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Marie-Livia Beaugé, à la défense des communautés racisées

Marie-Livia Beaugé est l’une des cinq finalistes dans la catégorie activiste/militante de l’année du Gala Dynastie.
Marie-Livia Beaugé est l’une des cinq finalistes dans la catégorie activiste/militante de l’année du Gala Dynastie. Photo: Gracieuseté/Willy Kouagnia

Le souvenir de son arrestation à l’âge de 17 ans brûle encore à ce jour. «C’est parce que t’es black», lui aurait dit l’agente de police entrain de la menotter au mur de la bouche du métro. «Tu me fais perdre mon temps», aurait-elle ajouté dans la voiture de police. Une chose est certaine, au cours des années qui suivraient, Marie-Livia Beaugé ne perdrait pas le sien.

«Je n’ai pas envie d’avoir des enfants dans un monde où il faut qu’ils travaillent deux fois plus fort que tout le monde pour réussir», affirme d’emblée Marie-Livia Beaugé. Avocate au tableau de l’Ordre depuis 2019, l’activiste s’est depuis investie entièrement à la défense des communautés racisées à Montréal-Nord.

Inspirée par le mouvement Black Lives Matter, Mme Beaugé s’est dite dotée d’une énergie nouvelle qu’elle souhaite dévouer à la cause des inégalités sociales. En mai, elle faisait partie des organisatrices de la marche à la mémoire de George Floyd qui a contribué à propulser le mouvement à Montréal.

Clinique juridique

Au mois de septembre, la jeune femme fondait la Clinique juridique de Montréal-Nord, laquelle offre depuis des services de consultation juridiques gratuits aux citoyens. Elle donnait alors suite à une idée qui l’habitait depuis ses études à l’UQAM.

«On voulait améliorer l’accès à ce type de service. Ici, il y a une forte communauté multiculturelle ainsi que beaucoup de nouveaux arrivants. Ils sont nombreux à n’avoir aucune connaissance de leurs droits».

Des bénévoles, étudiants en droit pour la grande majorité, y offrent des consultations sur rendez-vous pour un éventail de sujets: l’immigration, la famille, les affaires, la criminalité, le profilage, etc.

Bon Cop Bad Cop

En décembre dernier, Marie-Livia Beaugé lançait son application Bon Cop Bad Cop visant à outiller les citoyens contre le profilage racial. Selon elle, cette initiative s’inscrit parfaitement dans le contexte actuel.

«Le profilage, c’est un gros problème et pas seulement à Montréal-Nord. On le voit avec l’affaire Camara et Yeboah en ce moment. Les Noirs sont constamment surveillés et interpellés par la police, on est en sécurité nulle part».

Grâce à cet outil technologique, les utilisateurs peuvent enregistrer l’audio des interventions policières. Après coup, un questionnaire est rempli permettant de vérifier la légalité d’une interpellation.

Évoluer

La militante croit à l’éducation et à la sensibilisation pour changer les mentalités. Selon elle, la responsabilisation est un aspect souvent délaissé, indispensable à cette transition.

«Il faut que les Bony Jean-Pierre et Freddy Villanueva de ce monde obtiennent justice. Pourquoi le SPVM a-t-il offert une résistance aussi illogique avant de s’excuser à Mamadi III Fara Camara?  Il faut qu’il y ait des conséquences», affirme-t-elle.

Pour Mme Beaugé, l’inconfort actuel dans lequel baigne le Service de police de la Ville de Montréal est significatif. Elle y voit le début d’une transition, la fin d’une ère.

«Ce n’est pas possible de vivre dans un monde sans racisme, mais c’est bien possible de refuser toutes ces formes. Ce doit être tolérance zéro. Pour commencer, le gouvernement doit reconnaître le racisme systémique, c’est la base.»

Alors qu’elle s’apprête à ouvrir une nouvelle clinique juridique à Côte-des-Neiges, le quartier où elle a grandi, Marie-Livia Beaugé est encouragée par le cours actuel des choses. «Mamadi III Fara Camara est toujours en vie, se réjouit-elle, et notre volonté aussi.»

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