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La barbe populaire chez nos élus

Justin Trudeau
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau Photo: Dave Chan/AFP

En vogue chez les vedettes, les influenceurs et les athlètes, l’engouement pour la barbe atteint aussi la sphère politique. Même le premier ministre du Canada a succombé.

«D’allure discrète, la barbe de Justin Trudeau lui va bien», observe le coiffeur Ménick qui a pignon sur la rue Masson, à Montréal, depuis 60 ans. Lui-même a été surpris par le changement de look du député de la circonscription de Papineau, qui coïncide avec le début d’une nouvelle année.

Le directeur de stratégie des médias chez National, Jean-Alexandre D’Etcheverry, parle de la perception suscitée par ce changement d’apparence. «Cela peut vouloir dire qu’on entre dans une nouvelle ère de Justin Trudeau, soit celui d’un homme plus studieux, plus sérieux et plus apte à aborder les enjeux qui s’en viennent.»

En entrevue dans de nombreux médias, le premier ministre avait souligné qu’il souhaitait une nouvelle image, voulant mettre derrière lui les controverses concernant ses «costumes» ou ses faux pas vestimentaires.

Maturité

Adam Scotti, le photographe personnel de M. Trudeau a capté ce cliché publié sur Instagram démontrant l’allure plus sérieuse de l’homme.

«M.Trudeau assume une toison grisonnante alors qu’on ne voit poindre aucun cheveu gris», illustre le spécialiste en image, qui compare sa barbe à celle d’un professeur d’université laissant présager une certaine maturité.

Cette pilosité fait aussi office de coupure avec son premier mandat axé sur son image de jeunesse. «Notre premier ministre veut se redéfinir autrement. On sent qu’il veut livrer le message: ‘je suis conscient de la tâche qui m’incombe et je suis ici pour gouverner et prendre des décisions importantes pour les Canadiens’», évoque M. D’Etcheverry.

Se démarquer

Il est révolu le temps où la barbe était signe de négligence. «Pour nous, les hommes, c’est une façon de se gâter et de prendre soin de soi», indique Sterling Downey, conseiller de l’arrondissement Verdun.

Épisodiquement, il consacre jusqu’à deux heures de son temps sur une chaise de barbier, qui traite sa barbe et ses cheveux. Élu en 2013 au sein du parti Projet Montréal, M. Downey se rappelle qu’au cabinet, quelqu’un lui avait recommandé de se raser sous prétexte qu’il ne serait pas pris au sérieux.

«Je suis parti à rire et j’ai répondu que ma barbe n’affecte pas ma prise de décision ni mes relations avec les gens», ajoute M. Downey.

Il a d’ailleurs remarqué de nombreuses barbes sur les photos des anciens maires de la ville de Montréal. «À une certaine époque, dit-il, plusieurs avaient des favoris et des barbes blanches, signe d’expérience, de noblesse et d’aristocratie.»

À 47 ans, M. Downey porte la barbe aussi pour se démarquer. «Les gens me reconnaissent par mon  look qui représente une forme de jeunesse et sagesse. Pour moi, c’est devenu une marque.»

Tendance

Parmi les nombreux élus montréalais contactés, seul Sterling Downey de l’arrondissement de Verdun a voulu nous parler de sa barbe.

En ce début d’année, on note une forte propension chez les élus de Montréal à adopter le port de la barbe. Sur 16 élus chez Projet Montréal, le parti au pouvoir à l’hôtel de ville, 9 se laissent pousser le poil du visage. Sur la scène provinciale, si on se fie à la prise de photo du récent conseil des ministres de la Coalition avenir Québec (CAQ), seulement trois d’entre eux suivent cette tendance, qui est souvent cyclique.

«La barbe, souligne M. Downey, est une affaire de mode. La population est influencée par la musique, le cinéma et les émissions populaires, comme Game of Thrones qui met en vedette des Vikings avec une barbe.»

Selon lui, la pilosité chez les hommes n’a rien à voir avec la masculinité. «Beaucoup de gens de la communauté LGBTQ portent la barbe. C’est simplement quelque chose de fort, un signe qu’on veut se démarquer.»

 

Exit les broussailles

 

Les joueurs de hockey comme Tomas Tatar portent aussi la barbe.

Le look hipster et même la barbe de quelques jours, de forme carrée ou ronde, doit être bien tracée. Exit les broussailles dans les écoles de coiffure.

«L’important, c’est d’offrir une image propre et présentable aux yeux de la société», précise Andres Bobillier, propriétaire de l’Académie de barbier All Star. On entretient les barbes avec différents produits cosmétiques dont des shampoings, de l’huile, ainsi que des produits technologiques de haute définition afin de tracer la barbe de façon plus esthétique.»

 

Chose certaine, la barbe rallie autant les jeunes que les plus de 40 ans. Ils sont influencés par les vedettes comme l’acteur George Clooney ou les joueurs de hockey des Canadiens comme Philip Danault ou Tomas Tatar. Signe des temps, à la télévision, les publicités de produits après-rasage ont pratiquement disparu.

 

 

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