Des poussettes pour dénoncer la «violence routière»
Des poussettes symboliques ont été placées à l’intersection des avenues Bloomfield et Lajoie, dans Outremont, pour faire écho à l’évènement tragique survenu mercredi 16 novembre dernier, lorsqu’un enfant dans une poussette a été frappé par une voiture.
Le collectif Vélorution Montréal a décidé d’entreprendre cette action samedi matin pour dénoncer le violent incident survenu à cet endroit. S’en est suivi un sit-in (une forme de protestation consistant à occuper un lieu en position assise), ainsi qu’une traversée piétonne en continu (une chaîne de piétons traversant la chaussée de manière ininterrompue, bloquant de fait le passage aux automobilistes).
Le collectif, qui «organise des actions créatives afin de contrebalancer la dominance de culture tout-à-l’auto à Montréal», souhaite ainsi souligner la vulnérabilité des piétons face à la «violence routière».
«Les personnes à pied sont de loin les plus vulnérables de notre réseau routier, et l’ensemble des autres usagers – camionneurs, automobilistes, cyclistes – ont une responsabilité de toujours veiller à leur sécurité», plaide Sophie Lavoie, membre de Vélorution Montréal.
Intersections dangereuses
Selon le collectif, qui reprend les chiffres d’une analyse effectuée par le quotidien Le Devoir en décembre 2021, plus d’un millier de piétons et de cyclistes ont été tués ou gravement blessés dans une collision avec un véhicule entre 2012 et 2020 à Montréal. Les intersections seraient particulièrement dangereuses. Vélorution Montréal soutient que, sur cette période, plus des deux tiers des accidents sont survenus à une intersection, tout comme la collision du 16 novembre.
«Ce n’est pas la première fois que des enfants, qu’ils soient à pied ou en poussette, sont victimes de comportements dangereux sur les routes de Montréal. Nous n’avons qu’à penser à l’enfant de quatre ans qui a subi d’importantes blessures à la tête en mars dernier après s’être fait heurter par la conductrice d’un VUS à Outremont, à la même intersection que le délit de fuite du 16 novembre», rappelle le groupe.
Ce dernier appelle d’ailleurs à une plus grande attention quant à l’aménagement des quartiers.
Qu’attendons-nous pour sécuriser nos rues et permettre aux enfants et aux familles de se promener sans crainte de collision?
Sophie Lavoie, membre de Vélorution Montréal
Le SPVM sur la sellette
Les membres du collectif ont profité de leur prise de parole et de leur action pour décocher une flèche à l’endroit du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui, selon eux, refuse de préciser que l’accident constitue une «enfreinte au Code de la sécurité routière».
«La réaction du SPVM démontre à quel point la sécurité des piétons n’est pas une priorité pour les forces de l’ordre», déplore Mathieu Murphy-Perron, membre fondateur de Vélorution Montréal.
Peu importe la nature du délit, «qu’il s’agisse de violence routière provoquée par un manque d’attention ou un empressement, ou, encore pire, un crime haineux envers la communauté juive», Mathieu Murphy-Perron exhorte la ville à traiter le sujet avec célérité et urgence.
Rappelons que le SPVM – qui a ouvert une enquête et sollicité l’aide du public pour retrouver le conducteur du véhicule fautif – avait été vivement critiqué à la suite de l’accident pour son manque de réactivité: «il a fallu attendre près d’une heure avant que les policiers arrivent sur les lieux de l’accident», avait déclaré à Métro Mayer Feig, un premier répondant d’Hatzoloh Montréal.