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Toponym’elles: le projet de Manon Gauthier

Photo: Archives / TC Media

Montréal s’est doté la semaine dernière d’une toute première banque toponymique féminine grâce à l’initiative de la conseillère de Champlain-L’Île-des-Sœurs, Manon Gauthier. L’objectif est de donner plus de place aux femmes qui ont marqué l’histoire montréalaise dans l’appellation des lieux publics.

«Dès mon entrée en poste, j’ai constaté que les désignations étaient en majorité en l’honneur d’hommes. Je me suis penchée là-dessus dès le début et j’ai demandé une analyse à l’échelle montréalaise», explique Mme Gauthier, qui agit dans ses doubles titres de membre du Comité exécutif de Montréal et comme conseillère de son quartier.

Le résultat de l’analyse a démontré que seulement 6% des quelque 6000 toponymes de la métropole sont désignés en l’honneur de femmes. À l’opposé, 51% sont nommées en l’honneur d’hommes.

À L’Île-des-Sœurs, seulement trois rues sur environ une cinquantaine, soit le boulevard Marguerite-Bourgeoys, le Chemin Marie le Ber et la Rue Gabrielle Roy portent des noms de femmes.

«Si on veut aider à faire rayonner les femmes, il faut faire un retour dans notre histoire. On ne peut faire cet exercice en faisant de l’ombre aux grandes dames de notre patrimoine», poursuit-elle.
Cette initiative de la métropole, qui tombe dans le cadre du 375e anniversaire de la ville, est applaudie par le Conseil du statut de la femme (CSF).

«Nous soulignons cette initiative, car elle permet de rendre visibles des femmes qui ont été rendues invisibles. Nous aimerions que l’initiative soit contagieuse et voir d’autres faire de même», soutient Liliane Côté, conseillère spéciale pour le CSF.

Verdun, «chef de file»
Selon Mme Gauthier, il n’est pas question de renommer des rues ou autres lieux publics rendant déjà hommage à des personnages marquants de l’histoire. Si les nouvelles opportunités n’abondent pas, il y a tout de même moyen d’être créatif.

«Plusieurs parcs sont encore numérotés. D’autres lieux ont également des noms génériques. Il faut être créatifs et se redonner une ville à l’image de sa population, qui compte 52% de femmes», affirme-t-elle.

Elle désire également que Verdun devienne chef de file dans le paysage montréalais. «J’aimerais que cela devienne un projet collectif. Que les Verdunois regardent près de chez eux et trouvent de ces lieux génériques qui pourraient être renommés en l’honneur de grandes Verdunoises.»

De son côté, Liliane Côté croit que cela pourrait dépasser le cadre montréalais. «C’est l’occasion de souligner de grandes femmes qui ont contribué à l’histoire du monde. La toponymie ne met pas seulement à l’honneur des hommes d’ici. Pourquoi est-ce que cela serait ainsi pour les femmes?»

Par exemple, à Montréal, on trouve une Avenue du Président-Kennedy dans Ville-Marie ou encore une Rue Churchill à Verdun.

Féminisme
Cette initiative tombe à point. Non seulement la journée de la femme a-t-elle lieu le 8 mars, mais également en raison du débat sur le féminisme qui a refait surface dans les médias les dernières semaines.
Entre autres, la ministre provinciale de la condition de la femme, Lise Thériault, s’est récemment déclarée non-féministe. Mme Gauthier croit qu’il s’agit d’une preuve qu’il reste beaucoup de chemin à faire.

«Nous avons peur des mots. La définition du féminisme a beaucoup évolué au fil des années. Se dire féministe, s’est être en faveur de l’égalité homme femme. Ce genre de débat montre que c’est l’affaire de tous. Encore trop de mouvements féministes sont exclusifs aux femmes, il faut inclure les hommes dans la discussion afin d’avancer», croit-elle.

Pour Mme Gauthier, le 8 mars n’est qu’une journée dans l’année. Son désir est que son travail ait un impact 365 jours par années.

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