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Du mobilier urbain qui ne plaît pas à tout le monde

Photo: Collaboration spéciale

Les nouveaux bancs de la rue Saint-Viateur Est suscitent l’enthousiasme de certains citoyens, mais le questionnement d’experts en design urbain. Le mobilier urbain a coûté deux fois et demie plus cher que la normale.

Une dépense maximale de 66 000$ pour 13 bancs a été autorisée par le conseil d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal en décembre dernier, soit d’abord 5 000$ par banc. Cet aménagement urbain coûte habituellement entre 1000 à 1700$ en moyenne à Montréal.

Les bancs de bois de Saint-Viateur Est ont finalement été conçus au coût de 3 500$ chacun. Ils ont été réalisés dans Lanaudière, avec du bois de pin par l’artisan-sculpteur, Jean-François Éthier de Brun Bois, connu notamment pour ses chroniques dans Méchant changement à Vrak TV.

Le maire Luc Ferrandez avait défendu cette dépense en indiquant que les bancs relèvent plutôt de l’œuvre d’art que du mobilier urbain.

«Un quartier comme le Mile End, reconnu internationalement pour sa qualité de vie et la plus forte densité artistique en Amérique du Nord, méritait un mobilier à la hauteur de sa créativité», a déclaré Luc Ferrandez.

Toutefois, plusieurs experts du domaine du design et de l’architecture jugent sévèrement l’œuvre.

«On n’est ni dans l’œuvre d’art ni dans le design urbain. C’est un peu n’importe quoi. Je doute que les élus aient été adéquatement conseillés. J’ai du mal à voir la valeur artistique de l’œuvre dans ce contexte», indique Anne Cormier, professeure agrégée de l’école d’architecture de l’Université de Montréal et architecte de l’Atelier Big City.

Pour sa part, Tatjana Leblanc, chercheuse associée à la Chaire en paysage et environnement et professeure agrégée en aménagement de l’Université de Montréal se demande si les bancs conviennent à leur environnement.

«C’est plutôt le genre de chose qu’on voit plutôt dans les parcs nature, plutôt que comme mobilier urbain. Ce n’est pas adapté à son milieu, au contexte dans lequel on s’inscrit. Le prix s’explique toutefois par le travail d’artisanat effectué, mais on aurait pu faire d’autres choix», soutient Mme Leblanc.

L’enseignant en design de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Sylvain Allard, croit aussi que des experts en art et en design urbain auraient dû être consultés.

«Je m’attendais à ça»

L’artisan du projet, Jean-François Éthier, dit ne pas être surpris par ces réactions.

«Certains vont aimer, d’autres vont détester, surtout le milieu du design industriel. La demande provenait de l’arrondissement. Je trouve ça intéressant le clash, le côté très brut, qui font un pont entre la forêt et le centre-ville», indique M. Éthier.

Ce dernier souligne que les normes d’un point de vue fonctionnel ont été respectées, mais que le projet demeure «organique».

«J’ai mis une torsade pour rappeler le bois de grève. Le fait que le bois soit foncé, ça rappelle les feux de forêt et l’impact sur les ressources naturelles. Ça dépend des préférences. Certains vont aimer le côté brut, qui rappelle la nature, d’autres préfèrent les produits plus industriels.»

Les élus ont pour leur part salué ce qu’ils considèrent comme une œuvre d’art utilitaire.

«Notre ville, on la veut belle, et on peut y contribuer par de petits et de plus grands gestes. En ajoutant un mobilier distinctif, on appuie non seulement la créativité de nos artistes, mais on renforce l’importance du design à travers la ville», a souligné Marie Plourde, conseillère d’arrondissement du district du Mile End dans un communiqué émis par Le Plateau-Mont-Royal sur les nouveaux bancs.

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