La peinture instinctive et émotionnelle de Sabiha Merabet
L’artiste prairivoise Sabiha Merabet n’œuvre que depuis deux ans et déjà les caméras sont braquées sur elle. Son art réchauffe les cœurs par ses couleurs et pousse à la réflexion grâce à ses textures. La peintre et photographe s’est longtemps questionnée sur ses aptitudes avant de se lancer un jour à corps perdu dans ce qui la fait vibrer au quotidien, la peinture.
Sabiha Merabet raconte qu’un jour des pots de peinture lui ont parlé au détour de la caisse d’un magasin d’arts. «Il fallait que je les achète», se rappelle-t-elle.
Comme pour les grandes recettes ou autres grandes créations, c’est souvent par le plus grand des hasards que naissent les plus belles idées créatives.
C’est un peu comme cela que l’on pourrait qualifier le début de carrière de Sabiha Merabet. L’éclat d’un jaune d’œuf sur une toile va être une révélation pour elle.
La couleur ocre lui rappelant la chaleur de son pays d’origine et sa texture les paysages vallonnés et montagneux de celui-ci. «Une sensation m’a traversé le corps. Je n’avais jamais rien ressenti de tel auparavant !»
Prise d’émotion elle décide d’utiliser ce jaune comme peinture. Dès lors, sa passion l’envahira et guidera ses décisions artistiques futures.
Face au mur
Les toiles de la peintre sont colorées et remplies d’émotions voire de souvenirs. Sabiha a une manière bien à elle de peindre. Elle peint face au mur, la toile accrochée sur celui-ci. «Cela me rappelle mon enfance quand je passais au tableau [à l’école].»
«Parfois je découvre ma personnalité au travers du regard des autres qui observent mes tableaux» – Sabiha Merabet, artiste peintre
Composer ses toiles face à un mur est une sorte d’exutoire. Un terrain vaste d’expression sur lequel elle projette ses émotions du moment. «Je veux laisser des traces et des mouvements instinctifs», ajoute-t-elle.
«La pandémie a été un accélérateur d’émotions. Je me suis enfermée dans mon studio après avoir quitté mon emploi au sein de l’administration pénitentiaire de la prison de RDP, dit-elle. Ça m’a permis d’être plus créative et productive.»
De cette période sont nées six œuvres présentées lors de l’Expo-Rallye Vues d’Afrique le dimanche 30 mai.
À l’instinct
La peinture acrylique qu’elle utilise comme premier médium est toujours en lien direct avec son enfance. Elle dit s’amuser laissant toujours sa main et ses sentiments guider les couleurs et les traces qui composeront ses toiles.
La couleur jaune ocre, est devenue quasiment omniprésente au sein de ses compostions. Un fait involontaire rappelant ses origines algériennes, la Méditerranée, le sable, le soleil etc. dit-elle.
Récemment c’est le travail de la peinture à l’huile et de la cire froide qui ont fait naître chez elle des émotions particulières.
Le relief et les textures émanant de l’utilisation de la cire froide rappellent les paysages qu’elle survolerait à vol d’oiseau.
«Quand je peins, je me considère comme un oiseau qui vole au-dessus des territoires»
L’utilisation de ces médiums est une manière de conscientiser indirectement ces toiles. «Ces territoires que je survole sont ceux de fermiers, d’autochtones, de peuples oppressés, de pays en guerre…»
Cette image de l’oiseau, ce sont des clients qui lui ont fait remarquer. «Parfois je découvre ma personnalité au travers du regard des autres qui observent mes tableaux», reconnaît-elle en souriant.
Les toiles qu’elle présente incarne l’espoir et font souvent référence aux évènements qui bousculent nos ressentis.
Sa venue dans le paysage des arts visuels a été «accidentelle» dit-elle avec grande humilité, puisque c’est à l’âge de 49 ans que tout a débuté pour elle.
Elle tient à passer un message d’espoir, de résilience et de partage. «Je vais créer un espace galerie afin de donner la chance à d’autres artistes d’exposer aussi. La culture locale de RDP est belle et a besoin d’être exposée.»