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« Une aventure de 15 ans prend fin »

Leduc-Frenette Samuel - TC Media
La fondation Jean-Grou, qui visait jusqu’à tout récemment à financer certains achats au profit des élèves de l’école, n’est plus. Par manque de relève, ses fondateurs se sont résignés à l’abolir. Exit, donc, les célèbres soirées vins et fromages et les tournois de golf.

« C’est sûr que si ça avait été rentable tout le temps, j’aurais peut-être continué, avoue Ginette Rousseau, responsable à la vie étudiante et cofondatrice de la fondation. Parce que c’est du temps, c’est de l’énergie. […] C’est sûr qu’à un moment donné, on devenait essoufflé. »

Portant à bout de bras la fondation depuis les dernières années, Mme Rousseau a bien essayé de passer le flambeau à d’autres membres du personnel de l’école. Mais peine perdue. À la réunion générale des enseignants, personne ne voulait prendre la relève.

« Il y a un changement de mentalités, concède-t-elle pour essayer d’expliquer les raisons pour lesquelles aucun enseignant ne s’est levé. C’est sûr aussi que les tâches sont lourdes. » Beaucoup ont de jeunes enfants, et n’ont donc pas nécessairement le temps de s’investir autant.

Elle ajoute cependant que les enseignants se sont toujours grandement impliqués auprès de la fondation, et ce, à titre bénévole.

Mme Rousseau estime aussi qu’il y a eu une baisse d’affluence aux activités de la fondation au cours des dernières années. Les gens ne comprenaient pas toujours pourquoi ils devaient payer pour ça. Ils ne comprenaient pas que ça revenait à leurs enfants au bout du compte, soutient-elle.

La crise économique a pu avoir un impact dans cette baisse d’affluence, puisque les groupes corporatifs, qui autrefois étaient très présents, se sont faits plus rares.

« Il y a des choses qui fonctionnent un temps, et puis à un moment donné il faut passer à autre chose, lance-t-elle. Je n’ai pas de regrets. »

Une fondation qui a fait ses preuves

Fondée en 1996, la fondation Jean-Grou a toujours attiré de nombreux citoyens à ses rendez-vous annuels.

« Je sais qu’on était très enviés par les écoles. Les directions des autres écoles nous trouvaient très chanceux d’avoir une fondation, dit-elle. On avait une belle clientèle, Tony Tomassi, Pierre Bourque, Pablo Rodriguez. » Sans compter certaines entreprises du quartier, tels Sanimax ou la Caisse populaire Desjardins.

En près de 15 ans, la fondation aurait amassé au moins 300 000 $. L’initiative est née d’un besoin criant alors que l’école n’arrivait pas à se payer elle-même certains matériels de base. « On ne pouvait pas se payer des instruments de musique, des chaînes stéréo, donne-t-elle comme exemple. C’est un quartier qui était difficile. »

En cherchant des solutions pour trouver des fonds nécessaires, Mme Rousseau et ses acolytes ont opté pour le concept de fondation, ce qui leur permettait de remettre des reçus d’impôt à ceux qui participaient à leurs activités de financement.

L’activité vins et fromages est probablement l’événement le plus couru de la fondation. Les couverts, qui se vendaient 45 $ à la fin des années 1990, se vendaient 85 $ dix ans plus tard.

Cette activité très courue accueillait 200 personnes à guichet fermé chaque mois de février. Une seule soirée pouvait rapportait à ses organisateurs de 10 000 à 15 000 $.

« On a aidé la bibliothèque, on a aidé pour la musique, lance au bout du fil Louise Bernard, cofondatrice de la fondation Jean-Grou et maintenant présidente de la Société historique de Rivière-des-Prairies. Les enseignants pouvaient faire des demandes et nous on répondait à ces demandes. »

Au cours des années, l’argent amassé a permis à l’école de se procurer des appareils de musculation, de fabriquer une serre, d’acheter des livres pour sa bibliothèque et de fournir à quelques classes des tableaux interactifs ainsi que des projecteurs multimédias.

Mme Bernard regrette cette disparition. « C’est un outil très important pour aller chercher de l’argent dans la communauté, dit-elle. Ça sortait l’école de son isolement et en faisait une de son quartier. »

Elle croit que c’était un excellent moyen de rejoindre les gens des milieux corporatifs qui, autrement, ne s’intéresseraient pas forcément au milieu de l’éducation. « J’ai toujours trouvé que les gens d’affaires aimaient ça », indique-t-elle.

De son côté, Mme Rousseau devrait se tourner vers d’autres projets au cours des prochaines années. « C’est sûr qu’avant de prendre ma retraite, je vais refaire quelque chose de gros », assure-t-elle.

Déjà, le 18 novembre, une partie de poker caritative sera organisée au profit de l’école. Des bourses d’une valeur de 2 500 $ seront aussi octroyées lors du gala Méritas 2012. Mais il s’agira des dernières sommes issues de la fondation, et la direction de l’école devra prendre le relais lors des prochains galas Méritas.

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