Cannabis: le Québec «en retard»
La culture du cannabis au Québec a des années de retard comparativement au reste du Canada et à l’Ouest américain, s’insurgent des intervenants du milieu.
«La plante est encore associée au monde interlope et à des serres hydroponiques malpropres et mal aménagées», indique le consultant en culture biologique Marc-André Laperle.
«C’est considéré juste en dernier recours, c’est démonisé, les médecins n’en prescrivent pas, ne comprennent pas que c’est une plante médicinale avant tout et voient juste ça comme une drogue», lance pour sa part une porte-parole de l’Association québécoise des intervenants en cannabis médical (AQICM), Shantal Arroyo.
Le Québec ne compte que 2 des 69 producteurs de cannabis médical autorisé par Santé Canada. L’accès serait si difficile au Québec que des patients tentent d’obtenir des ordonnances en consultant des médecins d’autres provinces, parfois par Skype.
«Ils ont une dizaine d’années d’avance sur nous, je dirais.»
Shantal Arroyo
Accès inégal
À la clinique La croix verte, rue Ontario, à Montréal, on reçoit des patients ayant accès à des quantités trop élevées, alors que d’autres en auraient besoin, mais n’en ont pas.
«Des patients qui ont reçu des ordonnances pour une entorse au pied ou une anxiété généralisés m’arrivent avec des 25 et des 30 grammes par jour à la clinique et moi, je suis obligée de les refuser, pis c’est la guerre, pis on se prend la tête. Mais à côté, j’ai des patients mourant, en soins palliatifs, qui ne sont pas capables d’avoir une prescription», dénonce Mme Arroyo, directrice de La croix verte.
Selon les intervenants québécois du milieu, le retard s’explique par une littérature majoritairement disponible en anglais et le fait que des médecins d’autres provinces ont «compris» les bienfaits du cannabis sur les douleurs chroniques et d’autres problèmes de santé.
Le nombre d’ordonnances faites au Québec est difficile à établir. L’AQICM l’estime entre 6000 à 9000. Interrogé à ce sujet, Santé Canada renvoie au Collège des médecins du Québec, qui renvoie au Registre cannabis Québec. Ce dernier n’a toutefois pas encore répondu à TC Media.