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Le feu sacré

Photo: TC Media - Isabelle Bergeron

Sylvain D’Aoust aurait pu prendre sa retraite en janvier 2015, après 30 ans au Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). Le capitaine a plutôt choisi de rester à la tête de la caserne 67 de L’Île-des-Sœurs, trop passionné pour avoir réellement envie d’accrocher son casque de pompier.

«Je suis conscient qu’à un certain moment, il va falloir que je tire ma révérence. Mais pas tout de suite. J’aime encore trop mon métier et le contact avec les gens», explique l’homme de 56 ans en poste à l’île depuis 6 ans.

Très jeune, M.  D’Aoust était impressionné par l’image que dégageaient les pompiers. Après des études à l’Institut de prévention des Incendies du Québec, il a débuté sa carrière à la caserne 30, rue Laurier, en plein hiver 1985. La réalité du métier ne l’a pas déçu.

«Recevoir un appel pour un feu, c’est aussi recevoir une grosse dose d’adrénaline. C’est un métier d’aventure, où pas une journée n’est pareille. Je me suis tout de suite rendu compte que j’avais fait le bon choix», explique-t-il.

Durant sa carrière, il a travaillé dans près d’une dizaine d’autres casernes à travers la ville, gravissant les échelons. En début de carrière, M. D’Aoust a aussi fait des conférences sur le métier dans des écoles, des hôpitaux et des centres pour nouveaux arrivants.

«Je me souviens d’une conférence en particulier dans un centre pour personnes sourdes et muettes. Quelqu’un traduisait ce que je disais en langage des signes. Ça a été un très beau moment d’échange, qui m’a beaucoup marqué», se souvient-il.

Sacrifices

Malgré une passion évidente, Sylvain D’Aoust ne cache pas que la vie de pompier vient avec certaines difficultés. Aujourd’hui divorcé,  il admet que ses horaires de travail atypiques ont entraîné de nombreux sacrifices durant ses années de mariage, de lui comme de sa conjointe.

«La vie en groupe n’est pas toujours facile non plus. Dans une caserne on est sept gars, avec chacun une personnalité et un caractère différent. Il faut s’adapter», croit-il.

D’Aoust a aussi souvent été confronté aux décès de sinistrés lors de ses interventions. S’il se dit capable de se détacher pour continuer à bien faire son travail, il affirme que parler des moments plus difficiles est essentiel.

«Souvent, de retour à la caserne on se fait du café, on se rassemble et on parle de comment chacun a vécu la situation. C’est comme un exutoire», explique-t-il.

Sylvain D’Aoust a aussi perdu des collègues en service. «C’est le genre de chose qui change ta perception du travail. J’aime encore ça, mais quand j’arrive sur une intervention, je suis plus conscient qu’avant qu’il est possible que je ne revienne pas.»

Dans quatre ans, le capitaine D’Aoust aura 60 ans, âge où par la loi, il sera forcé de prendre sa retraite. Même s’il préfère ne pas trop y penser, il admet avoir certains projets en tête.

«Je suis un passionné de voyage et je veux continuer à voir le monde. Je rêve entre autres de visiter l’Inde, le Laos et le Cambodge», énumère-t-il.

Le jour où Sylvain D’Aoust partira définitivement de la caserne 67, ce sera avec un pincement au cœur, mais sans aucune amertume. «J’ai eu une merveilleuse carrière, affirme-t-il. J’ai vraiment été un pompier heureux.»

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