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L’histoire de la maison Cazal

 « Lorsque l’OPAM a été lancée en 1990, la protection du patrimoine bâti, en particulier celui des résidences privées, n’était pas une valeur bien ancrée dans l’esprit des citoyens, souligne Robert Perron, conseiller et analyste à la Division de l’art public et de la mise en valeur du patrimoine de la Ville de Montréal. L’objectif premier de l’OPAM était donc d’encourager les propriétaires à entretenir leur maison et à le faire dans le respect du caractère original du bâtiment ». L’Opération patrimoine architectural de Montréal (OPAM), une initiative conjointe de la Ville de Montréal et d’Héritage Montréal, en est à sa 22e édition cette année.

Ainsi sont nés les Prix émérites du patrimoine, qui viennent chaque année récompenser des propriétaires qui ont su au fil des ans entretenir et même rénover leur maison tout en protégeant son caractère patrimonial.

Le 24 septembre 2004, Daniel Demers, propriétaire de la maison Cazal, sise au 4765. boulevard Gouin, à Montréal-Nord, et Diane Verschelden, recevaient le Prix émérite.

La maison Cazal doit son nom à Ambroise 1 Cazal qui la fit construire vers 1750, et plus probablement vers 1754. La construction d’origine (1114 au terrier des sulpiciens) fut adjugée à Pierre Andegrave dit Champagne le 9 janvier 1722 dans l’étude du notaire Pierre Raimbault. Agissant au nom de Messieurs Les Esclesiastique du Séminaire de Saint-Sulpice de paris, Seigneurs propriétaires de lad. Isle de Montreal, François Vachon de Belmont concéda à Andegrave une abitation seize sur le bors de la Cote de la Riviere des prairies en cette Isle, de la contenance de trois arpents de front, sur la profondeur qui se trouvera la distance de quarante arpents du bors, de la commune de la Cote Saint-Michel. Sur une grille de rues actuelle, cette terre s’étendrait de la rivière des Prairies au boulevard Industriel, entre les avenues Henrietta et de L’Archevêque, au pied de laquelle se trouvait le traversier du « passager » L’Archevêque.

Le 22 septembre de la même année (une énigme subsiste au sujet de cet échange, car le terrier le situe à 1726 plutôt qu’à 1722), chez le même notaire, Andegrave céda la terre à Pierre Thibault dit L’Éveillé (on écrivait aussi Levelier) et à sa femme Marguerite Bégin La Rose (Larose), en échange de leur terre de mêmes dimensions sise à la côte Saint-Joseph, terre qu’il avait concédée à Thibault le 13 juin 1718. Mais comme Thibault avait eu le temps de construire une cabane de quatorze pieds en carré couverte de paille, Andegrave s’est aussi obligé de faire sur la terre.

Ce document permet d’affirmer qu’au moment de la transaction, il n’existait aucun bâtiment sur la terre 1114. Ainsi, nous avons la certitude qu’en 1750, le cultivateur Ambroise Cazal acquiert une terre faisant front à la rivière des Prairies. Trente ans plus tard, celui-ci cède à son fils Ambroise sa terre qui comprend alors une maison en pierre, une grange et une étable en pièce sur pièce. La date de construction retenue dans le Répertoire d’architecture traditionnelle de la Communauté urbaine de Montréal portant sur l’architecture rurale est vers 1755.

Ambroise cède la maison à son fils en 1780. La propriété passe aux mains de plusieurs cultivateurs au fil des siècles. Malgré qu’aucun document ancien décrivant la maison aux XVIIIe et au XIXe siècle n’ait été trouvé, l’état de la maison vers le début des années 1970 démontre une évolution de la maison au cours des années, celle-ci ayant été transformée et agrandie afin de répondre aux besoins de ses propriétaires.

À compter du 12 mai 1874, le lot porte désormais le numéro 48 et est délimité par la rivière des Prairies, la terre de François Xavier Pigeon, le chemin public (actuel boulevard Gouin) et Joseph Sipiot, par achat de son frère Ferdinand le 15 novembre 1875. 

Le 11 février 1904, le cultivateur Frédéric Éthier achète une propriété qui comprenait les lots 48-1 à 48-45 inclusivement ; et, le 18 octobre, le cultivateur Clovis Éthier, par donation de son père Frédéric et de sa mère Philomène Gagnon.

Exploité par des cultivateurs jusque vers le milieu du XXe siècle, le site est acquis par un nouveau propriétaire le 23 janvier 1974. Il s’agit de l’actuaire Daniel Demers. Celui-ci et Diane Verschelden entreprennent quelques années plus tard la restauration complète de la maison. Un projet visant le retour à une composition architecturale du XVIIIe siècle, tant au niveau de l’extérieur que de l’intérieur.  Beaucoup de travaux à effectuer pour redonner à la maison son cachet d’antan. Ils y ont consacré 12 années de dur labeur à curer et à restaurer leur demeure. Grâce à leur détermination, à leur travail acharné et à un investissement important, ils ont réussi à faire revivre cette vieille maison. La reconstruction leur a demandé des années de recherches et d’intenses travaux : 5 000 heures de travail bénévole et quelque 80 000 $ sur une période de 12 ans ! La vieille maison de pierres a retrouvé son gabarit.

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