Personnes à mobilité réduite: les oubliés du déconfinement
Alors que Montréal est en plein déconfinement, les terrasses se sont multipliées en bordure des rues partagées et des voies réservées aux piétons. Or, elles ne répondent pas toujours aux critères d’accessibilité universelle, déplorent des personnes à mobilité réduite.
Se promener en ville, aller boire un verre, manger un bon plat en terrasse… Ces activités peuvent s’avérer compliquées pour les personnes à mobilité réduite. Mais en cette saison estivale marquée par la pandémie, les obstacles qui les empêchent de s’installer dans certains bars et restaurants semblent encore plus nombreux.
«C’est vraiment stressant de se déplacer en ville. Il faut être tout le temps très vigilant», témoigne Martin Dion, secrétaire du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ).
En arpentant les rues de la métropole, le RAPLIQ a repéré plus d’une trentaine de terrasses inaccessibles ou inadaptées. Plusieurs se situent au centre-ville, sur Le Plateau-Mont-Royal et dans Rosemont–La Petite-Patrie. Terrasse surélevée, rampe trop abrupte et mobilier fixé au sol : les écueils ne manquent pas.
«On comprend que la situation est particulière pour les commerçants, mais on se sent complètement oubliés, soupire Laurent Morissette, trésorier du RAPLIQ. La pandémie ne devrait pas être une excuse pour laisser de côté l’accessibilité.»
Aménagées dans l’urgence
Au cœur de la Petite Italie, Vincenzo Russo, gérant d’un restaurant italien, est conscient que sa terrasse pose problème. Mais avec la pandémie, dit-il, il n’a pas eu le temps de régler le problème.
«Ce n’est pas la même équipe que d’habitude qui a installé la terrasse. On a remarqué qu’elle était trop haute. On est débordés avec toutes les nouvelles règles à appliquer, mais c’est important pour nous que tout le monde puisse venir profiter de la terrasse», assure-t-il.
S’ils souhaitent éveiller les consciences des commerçants, les membres du RAPLIQ soulignent que la responsabilité revient surtout à la Ville et aux arrondissements. Fatigués d’entendre toujours les mêmes «promesses non tenues», ils espèrent des actions concrètes de la part des élus.
«Ce serait pertinent de nous consulter pour définir les critères d’accessibilité des terrasses par exemple. Mais surtout, il faut créer des incitatifs», explique Laurent Morissette.
Contacté à ce sujet, l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie explique que cette année, les procédures pour installer une terrasse ont été assouplies. L’idée était de permettre au plus grand nombre de commerces d’avoir une terrasse pour accueillir leurs clients dans le respect de la distanciation sociale.
«Les restaurants et bars n’ont donc pas besoin de permis et peuvent installer leur terrasse gratuitement», explique Laura Boily-Auclair, chargée des communications à l’arrondissement.
Mais, l’accessibilité universelle étant d’habitude un critère obligatoire pour l’obtention d’un permis, les commerçants ont été prévenus par courriel que cette condition devrait être respectée.
«Un inspecteur se déplacera sur tout le territoire rosepatrien afin de s’assurer que ces mesures sont respectées et interviendra au besoin» précise-t-elle.
Au moment de publier, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal n’avait pas répondu aux questions de Métro.
Montréal plus accessible
Pour sa part, la Ville de Montréal admet que beaucoup reste à faire. Mais, elle rappelle son engagement pour rendre la ville universellement accessible.
«L’ajout d’ascenseurs dans les stations de métro, l’installation de feux de circulation sonores, les abaissées de trottoirs et les plaques podotactiles installées aux intersections sont différents outils qui marquent le processus d’amélioration continue», illustre Catherine Cadotte, attachée de presse au cabinet de la mairesse Valérie Plante.
Le mois dernier, un mandat a également été attribué à la Société Logique, afin d’améliorer les voies actives et sécuritaires. L’expert en accessibilité devrait rendre un premier rapport dans les prochains jours.