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Wellington, la rue la plus cool au monde piétonne à l’année?

La promenade Wellington. / Josie Desmarais/Métro
Josie Desmarais/Métro Photo: Josie Desmarais/Métro

Si la piétonnisation estivale de la rue Wellington est bien actée et commencera dans quelques semaines, des citoyens verdunois ont lancé une pétition pour bloquer la circulation automobile sur cet axe tout au long de l’année. Hasard du calendrier, le projet prend vie alors que Montréal vient d’annoncer une piétonnisation permanente d’une partie du Vieux-Montréal.

La rue Wellington, ou la Well’ pour les intimes, est une promenade achalandée dès que des rayons de soleil transpercent le ciel verdunois. La SDC Promenade Wellington en fait une destination tropicale qui rappelle les vacances chaque été, en surfant sur la popularité provoquée par son classement en tant que rue la plus cool au monde par le magazine Time Out. Le Verdunois, Christ Bitsakis, veut lui profiter de cette attention pour mettre sur la table son projet d’une rue piétonne à l’année longue.

La rue Wellington n’est pas encore piétonne à la fin du mois d’avril, malgré le beau temps. Photo : Matéo Gaurrand-Paradot, Métro

Une rue pour les Verdunois

L’idée est envisagée sérieusement, une pétition est actuellement disponible sur le site de la Ville de Montréal pour demander la tenue d’une consultation publique sur le sujet. Son auteur est M. Bitsakis, qui justifie son combat par le soutien populaire à la piétonnisation estivale et par la satisfaction globale des Verdunois envers une rue piétonne l’été. Notons que les résidents du quartier ne peuvent aller signer la pétition qu’en personne. Le commerce Chez Robin est pour l’instant le seul à offrir la possibilité de signer la pétition.

La mairesse de Verdun, Marie-Audrée Mauger, a décliné les demandes d’entrevue de Métro, préférant ne pas s’exprimer sur le sujet et laisser libre cours au processus démocratique. Du côté de la SDC, son directeur général, Patrick Mainville, se félicite qu’une telle pétition ait été créée, car cela prouve que son organisme a fait un « tellement bon travail que des gens veulent ça toute l’année ».

Travaillant pour la totalité des commerçants de la rue Wellington, M. Mainville ne donne cependant pas d’avis tranché sur le projet et dit qu’il ira avec l’opinion de la majorité. Pour Chris Bitsakis, le fait que la majorité des résidents de Verdun n’utilisent pas la voiture est la preuve de l’utilité de son projet. Selon le recensement de 2016, la moitié des Verdunois ne prennent pas l’automobile pour se rendre au travail, surtout aux alentours de la rue Wellington, où le taux de non-automobilistes explose, pour s’établir entre 75 et 80%.

Sandra, une mère de famille verdunoise, affirme en effet ne pas avoir de voiture, et être ainsi en faveur d’une piétonnisation permanente. Elle pense qu’il faut changer de modèle et que le vélo en sortirait également gagnant. Une autre Verdunoise, Rosine, juge que ce n’est pas une mauvaise idée en soi, mais que la déviation du bus sur la rue Wellington, qui est utile en hiver, l’a fait pencher contre le projet.

Défi hivernal

L’hiver est d’ailleurs l’argument souvent évoqué pour justifier que les rues piétonnes permanentes à Montréal ne sont pas forcément fonctionnelles. À cet argument, M. Bitsakis répond que si l’on « regarde les coûts et le chaos du déneigement des stationnements pour le million d’automobiles montréalaises, alors fermer une rue comme Wellington et enlever des stationnements à déneiger devrait fonctionner ».

Pour Patrick Mainville, l’hiver formerait surtout un beau défi supplémentaire, lui qui devrait donc adapter ses animations en format hivernal. Il se projette déjà dans l’idée de mettre en place un projet pilote. Une occasion d’être créatif. Le DG de la SDC s’interroge tout de même sur la possibilité pour Verdun ou Montréal de financer une rue piétonne tout au long de l’année, et sur la difficulté que pourrait représenter le déneigement.

Précisons qu’un des plus gros défis du déneigement à Montréal est en effet la présence de centaines de milliers de véhicules que les automobilistes doivent déplacer et que la Ville doit parfois remorquer. Contactée par Métro, la Ville de Montréal estime que le coût du déneigement d’une rue piétonne serait similaire à une rue ouverte à la circulation.

Gentrification à venir?

Tout n’est pas non plus rose, selon la SDC. La piétonnisation estivale est déjà en train de changer l’écosystème de la rue Wellington et une piétonnisation permanente accélérerait probablement cette transformation. « Ça crée une gentrification commerciale, ça attire beaucoup de monde », explique Patrick Mainville.

Ce fier Verdunois de 3e génération constate qu’une piétonnisation à l’année longue peut amener un certain type de commerces, et défavoriser les boutiques qui répondent à l’offre locale. Il croit que la rue Wellington pourrait devenir une artère « de destination » touristique, avec de nombreux bars, restaurants et cafés.

Le directeur général de la SDC pense particulièrement aux épiceries, dont la piétonnisation fait augmenter l’achalandage mais fait baisser la taille du panier moyen à la caisse. « Il est plus difficile de transporter de grosses quantités sans voiture, des clients peuvent alors se rendre à des épiceries plus accessibles en voiture dans d’autres secteurs », s’inquiète-t-il.

Pour Chris Bitsakis, le succès d’une zone piétonne ne peut pas simplement se mesurer par la croissance des revenus de chaque commerce qui y a pignon sur rue. « Le succès d’une rue piétonne ressemble à une rue qui répond aux besoins des Verdunois, leur donne de l’emploi, des services et un sens de la communauté », s’enthousiasme-t-il.

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