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«La solution devra passer par le déménagement de Sanimax» 

L’usine Sanimax est installée sur le boulevard Maurice-Duplessis, à Rivière-des-Prairies.
L’usine Sanimax est installée sur le boulevard Maurice-Duplessis, à Rivière-des-Prairies. Photo: Clément Bolano / Métro

En ce début d’été, les nuisances olfactives venant de l’usine d’équarrissage Sanimax de Rivière-des-Prairies ont réapparu – comme à chaque épisode de chaleur. Alors que les riverains se disent à bout de nerfs, le député provincial Marc Tanguay affirme que l’entreprise doit maintenant envisager un déménagement.

Les citoyens vivant à proximité du site de l’entreprise spécialisée dans le traitement de restes d’animaux morts sont à bout après, disent-ils, avoir tout essayé. 

«C’est un peu toujours la même chose. On ne peut même pas accueillir de gens dans notre cour. Mon adolescent avait envie de vomir rien qu’en étant dehors», confie Lucie, qui réside sur la 71e Avenue.

En 10 ans, il y en a eu, des plaintes auprès de l’inspecteur de l’environnement, des actions en justice, des comités créés, des discussions avec l’entreprise… La lassitude a fini par gagner de nombreux Prairivois.

«J’ai perdu confiance en beaucoup de choses», confie à Métro Enzo Commisso, un résident farouchement engagé contre la présence de l’entreprise à RDP.

«Je ne veux plus négocier avec eux, je veux qu’ils s’en aillent. Ils s’en foutent de nous.»

Sanimax affirme pourtant tout le contraire. En 2020, la multinationale québécoise a mis sur pied le Comité des citoyens de Sanimax, «avec pour mission de favoriser une cohabitation harmonieuse de Sanimax avec la communauté environnante».

Celui-ci s’est réuni une dizaine de fois en mettant autour de la table des représentants de l’entreprise, quatre résidents de RDP, ainsi que des élus municipaux, provinciaux et fédéraux. Or, ces derniers en ont été exclus le 30 juin. Joint par Métro, son président, l’ex-ministre Rémi Bujold, expliquait que «le comité était trop politisé».

Le déménagement sur la table

Enzo Commisso lance un cri du cœur à la ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau.

«Qu’est-ce que ça va prendre pour avoir [son] attention?», demande-t-il. «Avec [sa] plume, elle peut régler ça avec une signature», estime celui qui demande le départ de Sanimax de RDP.

Pas si simple, argumente le député de la circonscription de LaFontaine, Marc Tanguay.

L’élu provincial, qui suit le dossier depuis 10 ans déjà, fait partie des exclus du comité. Il rejoint le citoyen sur un point: «À long terme, la solution devra passer par le déménagement de Sanimax.»

Cela représente un défi technique, car l’entreprise «ne peut pas cesser d’opérer», au regard du service «essentiel» qu’elle assure, selon M. Tanguay.

«J’aimerais que les paliers de gouvernement et Sanimax puissent s’asseoir et imaginer ce que pourrait être un déménagement ailleurs». Où? «Ailleurs qu’en milieu urbain», suggère-t-il, là où le transport d’animaux morts pose moins d’enjeux de santé publique.

«Sans ça, dans cinq ans, dans dix ans, nous aurons toujours la même discussion», souligne-t-il.

En attendant, les résidents de RDP continuent de vivre les mêmes nuisances qu’ils subissent depuis des années. Ces derniers veulent aussi des solutions à court terme.

À cet endroit, le député veut resserrer les exigences quant au transport des matières. Il croit premièrement qu’il faut stopper les déversements qui ont lieu sur la voie publique «de façon systématique avec la belle saison». Ils seraient causés par les camions qui ne sont souvent «recouverts que d’une simple bâche».

Changer ces pratiques reviendrait à légiférer sur les exigences pour obtenir le permis de transport d’animaux morts. Le coût à assumer reviendrait alors à Sanimax, affirme Marc Tanguay.

Un comité fantoche?

Pourtant, s’il pointe d’une part le manque de leadership au provincial, et le manque d’exigences de l’entreprise d’autre part, il souligne les «tentatives» de Sanimax pour s’améliorer. Cependant, «opérer un tel type d’entreprise en zone résidentielle» n’offre «aucune marge de manœuvre».

Dans un courriel, Sanimax assure que c’est «notamment grâce aux discussions des membres citoyens, élus par leurs pairs» au sein du comité de bon voisinage qu’elle a mis en place plusieurs mesures concrètes pour réformer ses façons de faire, en plus d’investir d’importantes sommes «pour améliorer la robustesse» de ses installations.  

Des améliorations et changements qui n’ont jamais vraiment permis d’apaiser ses relations délétères avec la population.

«Chaque année, on a une augmentation des plaintes. La situation est pire, les odeurs plus fréquentes, les incidents plus fréquents. Rien de concret n’est mis en place», dénonce M. Commisso.

Lisa Christensen, élue de l’arrondissement, faisait partie des membres siégeant au comité. Elle ne se dit «pas surprise» de l’exclusion des élus.

«Peu importe qui y est, ce comité, c’est Sanimax et personne d’autre», affirme-t-elle.

M. Bujold, interrogé sur le contenu des discussions, répond que celles-ci «sont confidentielles». D’après les deux élus interrogés et exclus du comité, les sujets litigieux ont pourtant bien été mis sur la table. Mais selon Lisa Christensen, les réponses apportées n’étaient pas forcément convaincantes.

«Ces réunions devraient être diffusées. Sanimax doit apprendre à faire preuve de transparence», soutient l’élue.

L’entreprise d’équarrissage a annoncé que le comité «sera bonifié par la participation prochaine de deux experts indépendants et pertinents pour [son] secteur d’activité».

Alors que plusieurs résidents de RDP, à l’image de Lucie, continuent de croire que Sanimax «refuse d’entendre ce que les citoyens ont à dire», l’entreprise répète: «Nous sommes fiers de pouvoir poursuivre un dialogue constructif au sein de cette tribune.»

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