Projet controversé de Ray-Mont Logistiques: les travaux s’accélèrent
Le sol gronde du bruit des pelleteuses à Hochelaga-Maisonneuve. Ray-Mont Logistiques continue d’avancer dans ses travaux pour construire sa controversée plateforme de transbordement sur son terrain. La butte qui sépare les conteneurs stockés par l’entreprise de ses voisins a vu ses arbres être coupés et une nouvelle voie ferrée s’en approche.
Le 18 mai, c’est une mauvaise surprise qui attendait les militants de Mobilisation 6600 Parc-nature MHM, le principal groupe d’opposition au projet de Ray-Mont Logistiques. Des pelleteuses avaient commencé à creuser dans la butte, provoquant la crainte du groupe de voir celle-ci disparaitre. Depuis, le trou a été rebouché et les bases de la butte ont en réalité été consolidées pour qu’une voie ferrée soit posée à ses pieds.
Un projet controversé
Un tracé a ainsi été nivelé juste à côté de la butte, afin d’accueillir les rails nécessaires à la plateforme de transbordement voulue par Ray-Mont Logistiques. Quelques semaines avant, la butte était défrichée par l’entreprise. Les craintes des citoyens sont balayées par Ray-Mont Logistiques dont les communications assurent que la butte sera laissée intacte par les travaux à venir. La butte aurait pourtant toujours été en danger d’être rasée par les travaux ,croit Anaïs Houde, co-porte-parole du groupe citoyen.
L’entreprise a acquis cet important terrain situé entre les rues Viau et Dickson en 2016. Il l’a décontaminé, créant une butte avec le surplus de matières. Celle-ci agit comme un paravent entre le terrain d’entreposage de Ray-Mont Logistiques, qui deviendra une plateforme de transbordement, et les habitations. Entre les habitations et la butte, se trouve également le terrain d’une friche ferroviaire qui appartient au Canadien National.
Sur son vaste terrain, Ray-Mont construit une plateforme de transbordement pour céréales. Une telle plateforme permet de transborder le contenu des conteneurs maritimes dans des conteneurs adaptés au fret ou pour les camions. Le projet rencontre une vive opposition citoyenne et municipale. La Ville ayant refusé de délivrer le permis adéquat à l’entreprise, la justice l’a forcée à lui accorder les autorisations pertinentes pour une plateforme de transbordement.
La phase 1 bien sur les rails
En 2023, la construction de cette plateforme avance bien, deux ans après la dernière décision de justice et quelques mois après la délivrance des autorisations délivrées par le gouvernement provincial. Sur le terrain de Ray-Mont, cet espace mi-friche mi-verdure, les travaux s’accélèrent.
Gros point d’accrochage avec les citoyens, même si RML a les autorisations requises: l’entreprise n’a pas produit ni de schéma, ni de maquette, ni de visuel de sa plateforme de transbordement. Un projet plus complet devrait être présenté sous peu. En l’absence d’un visuel, les militants de Mobilisation 6600 continuent à avoir peur que cette butte qui protège leur quartier disparaisse.
Sans même parler de la butte, le terrain vague sur lequel le collectif Mobilisation 6600 aimerait voir émerger un parc-nature va être profondément transformé. Pour cause, dans le jugement de 2021 qui donne raison à Ray-Mont contre la Ville, l’entreprise explique que les voies ferrées utilisées seront « surplombées d’élévateurs et de convoyeurs à grain ».
La construction de convoyeurs et d’élévateurs à côté de la voie ferrée, elle-même voisine de la butte, changera le paysage visible depuis le sommet de cette petite colline depuis laquelle on voit aussi le Stade olympique et les gratte-ciels du centre-ville. De plus, dans sa phase finale, le projet prévoit le chargement et le déchargement de 100 wagons par jour et la transition de 10 000 conteneurs.
L’augmentation des différentes pollutions et du camionnage ou encore l’amplification du phénomène d’îlot de chaleur sont autant de préoccupations portées par les citoyens. Le collectif souhaiterait créer un parc-nature sur ce terrain ainsi que sur la friche ferroviaire et deux boisés avoisinants.
Une opposition de la Ville
Hasard du calendrier, Ray-Mont a recommencé à accélérer ses travaux le jour même où une 3e poursuite de l’entreprise contre la Ville a été rendue publique. En effet, l’Arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a adopté un nouveau règlement qui pourrait complexifier la tenue des opérations de RML. La multinationale conteste donc la validité du règlement.
Ce règlement prévoit, entre autres, d’imposer une zone tampon de 100 mètres entre les habitations et une activité industrielle comme celle de Ray-Mont Logistiques. Actuellement, environ 90 mètres séparent les résidences les plus proches du terrain de Ray-Mont Logistiques. Le 10 mètres supplémentaire engloberaient donc la fameuse butte.