Un problème de coordination
Voyez la vidéo des embouteillages sur l’avenue de Paris et le boulevard Gouin.
Gilles Deguire admet que la situation est loin d’être idéale pour les résidents du secteur et les automobilistes. Il refuse toutefois de prendre le blâme, affirmant que c’est plutôt l’absence de coordination entre les travaux de réfection du carrefour et ceux du pont qui enjambe la rivière des Prairies qui est à l’origine du mal.
« Quand nous avons commencé le projet, tout devait se faire en même temps. Il n’y aurait donc pas dû y avoir d’interdiction de tourner à gauche puisque le pont aurait été prêt. Nous ne pouvions pas voir cela venir », explique le maire qui fait remarquer qu’une trentaine de scénarios ont été étudiés et que celui qui a été choisi faisait l’unanimité des partenaires.
Planification du projet
M. Deguire estime que les problèmes ont commencé à la suite du changement de gouvernement provincial, en 2012.
« Le nouveau ministre ne jugeait pas bon que les travaux sur le pont soient faits en même temps que ceux du carrefour. Les gens du ministère disaient que deux chantiers en même temps amplifieraient trop les inconvénients. Je ne suis pas d’accord : tant qu’à vivre l’enfer, aussi bien la vivre qu’une seule fois. »
À l’époque le viaduc était si mal en point que l’arrondissement n’a pas eu le luxe d’attendre que les travaux du pont soient exécutés pour entreprendre ceux du carrefour giratoire.
« J’ai dit “on y va” en espérant que cela entraînerait une action du ministère et que Pie-IX deviendrait leur priorité », confie M. Deguire.
De leur côté, les résidents craignent que le projet ait été mal conçu ou pire, qu’ils aient été sacrifiés aux profits des automobilistes.
« Normalement, les ingénieurs auraient dû penser à tout ça, ce qui me laisse dire que nous avons été sacrifiés », affirme le résident Gildas Trégouët.
Depuis le début du mois d’août, les résidents de certaines rues ont retrouvé leur quiétude puisque les travailleurs ont temporairement bloqué l’une des issues de leur rue. Cela a donné l’idée à plusieurs que la solution serait de transformer leur rue en impasse ou en sens unique vers le sud.
Une solution que rejette catégoriquement M. Deguire qui estime que cela ne ferait que déplacer le problème. Le maire a donc chargé ses experts techniques de convaincre la Ville centre et le ministère de permettre immédiatement le virage à gauche.
« Nous sommes à la recherche de solution pour que les citoyens se réapproprient leur rue et qu’ils retrouvent la quiétude qu’ils avaient avant. J’ose espérer que la situation sera acceptable prochainement », explique le maire, qui espère une réponse d’ici le mois de septembre.
Inaction de la ville
En attendant, des travaux ont tout de même été effectués sur le premier sens unique à l’ouest de Pie-IX afin de permettre la circulation dans les deux directions.
Le citoyen Sébastien Boulianne, qui travaille d’ailleurs pour le ministère du Transport, croit que ce sont les citoyens de l’avenue Gariépy qui seront sacrifiés. Le maire assure toutefois que la solution de dévier la circulation par cette rue n’est pas envisagée à long terme.
« Nous sommes très conscients que le boulevard Gouin n’est pas et ne doit pas être une artère où circule autant de véhicules », explique-t-il.
Plusieurs citoyens se plaignent du délai avant que les autorités ne prennent leur plainte au sérieux. Ils affirment avoir remis deux pétitions, en septembre 2013 et juin 2014, aux autorités avant d’être entendus.
« Nous n’avons jamais eu de réponses de la part de la Ville ou de l’arrondissement. C’est un peu vexant et nous avons l’impression d’être pris pour un nombre négligeable de personnes. Ç’a pris bien du temps et bien des messages. Chaque fois, ils viennent en faire juste un petit peu et ils ne font pas de suivi », déplore M. Trégouët.
Lors de la dernière séance du conseil d’arrondissement, plus d’une dizaine de résidents de l’avenue des Récollets et du boulevard Saint-Vital se sont présentés au conseil pour faire pression sur les élus.
Le maire répond que ce n’est pas parce que les citoyens n’ont pas vu les résultats directs de leur demande que l’arrondissement ne travaillait pas sur le dossier.
« Nous travaillons sur ce dossier depuis trois ans. Nous avons mis en place des comités de circulation. Ce n’est pas parce que les gens sont venus au conseil que nous avons pris la situation en main, mais on ne peut pas tout le temps se retourner sur un 10 cents parce qu’il y a plusieurs intervenants à prendre en compte », dit-il.
À long terme, le maire Deguire assure que le problème de circulation sera réglé lorsque le pont Pie-IX sera terminé, même s’il admet que la circulation sera un peu plus importante qu’à l’époque du viaduc.
De son côté, le cabinet du ministre des Transports n’a pas été en mesure de fournir des réponses sur l’échéancier des travaux du pont Pie-IX, mais devrait réagir au cours de la semaine.