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Hausse des loyers: le déracinement des populations vulnérables du Plateau dénoncé

Le Manoir Lafontaine, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Photo: Dominic Gildener

À l’approche du 1er juillet, le déracinement des populations vulnérables du Plateau-Mont-Royal inquiète. Habités d’un «sentiment d’impuissance», quatre organismes communautaires ont récemment tiré la sonnette d’alarme.

Au printemps 2020, la Corporation de développement communautaire (CDC) Plateau-Mont-Royal, le Comité logement Plateau-Mont-Royal, la Maison d’Aurore et l’Atelier habitation Montréal ont créé un comité de travail pour faire face à la crise sanitaire et à la crise du logement. Plus d’un an plus tard, la situation est toujours aussi préoccupante. Les hausses de loyer et reprises de logement se sont même amplifiées.

«Confrontés à un sentiment d’impuissance, les organismes communautaires souhaitent lancer un cri du cœur concernant la situation. Ils n’ont plus de solution pour aider la population à se reloger sur le Plateau.»

Le chargé des communications de la CDC Plateau-Mont-Royal, Guillaume Grenon

Lorsqu’ils perdent leur logement, ces citoyens doivent quitter leur secteur pour se retrouver dans des quartiers excentrés n’offrant pas la même proximité de services. De plus, ils se séparent des riverains avec qui ils ont créé des liens après avoir parfois vécu au même endroit pendant des années.

60 à 80% de leurs revenus

En janvier, le gouvernement fédéral a annoncé le lancement de l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL), un projet devant assurer la construction ou la conversion de douze projets de logements abordables distincts pour un total de 263 unités.

Toutefois, cette initiative concerne davantage les personnes défavorisées ou en situation d’itinérance. Les populations vulnérables du quartier pour qui les quatre organismes se sont prononcés lors de la conférence de presse sont composées de personnes retraitées, de gens travaillant au salaire minimum et des bénéficiaires de l’aide sociale.

Ces derniers doivent souvent débourser 60 à 80% de leurs revenus pour payer leur loyer, affirme l’intervenante au soutien individuel de la Maison d’Aurore, Meggan Perray. Un logement dans une habitation à loyer modéré (HLM) prendrait seulement 25% de leurs finances.

Il n’y a plus de logements abordables sur Le Plateau. Il est aussi très difficile d’en trouver ailleurs dans la ville, avance-t-elle.

«Les quartiers historiquement abordables sur l’île subissent eux aussi une flambée des prix qui diminuent grandement le nombre de logements abordables.»

L’intervenante au soutien individuel de la Maison d’Aurore, Meggan Perray

«Les hausses de loyers abusives ainsi que le taux d’expulsion à la hausse sont aussi des phénomènes criants facilitant le déracinement des locataires qui vivent depuis plusieurs années sur Le Plateau», partage l’organisateur communautaire du Comité logement Plateau-Mont-Royal, Michaël Bizzarro.

Selon un rapport de la Société canadienne d’hypothèques SCHL, le quartier aurait vu une augmentation de 4,6% du loyer moyen au cours de la dernière année. Cette hausse serait la plus importante enregistrée depuis le début de la crise des années 2000. Les «rénovictions» se font aussi de plus en plus nombreuses.

Les organismes communautaires formant la cellule de crise offrent des ressources aux gens dans le besoin. Cependant, ils disent avoir atteint leur limite en raison du manque de ressources et de l’explosion des demandes. Les travailleurs communautaires réclament donc l’appui du gouvernement.


La conférence de presse des quatre organismes communautaires. (Dominic Gildener/Métro Média)

Solutions proposées

Pour contrer le problème, l’intervention du gouvernement provincial sera nécessaire, estime M. Bizzarro. Dans un premier temps, il faudrait que la Coalition Avenir Québec (CAQ) reconnaisse qu’une crise du logement existe bel et bien dans la métropole et ailleurs dans la province, selon lui.

«Lorsqu’on attend des élus comme la ministre de l’Habitation, Mme Andrée Laforest, nier qu’il y a actuellement une crise du logement au Québec, c’est une méchante gifle pour toutes les personnes qui travaillent sur le terrain pour tenter d’aider la population sans avoir de réelles solutions à leur offrir et qui tentent de sonner l’alarme depuis plusieurs années.»

Le chargé des communications de la CDC Plateau-Mont-Royal, Guillaume Grenon

D’autre part, la mise en place d’un registre public des loyers serait très importante afin d’éviter que la situation s’empire dans le futur.

«Le gouvernement caquiste doit injecter immédiatement la somme nécessaire afin de livrer les 11 000 unités prévues dans les programmations antérieures d’AccèsLogis, en plus d’annoncer un grand chantier de 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans dans la perspective d’une plus grande socialisation du parc de logements dans le quartier», suggère M. Bizzarro.

L’organisateur communautaire reconnait tout de même que certaines des actions proposées pourraient mettre du temps.

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