L’aménagement d’un parc fait polémique dans MHM
Plusieurs citoyens ont exprimé leur colère lors de l’assemblée du conseil d’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) du 5 décembre, dénonçant un manque de consultation sur le projet d’aménagement du parc Pierre-Bédard.
L’administration de MHM a adopté le soir même sa motion en appui à la réalisation du jardin de pluie au parc Pierre-Bédard, suscitant de vives réactions de la part de l’opposition, mais aussi de la part des citoyens présents sur place.
Le projet d’aménagement
L’Arrondissement prévoit d’aménager la portion nord du parc, ainsi que les rues à proximité, pour en faire un «parc résilient modèle». Le but? Éviter les risques d’inondation dans le secteur, lors de pluies de forte intensité.
Les eaux à la surface des rues à proximité du parc devraient être dirigées vers des infrastructures vertes (noues) et auront une fonction de rétention et de drainage des eaux.
«La Ville et les arrondissements ont l’obligation morale de protéger les Montréalais des intempéries qui deviennent de plus en plus fortes. Les infrastructures d’égouts ne seront plus suffisantes», a souligné le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais, lors du conseil.
La colère citoyenne
Une pétition récoltant près de 280 signatures met cependant en lumière la réticence de certains citoyens concernant l’aménagement. Entre autres, la suppression de plusieurs places de stationnement à proximité de plusieurs habitations préoccupe les habitants du secteur.
L’auteur de la pétition, Eddy Moura, a confronté le maire sur la question lors du conseil. «Qu’est-ce qui vous octroie l’expertise de juger de ce qui est acceptable ou non pour une personne avec des besoins d’accessibilité, qui seront brisés par le manque de stationnement? Allez-vous procéder à de vraies consultations avec les citoyens touchés par ce projet?»
Sur ce point, Pierre Lessard-Blais a affirmé qu’il y a déjà eu trois consultations qui ont permis de discuter avec les citoyens, avant d’interrompre la séance car plusieurs citoyens exprimaient leur mécontentement à voix haute. «On va laisser tout le monde se calmer», a-t-il lancé.
Contacté par Métro, le cabinet du maire confirme que des places de stationnement seront retirées, et qu’il a «tranché en faveur du projet de parc résilient» et de ses convictions écologiques.
Du côté de l’opposition, la conseillère de ville du district Louis-Riel Alba Zuniga Ramos, membre de l’opposition d’Ensemble Montréal, s’est fermement positionnée sur le sujet.
«Je suis ouverte à ce qu’il y ait une vraie consultation avec des experts. Nous sommes dans un secteur où 42% de la population est âgée et à mobilité réduite. Est-ce qu’au nom de la lutte de protection de l’environnement, on va aller à l’encontre de l’accessibilité universelle?», demande-t-elle. Selon elle, les séances de consultation organisées étaient en réalité des séances d’information et s’assimileraient à du greenwashing.
De son côté, le cabinet du maire tient à rappeler que le bilan des trois consultations effectuées en juin, juillet et octobre a permis d’établir la nécessité du projet dans le secteur par son aspect écologique et innovant.
Un projet dans la lignée du Plan Climat
«Le parc Pierre-Bédard est un projet phare de notre Plan Climat», affirme à Métro le cabinet du maire de l’arrondissement. Il viendrait ainsi en réponse à l’urgence climatique qui touche la population.
«Est-ce que l’on préfère qu’une eau complètement polluée reste dans nos sous-sols chaque année ou que 98% de l’eau soit diluée une fois aux 10 ans dans un parc? Moi, je sais ce que je préfère», a déclaré le maire d’arrondissement durant le conseil.
Julien Hénault-Ratelle, conseiller de ville du district de Tétreaultville et membre de l’opposition, dénonce le manque de réponses aux questions soulevées par les citoyens. «Il reste tant de zones d’ombre», soutient-il.
À la suite de l’adoption de la motion sur l’aménagement du parc, plusieurs citoyens présents au conseil ont exprimé leur colère. «C’est inacceptable! Vos citoyens vous disent non! C’est irrespectueux!», ont scandé plusieurs citoyens, avant de quitter la salle.