Le CPE Villeneuve à bout
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Au centre de la petite enfance (CPE) Villeneuve, membre de Autour des familles Grand Plateau, les éducatrices à l’enfance et la direction n’en peuvent plus. « Ça fait 28 ans que je suis dans le Plateau. Depuis des années, nous avons des problèmes avec les propriétaires de chiens irrespectueux », souligne l’éducatrice à l’enfance, Zuhal Yejin.
Les grands perdants dans cette situation, ce sont les bambins fréquentant l’endroit, plaide-t-elle.
« On se fait viser par les propriétaires canins. Certains sortent à la même heure que nous, de façon délibérée et nous intimident quand on leur demande d’attacher leur chien. Dans ces cas-là, on ne peut pas laisser les jeunes courir sur le gazon, parce que ça comporte des risques. Ce sont les bêtes qui sont libres et les tout-petits qui sont attachés », illustre Mme Yejin.
La directrice du CPE Villeneuve, Marie Trudeau, déplore le manque de surveillance du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
« Les propriétaires de chiens sont très revendicateurs et on ne voit pas beaucoup de policiers. La zone prévue pour les animaux sans attache n’est pas respectée et de toute façon, sans clôture, ils peuvent bondir à tout moment. Le problème, c’est que les gens qui ont un toutou disent qu’il est gentil. Il y a quelques années, un enfant a été renversé par un chien, parce qu’il voulait lui arracher sa casquette. L’animal devient surexcité en présence de tout-petits », souligne Mme Trudeau.
Mme Yejin cite aussi en exemple le terrain de baseball, où les bêtes tentent de s’introduire, quand les bambins y sont.
« Moi, je n’ai pas peur d’eux, alors je me mets dans l’entrée pour les bloquer, mais c’est pas mon travail de faire ça », s’exaspère l’éducatrice à l’enfance.
Propreté qui laisse à désirer
En plus du stress que représente le meilleur ami de l’homme en liberté, le CPE doit conjuguer avec des amoncellements d’excréments. « Essayer d’empêcher un enfant de deux-trois ans de mettre ses mains partout! C’est clair que vous allez en être incapable. Les gens ne sont pas respectueux des lieux », continue Mme Yejin.
David Pelletier, dont la petite fille fréquente ce centre de la petite enfance, souligne que les parents du secteur vivent la même situation.
« Quand on va au parc Jeanne-Mance ou sur le mont Royal, on est obligé de tenir nos enfants toujours par la main, parce que les bêtes peuvent s’élancer vers eux à tout moment. Lorsqu’on demande poliment à ce que l’animal soit attaché, on se fait envoyer promener. Ce qui est inquiétant, c’est que le chien ressemble forcément au maître », mentionne M.Pelletier.
Le père de famille déplore également le peu de constats émis dans son secteur.
L’inspecteur du poste de quartier (PDQ) 38, Alain Gagnon, souligne que ses agents veulent sensibiliser.
« On veut faire comprendre aux gens l’importance de tenir leur animal attaché. Est-ce qu’il y aurait place à un blitz de contraventions pour avoir un effet dissuasif? Ce n’est pas impossible, mais ce n’est pas l’approche qu’on privilégie pour l’instant », souligne l’agent Gagnon.
Le maire Luc Ferrandez a pour sa part réagi à la pétition de la table de concertation Autour des familles Grand Plateau.
« On est au désespoir des chiens sans laisse qui font leurs besoins partout dans le parc Jeanne-Mance. On sait que les CPE fréquentent beaucoup les espaces verts. On envisage l’option d’aménager une zone ultra propre qui vous serait réservée. Nous allons nous asseoir et approfondir la question, c’est certain », conclut M.Ferrandez.
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