 2019 pour y passer ses vacances alors qu’elle travaillait pour les Nations unies. Résidente de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce,  c’est lors d’une échographie de contrôle à Montréal pour connaître le sexe de son premier enfant que les médecins ont découvert une malformation cardiaque quelques semaines avant l’accouchement. 

Cette jeune mère célibataire se retrouve alors totalement isolée, passant ses journées à l’hôpital au chevet de son bébé, qui doit subir des opérations.

Face à l’état de santé de sa fille, lequel l’empêchait de retourner au Mali, en plus de la dégradation de la situation politique dans ce pays, Fatou Diallo décide de rester ici, de démissionner de son emploi au Mali et de demander l’asile.

«Au début de la pandémie, j’étais déjà isolée avec ma fille, mais avec la pandémie, ça a comme empiré», dit-elle, en expliquant qu’à cause de l’état de santé de sa fille, les contacts avec l’extérieur étaient à éviter. «[Ici], il faut tout reprendre à zéro, ce n’est pas si facile», ajoute-t-elle.

Pendant la COVID-19, Fatou Diallo a perdu quatre de ses proches qui étaient encore au Mali, mais en raison de la pandémie et de la fermeture des frontières, il lui était impossible d’aller leur rendre un dernier hommage.

«Il n’y a personne pour te consoler; même si c’est au téléphone, après tu te retrouves toute seule», dit-elle.

C’est donc dans un isolement sans fin que la pandémie a plongé cette jeune mère célibataire. Heureusement pour elle, différents services qu’offrait le Service d’interprète, d’aide et de référence aux immigrants (SIARI) lui ont permis de briser cette solitude.

Fatou Diallo a donc pu fréquenter d’autres mères immigrantes et bénéficier d’une halte-garderie. Le SIARI lui a aussi permis de sociabiliser grâce à des rencontres virtuelles.

Un rapport de l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) fait état d’un nombre plus élevé de contaminations et de décès liés à la COVID-19 chez les immigrants par rapport au reste de la population. À cela s’ajoute une détérioration de leur qualité de vie dans leur pays d’accueil.

Venir en aide aux immigrants

La directrice générale du SIARI, Fatma Djebbar, est fière des «miracles» accomplis pendant la pandémie par ses équipes.

Elle explique que dès le début de la pandémie, leur préoccupation était de maintenir un contact avec des personnes très difficiles à joindre à cause de la barrière de la langue ou de l’absence de cellulaire.

Grâce à des subventions, le SIARI a pu recruter une trentaine d’interprètes qui ont donné leur numéro de cellulaire personnel afin que les immigrants puissent bénéficier d’un service de traduction en cas d’urgence.

Un «camion trieur» arpentait aussi la métropole avec des bandes sonores préenregistrées qui expliquait l’état de la situation sanitaire et les restrictions sanitaires en place.

Selon Fatma Djebbar, la majorité des personnes immigrantes qui trouvaient de l’information à l’école, dans leur lieu de culte ou auprès de leur communauté se sont retrouvées coupées abruptement de ces sources d’information, ce qui les a plongées dans un «isolement drastique».

Pour Fatma Djebbar, l’impact a été notamment fort chez les jeunes de 6 à 13 ans qui ne maîtrisaient pas beaucoup le français ou l’anglais.

Selon elle, de nombreux immigrants ont perdu leur emploi pendant la pandémie à cause des délais de renouvellement de permis de travail et ont vu s’expirer leur numéro d’assurance sociale.

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