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Montréal-Nord rompt ses liens avec l’organisme «Mener autrement»

Montréal-Nord rompt ses liens avec l'organisme «Mener autrement»
Le directeur de l’organisme, Oscar Elimby, déplore l’impact de la décision de l’arrondissement sur les jeunes du quartier. Photo: Olivier Faucher/Métro

Un conflit entre l’organisme «Mener autrement» et l’arrondissement de Montréal-Nord a mené à la désinscription forcée d’une cinquantaine d’enfants d’un camp de jour gratuit, alors que l’organisme s’est vu révoquer ses accès aux locaux publics.

Au début de l’été, 71 enfants étaient inscrits au camp de jour gratuit que coordonne annuellement l’organisme Mener autrement. Ce dernier utilise à la fois des logements sur la rue P.M.-Favier et le chalet du parc Le Carignan.

Le 29 juin, Montréal-Nord a mis un terme au statut de reconnaissance de l’organisme, lui retirant ainsi ses privilèges d’utiliser des locaux de l’arrondissement. Cette décision a forcé Mener autrement à résilier l’inscription de près de 50 enfants, puisqu’il ne lui reste que ses deux logements pour héberger le camp de jour.

Par ailleurs, d’autres activités sportives, notamment tenues les fins de semaine dans le gymnase de l’école Henri-Bourassa, sont en péril en raison de la perte d’accès aux locaux.

«Incidents irrespectueux»

La décision de l’arrondissement dresse le portrait d’une relation tendue avec l’organisme. Dans le sommaire décisionnel, l’arrondissement de Montréal-Nord justifie que «de nombreux incidents irrespectueux de la part de l’organisme ont entaché les liens de collaboration avec l’arrondissement».

«Il y a des responsables de l’organisme qui ont manqué de respect et qui ont intimidé des employés de l’arrondissement, précise la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, en entrevue avec Métro. Comme mairesse, je n’accepte pas ça.»

En début d’année, un processus de médiation en lien avec l’Institut pacifique avait été entamé entre les deux parties afin de résoudre la situation. La reconduction du statut de reconnaissance de l’organisme était conditionnelle à la réussite de la médiation.

Or, l’Institut pacifique a mis fin au processus de médiation le 17 février, après avoir conclu que «les conditions nécessaires à celui-ci n’avaient pas été respectées par Mener autrement.»

«C’est la première fois que ça arrive qu’on retire une reconnaissance de l’organisme, souligne la mairesse. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on fait ça. On comprend que pour les parents, il peut y avoir des impacts, en même temps, l’organisme était tout à fait conscient que l’entente était conditionnelle à la médiation lorsqu’ils ont ouvert un camp de jour pendant l’été.»

Métro a demandé à l’arrondissement de fournir plus de détails sur les incidents allégués et sur le processus de médiation, mais celui-ci n’y a pas donné suite.

Incompréhension chez l’organisme

Le directeur de Mener autrement, Oscar Elimby, déplore l’impact de cette décision sur les jeunes du quartier. «Comment vous vous permettez de couper un organisme pour enfants dans un contexte où les jeunes peuvent enfin respirer après avoir passé des semaines enfermés? Ça n’a aucun sens!»

M. Elimby soutient qu’il aurait été pris pour cible par l’administration locale en raison d’une pétition qu’il a initiée à l’été 2019. Celle-ci avait comme objectif de rendre gratuits tous les camps de jour de Montréal-Nord, une cause que M. Elimby a à cœur, alors qu’il œuvre dans un milieu défavorisé.

«Nous avons fait une pétition qui n’a pas plu à l’arrondissement et tout ça est parti de la pétition», affirme-t-il.

Le directeur nie que son organisme ait été à l’origine des «incidents irrespectueux» allégués par l’arrondissement. Il n’exclut pas entamer des démarches judiciaires pour contester la décision de l’arrondissement.

Opposition chez une conseillère

La conseillère d’arrondissement indépendante Renée-Chantal Belinga a été la seule à voter contre cette résolution au dernier conseil d’arrondissement. «Selon mes convictions et mes valeurs, l’impact est trop important pour les jeunes et les familles dans l’arrondissement», a-t-elle expliqué.

Dans une publication Facebook, elle a par la suite précisé sa position.

«Nous devons travailler à trouver des solutions pour offrir les meilleures conditions d’épanouissement à nos jeunes à travers nos camps de jour et nous demande collectivement comme communauté de faire preuve de solidarité», a-t-elle écrit.

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