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La naissance de Montréal-Nord

Photo: Collaboration spéciale

La chronique «Il était une fois Montréal-Nord» est l’oeuvre de Roger Lagacé, collaborateur citoyen et membre de la Société d’histoire et de généalogie de Montréal-Nord.

L’appellation Montréal-Nord identifie un arrondissement correspondant au territoire de l’ancienne ville du même nom. Originellement, en 1845, puis en 1855, ce territoire avait été érigé en municipalité de paroisse sous le nom de Sault-au-Récollet, en souvenir du père Nicolas Viel, un récollet qui, en 1625, s’est noyé au dernier saut ou chute de la rivière des Prairies, tout près de l’église, en compagnie de son fidèle néophyte Ahuntsic, récemment converti.
En 1915, une partie de cette localité, habitée depuis le XVIIe siècle, obtenait le statut de ville et prenait le nom de Montréal-Nord, en raison de sa position géographique au nord-ouest de l’île de Montréal. Située en bordure de la rivière des Prairies, elle est bornée au sud-est par la ville de Saint-Léonard. Il s’agit de la dernière «paroisse» de l’ensemble du Sault-au-Récollet à s’incorporer en ville. Cet ensemble comprenait, en plus de Montréal-Nord et de l’actuel quartier d’Ahuntsic, les villes de Saint-Michel, Saint-Léonard et Anjou.
En 1967, certaines instances ont discuté afin de modifier le nom de la ville, Montréal-Nord. Cette dénomination était jugée peu originale et banale sur le plan historique. Deux propositions ont été étudiées, l’une, Bourget, en l’honneur de Mgr Ignace Bourget, qui fut deuxième évêque de Montréal (1840-1855) et De la Dauversière, un des fondateurs de Ville-Marie (Montréal), Jérôme Le Royer de La Dauversière. Le projet de modification a été abandonné.

Quelques faits
Joseph Aumand Cadieux a été le premier trésorier de la municipalité de Montréal-Nord. Il a aussi rempli la même fonction pour les deux entités scolaires qui s’occupaient de l’instruction des enfants sur le territoire de la municipalité jusqu’en 1918 dans le premier cas et jusqu’en 1929, dans le second. Il a donc joué un rôle qui lui donne droit à une mention honorifique parmi les personnes qui ont contribué à la naissance et à l’expansion de Montréal-Nord.
C’était le Montréal-Nord rural. Quelques rues à peine puisque Montréal-Nord comptait beaucoup de sentiers. Le pont Pie-1X fut construit en 1936. La première station de taxis était située au coin des boulevards Pie-IX et Gouin. Le premier magasin général du village appartenait à la « mère Comtois ». On y vendait des biscuits cassés à .03 cents la livre. Au village, il y avait l’épicerie de M. Pigeon. Le premier salon de barbier était la propriété de Napoléon Bédard. Clovis Éthier était le fournisseur de bois et de charbon. Le Docteur Ovide Clermont, «un brave homme qui ne comptait pas son temps et qui écrivait ses factures sur de la glace comme on dit», demeurait sur la rue l’Archevêque. Le docteur Dagenais résidait au 4590, Gouin. Sans oublier les docteurs Fabier et Lizotte.

La sécurité publique
Vers 1940, la Cité de Montréal-Nord était dotée d’une brigade des sapeurs-pompiers. Il fallait combattre le feu et combattre le crime. C’était du pareil au même puisque les mêmes hommes cumulaient les fonctions de policier et de pompier. Ils devaient assurer la sécurité et la protection des citoyens sur un territoire passablement vaste et dans des conditions qui exigeaient de leur part des qualités de coureur de bois. Certains endroits patrouillés pouvaient être qualifiés de régions inhospitalières. Il y aurait beaucoup d’anecdotes à raconter sur le monde interlope qui fréquentait notre ville. Surtout quand ça se poursuivait à toute allure dans la noirceur du boulevard Pie-IX! Ce travail demande un grand sang-froid et un esprit d’équipe très poussé.
Ce n’est qu’en 1957 que Montréal-Nord a scindé les départements de la police et de la prévention des incendies de pompier.
Au sortir de la Dépression (1929), au bord de la faillite, Montréal-Nord connaît la tutelle gouvernementale de 1921 à… 1958! Avant les années 1960, Montréal-Nord était une petite ville de banlieue où la classe moyenne allait s’exiler pour fuir le tissu urbain trop dense de Montréal.

La croissance de la population
L’après-guerre est marqué par une croissance rapide, ce qui lui permet d’effectuer un redressement et de retrouver son autonomie en 1958. Tenue et gérée avec une fermeté exemplaire par Yves Ryan (1962-2001), la ville de Montréal Nord est reconnue comme un modèle de gestion parmi les municipalités du Québec.
Les populations à ces époques
1921:: 1360
1931: 4519
1941: 6152
1951: 14 081
1961: 48 433
1971: 89 140
1976: 97 250
1981: 94 914
1986: 91 100
1991: 89 000
1996: 81 581
Les années 1960 furent, pour plusieurs, une période marquée par la Révolution tranquille et la naissance d’une société plus libre et ouverte sur le monde. À cette époque, Montréal-Nord était une municipalité en pleine évolution. Le secteur est de son territoire, auparavant rural, a subi une forte urbanisation. Les terres agricoles à l’est de la rue Salk sont devenues des îlots résidentiels. La création des paroisses Sainte-Colette et Saint-Camille, la construction de l’école secondaire Henri-Bourassa et du Scolasticat central (Collège Marie-Victorin), l’aménagement de Place Bourassa, qui n’était à l’origine qu’un magasin d’alimentation Steinberg, et le développement du parc industriel ont sonné le glas de toutes activités rurales dans le secteur.
Le 1er janvier 2002, Montréal Nord est fusionnée avec la ville de Montréal. La Loi 170 oblige ! La ville est devenue un arrondissement de 83 000 habitants et sa densité est la même que les autres quartiers. L’arrondissement est coincé entre la Rivière des Prairies au nord et un chemin de fer au sud. Montréal-Nord vit au même rythme que le reste de la ville.

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