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Le Plateau veut protéger les enseignes historiques

Le Plateau-Mont-Royal va de l’avant avec un projet qui vise à protéger 17 enseignes commerciales d’intérêt historique. C’est une première à Montréal.
Le salon de barbier chez Ménick Photo: Josie Desmarais/Métro

Soucieux de conserver des éléments emblématiques de son décor urbain, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal va de l’avant avec un projet de modification réglementaire qui vise à protéger 17 enseignes commerciales d’intérêt historique. C’est une première à Montréal.

L’objectif est de préserver «ces petits morceaux d’histoire racontés», explique la conseillère d’arrondissement et responsable du dossier de l’urbanisme sur Le Plateau-Mont-Royal, Marie Plourde.

Les changements apportés devraient permettre de définir des normes entourant les travaux de retrait, de déplacement, de modification et d’installation d’une enseigne d’intérêt, de même que la transformation d’une composante architecturale sur une façade.

Parmi les 17 enseignes d’intérêt recensées, on compte celles de Saint-Viateur Bagel, de H. Lalonde & Frère, du Cinéma L’Amour, du bar Les Verres stérilisés, de la charcuterie Schwartz’s et du barbier Chez Ménick.

L’objectif est de préserver les enseignes là où elles se trouvent, et ce, même si le commerce change vocation.

Dans l’éventualité où une enseigne devrait être retirée, l’arrondissement évoque la possibilité de l’exposer dans un musée ou autre lieu qui y serait dédié.

«Il y a plein d’enseignes qui font partie de nos déambulations urbaines et marquent notre image du territoire.» – Marie Plourde

C’est le retrait de la célèbre enseigne du magasin Archambault sur la rue Sainte-Catherine – réinstallée depuis sur le bâtiment où elle s’est trouvée presque 90 ans – qui a sonné l’alarme. L’intention est d’éviter que des enseignes de valeur prennent un jour le chemin des poubelles.

«J’ai sillonné les rues du Plateau et j’ai noté dans mon calepin toutes les enseignes qui, pour moi, représentaient quelque chose, raconte Marie Plourde. J’ai lancé l’idée du côté de l’urbanisme et ils ont confirmé l’intérêt patrimonial, architectural, artistique, social et paysager.»

«Un honneur»

Pour le célèbre barbier des sportifs Ménick, établi sur la rue Masson depuis six décennies, apprendre que l’enseigne de son salon figure sur cette liste est «un honneur».

«Tout ce qu’on voit à l’intérieur du commerce, ce sera éventuellement aux archives de la Ville de Montréal. Alors l’enseigne, ça met comme la cerise sur le sundae», lance l’homme.

Une signature extérieure typique dont il ne s’attribue pas tout le mérite. «Un client est arrivé avec un modèle et je suis tombé en amour. J’ai trouvé que l’enseigne avait un cachet et je l’ai achetée», raconte-t-il.

À la même adresse depuis 61 ans, le barbier se dit conscient que son établissement est un repère. Il ne tient toutefois rien pour acquis. «C’est jamais fini tant que c’est pas fini», souligne Ménick, heureux de retrouver sa clientèle suite à la pause obligée.

Artéfacts

Les enseignes ont été retenues au terme d’une recherche réalisée en collaboration avec plusieurs intervenants, dont Héritage Montréal, la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal et l’Association québécoise de l’Industrie de l’Enseigne (AQIE).

«Ça fait partie de notre culture, de notre patrimoine collectif, ça fait partie de nous. Ce sont des artéfacts aussi précieux qu’un tableau, une statue ou un monument pour nous rappeler le passé.» – Pierre Carreau, directeur du Comité Musée de l’enseigne de l’Association québécoise de l’Industrie de l’Enseigne (AQIE).

Le directeur du Comité Musée de l’enseigne de l’AQIE, Pierre Carreau, observe que «le démantèlement de l’enseigne Archambault a sonné l’alerte» et que les gens sont plus conscientisés depuis.

Au même titre qu’une rue, une voiture ou une vieille maison, certaines enseignes ont des valeurs patrimoniales.

M. Carreau évoque également la bijouterie J. Omer Roy & Fils, sur l’avenue Mont-Royal Est, dont il qualifie l’enseigne d’«œuvre d’art». «Il y en a peu qui sont fabriquées comme ça aujourd’hui. C’est trop onéreux, mentionne-t-il. On voit de moins en moins de commerces en affaires depuis 50 ans, alors les propriétaires investissent moins.»

Les tendances et la réglementation de l’urbanisme ayant aussi contribué au changement des pratiques, les enseignes clinquantes du temps des cabarets appartiennent au passé.

«C’est un côté disparu, parce qu’on disait que ce n’était pas beau. Mais c’est une mode. Aujourd’hui on serait heureux de revoir ces enseignes de cabarets.»

La consultation publique se tient par écrit, du 8 au 22 juillet.

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