L’Île-des-Sœurs sera appelée à se transformer, estime sa mairesse
Prisée pour ses espaces verts et la quiétude qui y règne, L’Île-des-Sœurs (IDS) se transforme à un rythme effréné. Les développements immobiliers sur l’île poussent comme des champignons. Une évolution nécessaire, selon la mairesse de l’arrondissement de Verdun Marie-Andrée Mauger, qui assure tout de même vouloir préserver la particularité du quartier.
La densification résidentielle est la contrepartie de l’aménagement d’une gare du Réseau express métropolitain (REM), résume Mme Mauger. «C’est vraiment ce qui change la facette de l’IDS, précise-t-elle. On entre dans une ère de mobilité durable.»
Il n’y a pas que l’IDS qui est en mouvance en ce moment […]. Les quartiers sont des territoires vivants, qui ne sont pas figés dans le temps.
Marie-Andrée Mauger, mairesse de l’arrondissement de Verdun
Malgré tout, l’élue se dit sensible aux inquiétudes de la population locale par rapport à la prolifération des tours à logements. «On freine un peu les ardeurs de projets immobiliers prospectifs qui viennent solliciter l’Arrondissement», assure-t-elle.
Mme Mauger refuse toutefois de s’engager à limiter à 2900 les nouveaux logements sur la Pointe-Nord de l’IDS, comme le prévoit le programme particulier d’urbanisme (PPU) du secteur. Il s’agit pourtant de la principale demande de l’Association des propriétaires et résidents de L’Île-des-Sœurs (APRIDS).
Ce seuil de 2900 sert plutôt «d’ordre de grandeur», explique la mairesse. «On essaye de rester le plus près possible de ce qui est écrit dans le PPU. On est en crise du logement […], c’est certain qu’il y a plus de demande pour l’habitation que pour le commercial.»
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Une acceptabilité sociale insuffisante
Témoin de la levée de bouclier des citoyens de L’IDS lors d’une consultation publique le 24 janvier, Marie-Andrée Mauger reconnaît que le niveau d’acceptabilité sociale du projet immobilier Cité de l’Île dans sa forme actuelle n’est pas suffisant.
On cherche à l’améliorer encore le projet, à apporter des éléments pour faire en sorte que les résidents actuels vont y trouver des avantages […] sachant qu’on ne fera jamais l’unanimité.
Marie-Andrée Mauger
«Ce n’est pas un terrain qui nous appartient, rappelle-t-elle. Des fois, j’entends des citoyens qui disent “on n’a juste à rien faire”, mais ce n’est pas en mon pouvoir de faire en sorte qu’il ne se passe rien sur ce terrain-là.»
Néanmoins, la mairesse n’hésite pas à louanger le projet Cité de l’Île. «Ça va devenir un nouveau cœur de quartier à l’entrée de L’IDS lorsqu’on arrive par le REM.»
À titre de bénéfices pour les résidents, le complexe inclut notamment un passage public pour se rendre à la gare du REM, un local communautaire, du logement social, des espaces verts et culturels, souligne l’ex-conseillère d’arrondissement. «On a travaillé avec le développeur pour aller chercher un maximum d’espaces collectifs», estime Mme Mauger.
L’achalandage qu’entraînera le développement immobilier va permettre une offre de commerces et de services plus intéressante à l’IDS, assure-t-elle. Notons que l’Île comporte peu de commerces de proximité, ceux-ci ayant de la difficulté à prospérer.
Une densification dénaturante, selon l’APRIDS
Bien qu’elle craigne que la vision de l’administration municipale mène à une croissance démographique incontrôlée, l’APRIDS ne s’oppose pas à la densification de l’IDS.
Elle plaide plutôt pour une «densification à échelle humaine» qui respecte la convivialité et le calme propre au quartier, explique la secrétaire de l’APRIDS, Geneviève Guay.
C’est pourquoi l’association se fait très vocale dans son opposition au projet Cité de l’Île. «C’était assez clair qu’il n’y avait aucune acceptabilité sociale [lors de la consultation publique]», note-t-elle. Plusieurs citoyens ont alors soulevé des inquiétudes quant à la circulation et au manque de place dans les écoles.
Si le projet était modifié, avec une densité moindre, et qu’on incluait des infrastructures et des équipements collectifs […], là, il y aurait un bénéfice [pour les résidents].
Daniel Manseau, président de l’APRIDS
Les représentants de l’APRIDS insistent à plusieurs reprises sur la particularité de leur quartier. «C’est une île, avec une entrée par l’autoroute Bonaventure et une entrée par l’autoroute 15. Ce n’est pas comme un quartier qui est complètement désenclavé», explique Geneviève Guay. Les résidents auraient une crainte «réelle» d’être coincés dans l’éventualité d’une catastrophe, à ses dires.
Notons qu’une firme externe mandatée par la Ville de Montréal réalise actuellement une étude de circulation pour déterminer l’impact des projets immobiliers dans le nord de l’IDS. Il s’agit d’une des principales demandes de l’APRIDS. Les résultats sont attendus au courant de 2023, selon l’Arrondissement.