Nouveau chef du PDQ 39, Patrick Lavallée a le «coup de foudre» pour Montréal-Nord
Le Poste de quartier 39 a un nouveau dirigeant. Il s’agit de l’ex-commandant du Poste de quartier de LaSalle Patrick Lavallée. Il possède 21 ans d’expérience au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), en plus de détenir une formation d’avocat. Le Guide s’est entretenu avec lui afin de faire connaître sa vision des grands dossiers qui touchent Montréal-Nord.
Vous aviez vous-même exprimé votre désir de venir à Montréal-Nord à vos supérieurs, alors que vous étiez à LaSalle. Pourquoi vouliez-vous venir travailler ici et comment cela se déroule depuis votre arrivée?
Montréal-Nord, c’est le coup de foudre pour moi. Chaque jour, je rentre travailler et j’ai besoin de ma dose de Montréal-Nord, notamment en raison de qualité du personnel. Ce qui m’intéressait, c’est l’intensité et la complexité des défis. Il y a tellement de pauvreté et de problèmes sociaux. Je prends plaisir à trouver des solutions et des réponses aux besoins des citoyens.
ll y a une montée du crime désorganisé dans l’est de Montréal, notamment liée au trafic de stupéfiants. Des incidents violents – plusieurs médiatisés – alimentent un sentiment d’insécurité dans le quartier. Quoi faire pour rassurer la population?
Ce que je dis à nos policiers, c’est qu’ils doivent se faire voir pour que les gens sentent qu’on est présent. Si on a un événement qui se produit, comme un homicide ou des coups de feu tirés quelque part, je vais envoyer une masse critique de policiers pour inonder le secteur et faire du porte-à-porte. Ce sera appliqué systématiquement. On a aussi dégagé beaucoup de ressources pour l’escouade Quiétude (qui lutte contre la prolifération des armes à feu illégales). Il y a beaucoup de travail qui se fait, mais qui n’est pas toujours apparent.
À Montréal-Nord, les crimes de violence conjugale comptabilisés sont deux fois plus nombreux qu’à Montréal en moyenne. Quelle approche comptez-vous adopter pour contrer ce fléau?
Les chiffres sont très malheureux et ça m’interpelle. Les spécialistes nous disent que les jeunes qui assistent à de la violence conjugale ont plus de chances de reproduire ces actes. On est en train de développer des projets de prévention pour répondre à ce phénomène.
Votre prédécesseur avait fait de la collaboration avec les organismes communautaires l’une de ses priorités. Comptez-vous poursuivre sur sa lancée?
Je suis sidéré par la quantité d’organismes communautaires qu’il y a ici. On veut se rapprocher d’eux encore plus. J’ai une expérience forte du milieu communautaire et je sais que les organismes ont beaucoup d’idéaux, mais très souvent peu de moyens pour être à la hauteur des besoins. En tant qu’institution, on doit donc les appuyer, comme en étant un appui symbolique pour appuyer leurs dossiers pour l’obtention de financement, par exemple. Aussi, on veut être en mesure de travailler ensemble pour amortir des crises. Quand on est en lien avec ces gens-là, ça nous permet également de mieux comprendre des réalités.
Un rapport a récemment conclu que les personnes issues des minorités visibles ont de quatre à onze fois plus de chances d’être interpellées par les policiers du SPVM. Qu’est-ce qu’on peut faire localement, alors que cette population représente près d’un Nord-Montréalais sur deux?
Il y a des gens au SPVM qui travaillent là-dessus parce qu’on a des responsabilités et qu’on doit les assumer. Localement, ce que je dis à mes policiers, c’est que ça leur prend une raison pour faire une interpellation et qu’elle doit être inscrite sur la fiche, point à la ligne. Ça peut être parce que la personne correspond à un suspect, parce qu’il y a une situation de problème de santé mentale, ou une situation d’itinérance par exemple. Avec ça, on devrait être en mesure de redresser le cours des choses.
Comment voulez-vous que la police soit perçue sous votre garde au Poste de quartier 39?
Je souhaite développer le concept d’expérience avec la police. Je veux qu’on prenne tellement soin des gens qu’ils disent «Wow! Je ne m’attendais pas à ça». À LaSalle, je recevais régulièrement des lettres de remerciement de citoyens pour notre travail. Pour ça, il faut maximiser les contacts avec la population. Quand quelqu’un est en contact avec la police, ça l’humanise. On a moins tendance à critiquer quelqu’un qu’on connait.
Commandant ou inspecteur, chef?Au sein du SPVM, les postes de quartier ayant une plus grande charge administrative et plus de personnel sont dirigés par un «inspecteur, chef», poste qui vient avec plus de responsabilités, mais un meilleur salaire. Ce changement de titre a été apporté à la tête du PDQ 39 en 2019. |
Un roulement importantDepuis 2013, ce sont maintenant quatre individus différents qui ont dirigé le PDQ 39. Pourquoi donc changer de chef aussi régulièrement? «C’est sûrement parce que c’est un poste occupé et qu’ils veulent donner l’expérience à plusieurs cadres, pense l’ex-enquêteur du SPVM Guy Ryan. Par contre, c’est sûr que ça enlève une stabilité parce que la personne n’a pas le temps de mettre sa couleur dans le poste.» |