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Pointe-Claire: au front contre la démolition

Photo: Cités Nouvelles/Rob Amyot

La consultation publique tenue jeudi à l’Hôtel Holiday Inn de Pointe-Claire est passée à l’histoire. Avec un taux de participation record évalué à 500 personnes, la rencontre qui s’est achevée à 2h du matin a été marquée par la grogne des citoyens. La grande majorité a crié haut et fort son opposition au projet de démolition du bar Le Pionnier.

Les trois quarts de la salle d’une capacité de 700 places étaient remplis. «C’était immense. Il y a autour de 500 citoyens qui se sont déplacés, je suis resté à l’arrière pour compter durant la soirée, raconte Claude Arsenault. C’est extraordinaire de voir autant de gens, en plein été et en vacances, venir en très grand nombre s’exprimer. Je pense même que le maire était surpris. J’ai fait une présentation de 5 minutes au début et une des premières choses que j’ai dit est « Je suis fier d’être Pointe-Clairais ce soir »», indique le citoyen engagé.

Rappelant qu’«un immense bâtiment moderne ne peut pas s’intégrer en plein cœur d’un village patrimonial», l’homme milite depuis le début contre la démolition du Pionnier/Hôtel Pointe-Claire. Le projet de construction d’une quinzaine de condos, trois maisons de ville et quatre commerces, en plus d’entraîner la perte d’un bâtiment d’intérêt patrimonial, est jugé en total désaccord avec le cadre villageois par les résidents. À la pétition comptant au-delà de 4 000 signatures remise, s’ajoutent des centaines de lettres adressées à la Ville.

Planifié
Convaincu que ce n’est pas un hasard si la séance du comité de démolition a été prévue au milieu de l’été, celui qui a démissionné de la présidence de la Société pour la Sauvegarde du Patrimoine de Pointe-Claire (SSPPC) pour avoir la liberté de parole, n’hésite pas à aller plus loin en avançant que les dés étaient déjà joués.

«La Ville a tout mis en œuvre pour faciliter le promoteur et son projet de construction de condos au village de Pointe-Claire. Déjà, dans l’étude de l’évaluation pour le montant des coûts, l’évaluateur a inscrit dans l’introduction de son mandat « À la suite d’une demande de démolition en date du 5 avril (…) ». À la Ville de Pointe-Claire, c’était planifié depuis longtemps. On pensait bien que c’était un « done deal »», fait valoir Claude Arsenault.

Il estime que le comité de démolition a démontré qu’il n’était pas impartial au cours de la soirée. «La loi oblige des municipalités à faire une consultation publique lors de la démolition d’un bâtiment de ce type, mais ses trois conseillers ne sont pas impartiaux depuis le début. Ils devraient avoir honte et le maire John Belvedere, en premier lieu, d’aller à l’encontre de la volonté des citoyens, malgré leur présence très nombreuse et leurs beaux témoignages», affirme M. Arsenault.

Le vice-président de la SSPPC, Andrew Swidzinski, remet également en cause la partialité du comité de démolition, formé des trois conseillers Paul Bissonnette, Eric Stork et Brent Cowan.

«Les membres du comité ne sont pas neutres. Dès le début, ils ont répondu en appui aux commentaires afin de soutenir le projet et se sont opposés à ceux qui ont été faits pour défendre Le Pionnier», commente M. Swidzinski.

Il estime que les plans de développement de la firme Gestion Koebra viendront briser l’harmonie visuelle du Chemin du Bord-du-Lac, où les bâtiments à caractère patrimonial contribuent à l’âme du village.

«Le Pionnier fait partie de cet ensemble et on veut le remplacer par des condos de style Laval. C’est au cœur du village, donc ça changera complètement la nature de la place et nous fera perdre ce qui attire beaucoup de touristes de l’extérieur», souligne le vice-président de la SSPPC. Il précise que les seuls villages historiques restants à Montréal sont ceux Pointe-Claire et de Sainte-Anne-de-Bellevue.

420 000$ de moins
Parmi les éléments soulevés au comité, figure la vente du terrain de stationnement public adjacent au Pionnier qui a été approuvée au Conseil municipal du 3 juillet. Ainsi, la Ville de Pointe-Claire vend «de gré à gré» le terrain au promoteur pour la somme de 730 000 $, c’est-à-dire sans que celui-ci ait été mis en marché.

Or, selon l’évaluation indépendante obtenue par la SSPPC d’ABMS Évaluateurs Agréées en date du 31 juillet, la valeur marchande réelle du terrain serait de 1 150 000 $, soit 420 000 $ de plus que le montant de la transaction.

«La Ville agit elle-même comme promoteur en vendant le terrain largement sous sa juste valeur. Et on ne serait pas surpris que les coûts liés au plan de remplacement du stationnement, qui prévoit d’importants travaux au parc Alexandre-Bourgeau, s’élèvent aussi dans les millions de dollars», adjoint M. Swidzinski.

La SSPPC, qui portera la décision du comité de démolition en appel dans les trente jours, entend explorer tous les recours possibles.

La Ville de Pointe-Claire n’a pas répondu aux demandes d’entrevue de Cités Nouvelles.

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