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Institut Douglas: Connaître les effets d’un trauma pour mieux le surmonter

portrait Photo: Gracieuseté

Le professeur titulaire à l’Institut Douglas Alain Brunet se penche sur les différentes causes de trauma pour tenter de prévenir ou d’amoindrir ses effets. Que ce soit des attentats comme celui de la semaine dernière à Strasbourg, en France, des ouragans ou tout simplement un accident, Info-trauma, le site Internet qu’il a créé en 2009, permet aux victimes de comprendre leur condition et les réactions comme le stress post-traumatique.

Le trauma est considéré par M. Brunet comme une confrontation, brutale et inattendue, avec la mort, la nôtre ou celle de quelqu’un d’autre. «Si on met les hommes et les femmes ensemble, le trauma le plus récurrent, c’est probablement l’accident de voiture, rapporte-t-il. Chez les hommes, souvent ça va être l’agression physique et puis chez les femmes, il y a quand même beaucoup d’agressions sexuelles.»

De nouvelles causes ont aussi fait leur apparition avec le temps. «Les attentats n’étaient pas quelque chose dont on parlait tant que ça avant, maintenant on en parle évidemment plus. Il y a aussi les catastrophes naturelles dont on commence à parler davantage en raison des changements climatiques. Leur fréquence va aller en augmentant. Donc effectivement, les sécheresses, les incendies, les inondations et les tornades peuvent faire des victimes», estime le professionnel.

Catégories
En plus de la personne directement affectée, d’autres peuvent être considérés comme des victimes collatérales, par exemple lors des attentats de Paris. «Les premiers répondants, ceux qui ont soigné des blessures, qui ont assuré leur sécurité et leur transport, ou encore ceux qui ont été témoins sont aussi concernés, soutient Alain Brunet. On estime donc que 10 000 personnes ont été touchées alors que le nombre de personnes directement touchées était probablement plus proche de l’ordre du millier.»

Selon lui, cela s’explique par le fait que la compréhension du trauma a changé au fil des ans en réalisant qu’il y a trois cercles de personnes exposées : ceux qui le sont directement, puis les témoins et les professionnels de la santé. Il ajoute que les familles peuvent aussi être exposées de façon indirecte.

Symptômes
«Il y a un avant et un après. Le trauma devient un marqueur pivot dans la vie. Souvent, l’événement change la vision de nous-mêmes, des autres et du monde. On cesse de vivre dans un environnement sûr ou bienveillant pour vivre dans un monde qui est dangereux et on réalise qu’on est plus vulnérable qu’on le pensait. Des fois, il peut aussi y avoir des éléments de culpabilité, quelque chose qu’on a fait ou qu’on n’a pas fait», explique le professeur.

Il évoque aussi des symptômes intrusifs, comme le fait de repenser constamment à l’événement, des symptômes de l’évitement ainsi d’hypervigilance. En fonction de leur importance, il peut s’agir d’un stress post-traumatique.

«On parle de six symptômes sur une possibilité de vingt qui durent au moins un mois, décrit Alain Brunet. La plupart des gens n’en développent pas ou vont en développer un, mais de façon temporaire.»

Le soutien social est considéré comme étant très important, tout comme le fait de parler de l’événement, de se reposer et de faire des activités qui nous apportent du plaisir. La consommation d’alcool et de drogue serait cependant à proscrire.

«L’un des objectifs du site est de faire de la psychoéducation et de la normalisation. On veut expliquer aux gens ce qu’ils sont susceptibles de vivre parce que s’ils le comprennent, ils vont être moins inquiets (…) L’objectif aussi est d’encourager les gens qui ne vont pas bien à consulter», souligne le professionnel, qui précise que le site internet donne accès à une auto-évaluation.

L’un de ses étudiants en doctorat est en train d’analyser les données du site, notamment de savoir dans quelle mesure des événements peuvent être traumatogènes, qui devraient être dévoilées l’an prochain.

Pour plus d’infos.

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