Près de deux ans d’attente pour avoir un médecin de famille dans HOMA
Certains résidents de Hochelaga-Maisonneuve attendent depuis plus de 500 jours pour être pris en charge par un médecin de famille. Ce territoire est parmi les zones critiques à Montréal.
«Je suis inscrit depuis avril 2016 et je n’ai toujours pas de réponse. Ça n’a pas de bon sens, mais que peut-on faire? On perd tous nos médecins», déplore Nicolas Francoeur. Ce résident de Hochelaga-Maisonneuve a validé son inscription au Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) il y a 690 jours et continue d’attendre. À 24 ans et sans problème de santé connu, il appartient à la catégorie E qui est la moins prioritaire.
«J’ai eu un problème de santé il y a quelques mois et j’ai essayé d’aller dans un service sans rendez-vous dans Hochelaga, mais c’est impossible. J’ai été obligé d’aller dans une clinique privée et j’ai déboursé 500 $ pour un petit bobo. C’est une chance que j’ai de l’argent, mais ce n’est pas tout le monde qui peut débourser cela», poursuit cet Hochelagais.
Le système de priorisation des cas en fonction de l’état de santé justifie en partie ces longues attentes, mais selon le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, le délai moyen pour obtenir un médecin de famille au sein de ses territoires serait compris entre 240 jours pour les catégories A, B et C et 265 jours pour les catégories D et E.
«35 % des Montréalais n’ont pas de médecin de famille et ça monte à 45 % dans Hochelaga-Maisonneuve. Il y a quelque chose d’irréaliste.»
Carole Poirier, députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Carole Poirier, la députée de Hochelaga-Maisonneuve, assure pourtant que le dossier de Nicolas Francoeur n’est pas un cas isolé dans sa circonscription. Mobilisée pour réclamer des médecins dans le quartier, cette dernière incite les citoyens à lui envoyer leurs dossiers afin de faire pression sur le ministre Gaétan Barrette. Elle a notamment partagé sur sa page Facebook le cas d’un autre résident qui vient de dépasser les 500 jours d’attente au GAMF.
«Les listes sont interminables, c’est inacceptable. On attend longtemps parce qu’on n’a pas de médecin. Il y a des résidents qui ne sont pas inscrits, mais qu’ils nous donnent des médecins et les gens de Hochelaga-Maisonneuve vont aller s’inscrire», lance la députée du Parti québécois.
Selon les données transmises par le ministère de la Santé et des Services sociaux et par le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Hochelaga-Maisonneuve est le quartier où l’on dénombre le plus haut taux d’inscrits au sein du CSSS Lucille-Teasdale qui regroupe aussi Rosemont et Mercier-Ouest. Ce territoire affiche pourtant un pourcentage de personnes inscrites au GAMF plus élevé que la moyenne du CIUSSS qui est déjà l’un des territoires les plus touchés par ces longs délais d’attente au Québec.
Pistes d’amélioration
Sans avoir de données précises pour Hochelaga-Maisonneuve, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) confirme que le pourcentage de la population sans médecin de famille est plus élevé à Montréal (35 %) que dans le reste du Québec (20 %) et reconnaît que la situation est particulièrement critique dans l’est de l’île.
«Ces territoires sont difficiles, car ils manquent de structures comme des GMF [groupes de médecine familiale] ou des cliniques. Les médecins ne vont pas s’installer là tout seuls, ça prend un noyau dur pour les attirer, mais nous sommes confiants que la situation va s’arranger dans les prochaines années», indique Jean-Pierre Dion, directeur des communications de la FMOQ.
De son côté, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal assure que les personnes avec des besoins urgents sont immédiatement dirigées vers un médecin et que des solutions sont proposées aux autres.
«Les personnes souffrant de maladies chroniques peuvent être prises en charge par le Centre d’expertise en maladies chroniques, même s’ils n’ont pas de médecin de famille. Pour ceux en attente, nous ne restons pas les bras croisés, nous donnons accès à du sans rendez-vous en GMF via une ligne téléphonique», promet Florence Meney, la responsable des relations médias.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux espère lui que la situation va s’arranger avec l’ajout de neuf médecins supplémentaires dans le CSSS Lucille-Teasdale en 2018. Cette promesse reste insuffisante pour Carole Poirier qui demande une garantie que la majorité de ces professionnels viendront exercer dans Hochelaga-Maisonneuve afin de combler la pénurie à laquelle est confronté le quartier.