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«Républik Basket» ou comment éloigner les jeunes de la rue

Photo: Photo gracieuseté - Pimiento

«Le basket, pour moi, ce n’est pas juste un loisir (…) Ça m’a permis de ne pas entrer dans des gangs. Je peux dire que le basket m’a sauvé, au fond.» Cette phrase d Jethro Moise, un homme qui a passé sa jeunesse à Montréal-Nord, résume bien Républik Basket, un documentaire signé Will Prosper.

M. Prosper, une figure connue de Montréal-Nord et porte-parole du mouvement Montréal-Nord Républik, veut changer l’image de son quartier avec son documentaire, diffusé dimanche soir, à Canal D.

Le film, produit par Pimiento et tourné surtout en 2012, tourne autour de l’impact que le tournoi annuel de basketball de rue, créé il y a plus de 20 ans, peut avoir sur les jeunes de Montréal-Nord.

On voit plusieurs images en vrac de jeunes en train de participer au tournoi, entrecoupées d’interventions de jeunes à qui le réalisateur voulait donner la plus grande voix possible. La caméra s’incruste aussi un peu dans la vie personnelle et familiale de ceux à qui il s’adresse.

Plus qu’un simple tournoi
M. Prosper a voulu utiliser ce tournoi comme point de départ de son film, puisqu’il a aussi eu un impact sur sa propre vie.

«Il n’y avait pas grand-chose offert aux jeunes de Montréal-Nord, il y a environ 15 ans. Pendant le tournoi, c’était le seul moment dans l’année où l’on se sentait valorisé. C’était une fierté pour un jeune d’une minorité», explique le réalisateur.

Ce tournoi, mis sur pied essentiellement par des travailleurs de rue, avec comme but de donner une chance aux jeunes de faire autre chose que de traîner dans les rues. Gagnant en popularité au fil des ans, l’événement est devenu un incontournable et attire maintenant près de 2000 jeunes.

Plusieurs membres de la famille Jean-Baptiste y participent. Une mère monoparentale a fait plusieurs sacrifices pour élever ses six enfants, dont cinq ont joué ou jouent au basketball à un niveau compétitif.

De plus, ces jeunes ont tous bien réussi à l’école, tant au primaire qu’au secondaire, sans doubler une année.

«Les médias de masse parlent surtout de ce qui se passe de négatif à Montréal-Nord. Mais il y a aussi des jeunes qui veulent s’en sortir et qui prennent les moyens pour le faire», insiste M. Prosper.

Histoires plus sombres
En plus de Jethro Moise et de la famille Jean-Baptiste, General (nom fictif), raconte son histoire.

Contrairement à d’autres, il n’a pas été en mesure de prendre le bon chemin.

Celui qui travaille aujourd’hui comme intervenant jeunesse a passé sept ans en prison comme membre affilié aux gangs de rue.

Son expérience l’a mené à tout faire pour éviter que ses proches, particulièrement son jeune frère, suivent le même chemin que lui.

«Tout ce que j’ai pu faire dans les gangs ne m’a rien donné de bénéfique. Il n’y a rien que je peux dire que le gang m’a apporté et ça n’apportera jamais rien à personne. J’ai mis les pieds dedans, je l’ai vécu, je l’ai vu», dit-il, dans le documentaire.

Le documentaire d’une durée de 45 minutes sera diffusé à 21h, le dimanche 4 octobre.

«Ça fait assez longtemps qu’il est terminé et qu’on savait que le Canal D allait le diffuser, mais il fallait trouver un trou dans la grille horaire. Je suis content que les gens puissent enfin le voir», conclut M. Prosper.

La prison ou le basket: extraits de Républik Basket

Si c’était bon [les gangs de rue], je serais millionnaire, l’Haïtien le plus riche à Montréal. Tout ce que tu peux avoir, c’est trois choses: prison, mort ou l’hôpital. C’est tout.»
-Beauvoir Jean, fondateur du gang Master B, maintenant converti en travailleur de rue

«Il y a des bons côtés à Montréal-Nord. Ça dépend de ta personnalité et du support des gens. Les enseignants, ou que ce soit n’importe quel intervenant dans ta vie, ne se rendent pas compte à quel point une parole, tu peux la garder et ça peut changer le cours des choses.»
-Jennifer Jean-Baptiste

«À l’époque, c’était terrible. Entre 1990 et 1992, il pouvait y avoir au moins sept fusillades par mois à Montréal-Nord. La communauté nord-montréalaise, que ce soit les organismes communautaires ou les policiers ne savait pas quoi faire avec ça. Les travailleurs de rue ont cherché quoi faire. On s’est dit: pourquoi pas le basket!»
-Lazard Vertus, fondateur du tournoi de basketball de rue.

«Le tournoi de basket rue, à Montréal, ce serait comme le SuperBowl pour Montréal-Nord. Tu revois des visages, c’est toujours comme ça. C’est l’événement de l’été.»
-Jethro Moise, surveillant en établissement, originaire de Montréal-Nord

-«Je disais aux parents, « Je ne veux pas savoir si votre enfant sait dribler ou shooter. Est-ce qu’il a des bonnes notes à l’école. Est-ce que c’est un bon étudiant? » (…) J’ai vu beaucoup de jeunes joueurs talentueux de Montréal, qui n’ont pas réussi à aller aux États-Unis, à cause du côté académique»
-Pascal Jobin, entraîneur et analyste.

 

 

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