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Éviter le pire dans les CHSLD de Montréal-Nord

Un premier cas de coronavirus a été signalé au CHSLD Paul-Lizotte, à Montréal-Nord. Photo: Gracieuseté - CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal

Alors que les bilans funestes liés au coronavirus se multiplient dans les CHSLD de la région de Montréal, des syndicats affirment que les établissements de Montréal-Nord ne sont pas à l’abri d’éclosions catastrophiques.

Si jusqu’à présent, les situations critiques se sont plutôt concentrées dans l’ouest de Montréal, la pénurie de personnel pourrait s’avérer désastreuse dans le nord de la métropole.

«Il y avait déjà une pénurie avant et un gros manque d’effectif avant la pandémie. On arrivait à pallier de peine et de misère, pointe le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, Alexandre Paquet. Maintenant, l’employeur y va par imposition de quarts de travail et l’absentéisme a monté, remarque-t-il.»

M. Paquet, dont le syndicat représente notamment les préposés aux bénéficiaires, remarque une détérioration des conditions de travail de ses membres, un effet contre-productif selon lui, alors qu’il faudrait plutôt motiver les employés à rentrer au travail.

«Ça ne va pas en s’améliorant du tout, déplore-t-il. Les hausses salariales n’ont pas eu l’effet escompté. Il y a toujours un découragement et il y a même une division entre les rangs parce que les primes ne sont pas appliquées de manière unilatérale. Le salaire versus le risque [pour la santé] n’est vraiment pas assez avantageux».

Le premier ministre François Legault a reconnu aujourd’hui le manque de personnel dans les CHSLD. Selon lui, 1250 employés de ces établissements sont actuellement absents de leur travail parce qu’ils ont contracté la COVID-19, ou pour d’autres raisons.  Il a ainsi annoncé que des proches aidants pourront recommencer à visiter les CHSLD pour s’occuper des résidents.

Déplacements et contamination

Pour la présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Nord-de-l’Île-de-Montréal, Kathleen Bertrand, le manque de personnel pourrait être à l’origine de la contamination subite d’un nombre élevé de CHSLD, alors que des employés sont appelés à se déplacer d’un établissement à un autre pour combler des besoins.

«On comprend qu’ils ont besoin de main d’œuvre, mais d’un autre côté, si je travaille dans un CHSLD et qu’on m’en envoie dans un autre, ça se peut qu’il se mette à avoir des cas dans mon nouvel établissement, affirme-t-elle. Ce n’est pas parce que les gens ne font pas attention, mais c’est parce qu’on ne stabilise pas le personnel.»

Au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, on compte actuellement 232 employés infectés au coronavirus.

Supervision du privé

La catastrophe découverte dans un CHSLD privé de Dorval la semaine dernière, où 31 personnes sont décédées en moins d’un mois, a soulevé des questions sur la supervision des établissements privés par les autorités de santé locale.

Du personnel du (CIUSSS) de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal a dû être déployé dans l’établissement privé, que plusieurs employés avaient déserté.

Le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal a des leçons à tirer de cette histoire, croit Kathleen Betrand.

«J’espère que ce ne sera pas comme ça dans tous les CHSLD privés, mais je crois qu’il devrait y avoir un encadrement et une reddition de compte de ceux-ci», dit-elle.

L’objectif de rentabilité, selon elle, peut avoir un effet pervers en période de crise.

«Dans le privé, on veut au moins que ce soit rentable, souligne-t-elle. Habituellement, ce qu’on fait pour rentabiliser, c’est couper et diminuer les services offerts.»

De son côté, la députée de Bourassa-Sauvé, Paule Robitaille, réclame que le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal soit plus transparent quant à la situation dans les établissements de Montréal-Nord.

«Les élus et les journalistes devraient avoir accès à une liste à jour des CHSLD, résidences pour aînés et HLM où il y a des cas de contagion, ce qui n’est pas le cas en ce moment, soulève-t-elle. C’est important pour les familles, la population.»

«Nous avons toujours travaillé en collaboration avec les ressources intermédiaires, les résidences privées pour aînées et les CHSLD privés de notre territoire, a affirmé la relationniste du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, Emilie Jacob, dans un courriel.  Advenant la nécessité qu’un CHSLD privé nécessite notre aide, les besoins seraient discutés avec le gestionnaire de l’établissement afin de leur offrir l’appui nécessaire pour traverser la crise.»

Nouvelle éclosion

La résidence Angelica, un CHSLD privé de Montréal-Nord, a détecté 29 cas de coronavirus dans son établissement, après avoir fait un dépistage chez ses résidents lors des derniers jours. La résidence avait enregistré son premier cas jeudi dernier.

Mario Moras, dont la mère de 102 a été testée positive lors de ce dépistage, est «inquiet» et «ne dort pas la nuit»

Il pense que l’attention envers les aînés est arrivée trop tard dans cette pandémie.

«On a fait une grande erreur. On a pas pensé à nos personnes âgées qui ont construit notre pays. J’espère que le gouvernement va repenser la chose.»

Selon une liste datant du 13 avril publiée ce matin par «La Presse», les autres résidences de type CHSLD de Montréal-Nord ne comptent pas plus de 1 cas de coronavirus dans leur établissement.

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