Un an pour le projet du REM de l’Est
En décembre 2020, Québec annonçait le «plus important investissement en transport collectif jamais réalisé au Québec» pour le projet du REM de l’Est. Si l’investissement de 10 G$ promet de désenclaver des secteurs longtemps mal desservis par le transport en commun, le projet mené par CDPQ Infra fait également face à de nombreuses critiques. Mise au point sur l’évolution du projet.
Le REM de l’Est – qui permettra d’«améliorer la qualité de vie de milliers de Québécois au quotidien», selon le premier ministre François Legault – devrait être mis en service d’ici 2029. Vingt-trois nouvelles stations réparties sur 32 km sont prévues; elles seront situées sur deux branches partant du centre-ville, une allant vers Montréal-Nord et l’autre vers Pointe-aux-Trembles.
Accueilli avec enthousiasme lors de son annonce, le projet de train léger automatisé a cependant essuyé plusieurs critiques touchant son acceptabilité sociale: remise en cause de la planification du projet; impact sur le réseau de transport existant; impact sur la valeur foncière des quartiers traversés; financement; transparence; et choix du tracé.
Sur ce dernier aspect, l’arrondissement RDP-PAT a entamé dès 2021 des représentations pour que le REM soit prolongé au cœur de Rivière-des-Prairies, tandis que Montréal-Est a réclamé une station sur son territoire.
Face aux craintes exprimées par des citoyens lors de consultations publiques, notamment par rapport aux impacts du projet sur le parc Morgan dans Hochelaga-Maisonneuve, CDPQ Infra, la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec dirigeant le projet, s’est engagée en juin à analyser la possibilité de réviser «l’alignement» du tracé aérien pour qu’il soit le plus proche possible de la rue Notre-Dame. La possibilité que le REM de l’Est transite par l’axe de la friche ferroviaire Souligny plutôt que par l’axe de la rue Sherbrooke serait aussi à l’étude.
Tracé aérien
C’est cependant le tracé aérien de la branche est du projet qui s’est attiré le plus de foudres, car il menacerait, selon plusieurs experts, de «défigurer» le paysage urbain, de causer des nuisances sonores et de miner la qualité de vie des riverains. En février, deux firmes d’architectes qui collaboraient avec la Caisse de dépôt ont d’ailleurs quitté le navire, jugeant inacceptables les structures aériennes au centre-ville.
CDPQ Infra affirme pour sa part qu’un comité d’experts travaille à assurer une intégration réussie du REM de l’Est au paysage urbain. La Caisse de dépôt a annoncé en mai la création d’un comité indépendant sur l’intégration architecturale et urbaine du REM de l’Est, dont les recommandations sont attendues en 2022.
Bien que CDPQ Infra ait réitéré à plusieurs reprises que le tracé aérien ne pouvait être remplacé par un tracé souterrain, quelques concessions ont été réalisées. Ainsi, en mai, ayant «rencontré des obstacles au niveau de la Place Bourassa, où le REM devait sortir de terre», CDPQ Infra a revu ses plans pour que la branche nord soit complètement enfouie sous terre. Quelques mois plus tard, en septembre, le maître d’œuvre du REM annonçait qu’une portion du tracé aérien pourrait être souterraine sur 500 mètres au centre-ville, une option initialement jugée impossible par CDPQ Infra.
Ces ajustements n’ont cependant pas freiné les mobilisations de citoyens d’Hochelaga-Maisonneuve et de Mercier contre le tracé aérien. Le Collectif en environnement Mercier-Est a organisé une manifestation en novembre, demandant au gouvernement de réévaluer ce projet «pendant qu’il en est encore temps». Par la suite, le premier ministre François Legault a concédé que le projet devait être «bonifié».
Malgré ces doléances, l’«importance capitale» du projet pour le développement de l’Est a été réitérée par des élus montréalais et le milieu des affaires, lors du 3e anniversaire de la signature de la Déclaration pour revitaliser l’est de Montréal.
Consultations
CDPQ Infra a entamé dès décembre 2020 une tournée avec les élus et les différentes parties prenantes du projet. Au mois de mai 2021, le maître d’œuvre a amorcé une première phase de consultation publique, qui aura permis selon lui de joindre plus de 32 000 personnes. Des séances d’informations virtuelles ont eu lieu et de la documentation sur le projet a été diffusée.
«Nous poursuivons le travail avec les partenaires gouvernementaux et municipaux, de même qu’avec le comité d’experts et les professionnels assignés au projet, précise par courriel Céliane Dorval, directrice adjointe des communications et relations médias à CDPQInfra. Une mise à jour sera faite en début d’année prochaine et mettra en évidence la proposition architecturale et les optimisations au projet.»
CDPQ Infra a lancé un avis de marché le 19 octobre qui permet à ce dernier «de se préparer adéquatement aux différentes phases du processus d’approvisionnement». Elle participera également aux séances du BAPE, également prévues pour 2022.
Le début des travaux du REM de l’Est est prévu en 2023.