Yoshua Bengio: faire rayonner le Québec à l’international
Sommité dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), l’Outremontais Yoshua Bengio s’est vu honorer pour sa contribution à l’avancement du Québec sur la scène internationale. Son travail des 25 dernières années qui positionne Montréal comme une plaque tournante dans la recherche en IA lui a valu la médaille du 50e anniversaire du ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF).
La ministre Christine St-Pierre a qualifié la contribution scientifique du professeur de l’Université de Montréal de «remarquable» ainsi que sa volonté d’«inébranlable» pour «créer une technologie au service de l’humanité.» On doit notamment au chercheur de meilleures traductions sur le site Google.
Le recteur de l’UdeM, Guy Breton, a pour sa part souligné l’apport de l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal (MILA), fondé par M. Bengio, qui «s’impose comme la figure de proue de notre nouvel écosystème de l’intelligence artificielle». Il permet d’attirer de grandes entreprises du numérique, en plus de favoriser la naissance de start-ups.
«Avec le MILA, on a la plus grande concentration de chercheurs universitaires en apprentissage profond au monde. Il y a à peu près 250 chercheurs et une quinzaine de professeurs», mentionne Yoshua Bengio, très honoré d’être décoré de la médaille de la MRIF.
L’apprentissage profond est une suite des recherches modernes sur les réseaux de neurones artificiels, une approche en IA inspirée du cerveau humain. Les travaux en cette matière ont permis d’améliorer la reconnaissance de la parole et de la vision par ordinateur ainsi que la traduction automatique.
Du chemin à faire
Sur ce plan, Montréal est très reconnu, expose M. Bengio. «On a été les pionniers en apprentissage profond qui est maintenant partout dans l’industrie de l’intelligence artificielle», mentionne l’auteur de trois livres et dont les recherches ont été citées des dizaines de milliers de fois.
Si la métropole arrive à se démarquer dans le domaine des IA, il reste un long chemin à parcourir avant de compétitionner les villes où il y a d’importantes entreprises technologiques, indique M. Benjio.
«Mais la croissance qui se fait au niveau des jeunes pousses au Canada, surtout à Toronto et à Montréal, est assez impressionnante. On a l’espoir d’accoter éventuellement les grands de Silicon Valley», fait valoir le professeur.
La recherche fondamentale qui se fait à Montréal peut contribuer tout de même à l’égard de plusieurs avancées.
«Si on fait des progrès dans la manière d’entraîner les réseaux de neurones, ça peut s’appliquer dans toutes les applications. Donc, c’est un peu ça notre marque de commerce, de développer de meilleurs algorithmes qui permettent à l’ordinateur d’apprendre mieux avec moins d’exemples et de pouvoir mieux généraliser de nouvelles situations», mentionne-t-il.
Comme directeur du MILA, Yoshua Bengio continue de mener une recherche pour comprendre les limitations des méthodes actuelles dans l’espoir que les machines se rapprochent éventuellement de l’intelligence humaine.
«Les systèmes d’aujourd’hui ne comprennent pas le monde qui nous entoure aussi bien que les humains et même pas au niveau d’un enfant ou d’une souris», dit le chercheur.
Par l’entremise de sa firme Element AI, qu’il a cofondée avec l’entrepreneur Jean-François Gagné, le chercheur met à profit son expertise pour d’autres entreprises. La compagnie montréalaise élabore des applications émanant de l’IA pour résoudre des problématiques.