Une petite victoire pour les défenseurs du Boisé Steinberg
La Ville de Montréal et le Ministère des Transports (MTQ) vont revoir leur projet de construction d’une boucle autoroutière reliant l’avenue Souligny et le boulevard de l’Assomption afin de limiter l’empiètement sur le Boisé Steinberg.
Cette boucle vise à drainer les camions allant et venant au port de Montréal sur le réseau autoroutier afin de désengorger la circulation dans le secteur. La révision de sa construction a été annoncée mardi par le conseiller de la Ville Éric Alan Caldwell, soit quelques jours après la tenue d’une manifestation qui avait attiré une centaine de citoyens au boisé. Ces derniers s’étaient réunis pour planter des arbres et manifester leur désir de préserver cet espace de verdure.
«On a gagné cette manche, mais pas la bataille. Il reste à savoir ce qui va advenir de toutes les autres parties du boisé. On attend notamment de connaitre le nouveau tracé de l’avenue de Souligny», dit le député de Québec solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, publiquement engagé dans la défense du Boisé Steinberg.
«Il est un peu tôt pour parler de victoire, mais au moins ça fait avancer le débat, dit Cassandre Charbonneau-Jobin, membre du mouvement citoyen Mobilisation 6600. Le secteur s’inscrit dans un projet beaucoup plus large et on continue de questionner ce qui menace le Boisé Steinberg.»
Le boisé est situé dans le secteur Assomption Sud – Longue-Pointe. Ce secteur est ciblé par une démarche de requalification.
Hydro-Québec a notamment émis l’idée de construire un poste de transformation au nord du boisé. Une extension de la zone industrielle du port de Montréal est également redoutée.
«La Ville et ses partenaires, qui sont le Ministère des Transports et le Port de Montréal, travaillent fort pour aller dans le sens des recommandations de l’OCPM, assure M. Caldwell. On veut bâtir un projet qui soit durable.»
Il y a une forte mobilisation citoyenne autour de ce territoire, pas seulement pour préserver le boisé, mais parce que cette lutte incarne une conscience environnementale grandissante au Québec.» – Cassandre Charbonneau-Jobin, membre du mouvement citoyen Mobilisation 6600
Des revendication plus vastes
Le manque d’informations concernant les intentions autour de ce site alimente les inquiétudes citoyennes.
Comme préconisé par le rapport de l’OCPM, la Ville et l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ont annoncé jeudi la création d’une instance de concertation avec tous les acteurs du plus vaste projet de développement du secteur de l’Assomption Sud–Longue-Pointe, qui comporte notamment le projet de l’Écoparc industriel de la Grande Prairie.
«Cette instance rassemblera tout le monde à la même table pour impliquer les citoyens au cœur du processus», explique M. Caldwell.
«Au-delà de la défense du boisé, notre mouvement porte sur la redéfinition des objectifs pour s’adapter au changement climatique, dit Patricia Clermont, également membre du mouvement citoyen Mobilisation 6600. Les acteurs nous disent qu’il faut penser à l’économie, mais on pense qu’en 2020, il est plus que réaliste d’envisager l’économie dans une perspective durable.
Pour s’assurer que le boisé Steinberg ne soit pas cédé à des projets de construction, pour préserver cet îlot de verdure rare de l’est de Montréal et alimenter une réflexion plus large sur la transition écologique et la participation citoyenne, Mobilisation 6600 continue d’organiser des rassemblements. Ceux-ci sont affichés sur sa page Facebook.
«On n’est pas contre tout, affirme Mme Charbonneau-Jobin. On veut juste que l’industrie concerte les citoyens pour avancer de manière équilibrée, pour se développer tout en préservant aussi la qualité de vie et la santé des résidents de l’arrondissement.»