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Un lieu sacré en quête de sens à Pointe-aux-Trembles

Images des constructions et œuvres du Sanctuaire du Sacré-Coeur et de saint Padre Pio, en mai-juin 2017.
Photo: Ralph-Bonet Sanon

Fondé à la fin du 19e siècle, le Sanctuaire du Sacré-Cœur et de saint Padre Pio, à Pointe-aux-Trembles, est en mal de réparation, d’argent et de partenaires pour exploiter l’un de ses plus gros bâtiments.

Niché à l’angle du parc-nature de la Pointe-aux-Prairies et de l’autoroute métropolitaine, le Sanctuaire est passé d’une simple chapelle en 1896 à un vaste territoire en partie boisé comprenant un chemin de croix, une réplique de la grotte de Lourdes, un monastère et plusieurs chapelles.

121 ans plus tard, ce havre de paix n’est plus ce qu’il était. Plusieurs œuvres et installations sont endommagées par les intempéries ou l’action humaine. Des intrus sont régulièrement aperçus en train de saccager des œuvres, d’empiéter au-delà des limites autorisées ou même d’y avoir des rapports sexuels, rapporte le personnel.


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La Grande chapelle notamment, construite en 1959, demeure en grande partie fermée depuis décembre 2015, en raison de sa toiture en mauvais état et d’infiltration d’eau. Le bâtiment et son terrain immédiat ont besoin de travaux de réparation et de drainage qui s’élèvent à au moins 1,2 million de dollars, estime le recteur du Sanctuaire.

«Pour rouvrir ça, faudra être avec quelqu’un d’autre, comme des gens d’affaires de Pointe-aux-Trembles ou le Mainbourg. Nous, les Capucins, sommes incapables de le faire nous-mêmes», fait valoir Frère Germain Gilbert.

Le responsable des lieux ajoute que le sanctuaire n’attire pas autant de visiteurs qu’auparavant. «Ça ne peut pas servir rien que pour la messe. Ça peut contenir 1500 personnes et il n’y a jamais assez de monde pour 1500 places à la messe», dit-il.

Le supérieur provincial des Capucins fait le même constat. «Pour maintenir ce sanctuaire, on réalise qu’on doit travailler en synergie avec le milieu autant communautaire que d’affaires que municipal de Pointe-aux-Trembles», estime Frère Louis Cinq-Mars.

Salle en location
Une portion de la Grande Chapelle, la Salle Padre Pio, est ouverte depuis le 20 mai dernier, grâce à des travaux de contreventement évalués à 350 000$. Elle est louée pour la tenue d’événement.

Pour l’instant, les messes se tiennent dans la plus petite Chapelle de la Réparation, ouverte en 1910 et capable d’accueillir environ 300 personnes.

«Il faut que ça serve. Ça ne peut pas rester comme ça.»
– Fr Germain Gilbert

Mission à l’étude
Une Commission d’accompagnement sur le devenir du Sanctuaire, instituée en octobre 2015 pour redéfinir la mission du lieu, est censée remettre un rapport aux Capucins ce mois-ci. La Commission s’est notamment penchée sur la mise en valeur du petit boisé du Sanctuaire, confie le supérieur provincial des Capucins.

Le rapport de la commission devrait faire l’objet d’une consultation auprès des milieux communautaire, municipal et d’affaires de Pointe-aux-Trembles l’automne prochain, ajoute le supérieur provincial des Capucins.

La Grande chapelle n’est pas éligible à une subvention provinciale pour financer sa réparation puisqu’elle n’est pas «incontournable» «d’un point de vue patrimonial», expliquait le directeur du Conseil du patrimoine religieux du Québec, Jocelyn Groulx, en juin 2016. Le Sanctuaire n’est pas protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, même si le site et cinq de ses composantes sont inventoriés au sein du Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

Importance historique
Même s’il n’est pas protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec, le Sanctuaire et particulièrement ses œuvres d’art, revêt une importance historique, montrent des recherches de l’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles.

L’endroit est né en même temps que l’arrivée du tramway dans le secteur, attirant jusqu’à 332 000 pèlerins en 1965 et contribuant ainsi à faire de Pointe-aux-Trembles un haut lieu de pèlerinage, en plus d’un lieu de villégiature et de loisirs

«Le Sanctuaire a mis Pointe-aux-Trembles sur la mappe […] On y trouve des trésors d’architectures et de sculptures», commente le conservateur Claude Belzil.

Pour la Communauté des Capucins du Québec, le Sanctuaire constitue une œuvre «majeure» dans la province, avec l’Ermitage Saint-Antoine, à Lac-Bouchette, au Saguenay- Lac-Saint-Jean.

«Ce sont des lieux d’accompagnement important pour nous parce qu’ils sont non seulement fréquentés pour la dévotion, mais aussi pour se reposer, méditer, se rencontrer, faire le point sur sa vie», souligne le supérieur provincial Louis Cinq-Mars.


Programmation estivale
Cet été, le Sanctuaire offrira des visites commentées ainsi que des messes intégrant chansons en créole haïtien, ainsi que dans une langue africaine.

Des célébrations se feront aussi à l’extérieur, dont la neuvaine, du 14 au 23 juin. Celle-ci se terminera par une messe officiée par l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, indique le recteur du Sanctuaire, Germain Gilbert.

Les visites commentées, destinées à transmettre l’histoire du sanctuaire, du monastère des Frères capucins et des œuvres d’art sur le site, sont prévues les samedis et les dimanches, du 10 juin au 13 août.

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