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Un 18e cas de «rénoviction» cette année dans Rosemont

Les locataires restent soudés face aux nouveaux propriétaires de leurs immeubles. Photo: Caroline Lefer-Palos/Métro Média

Les locataires du 3265 rue St-Zotique se mobilisent pour rester dans leurs logements alors qu’ils se disent victimes de «rénoviction» de la part des nouveaux propriétaires. Ils dénoncent une façon de faire «frauduleuse». Le comité Logement Rosemont recense cette année 18 probables «rénovictions» contre quelques rares cas durant ces 15 dernières années.

Comme de plus en plus de locataires montréalais, Mme Osorio a reçu une lettre d’avis d’évacuation pour travaux de la part des nouveaux propriétaires de son immeuble, une compagnie immobilière. La compagnie Propriété Rand-Hill a envoyé à tous les habitants de l’immeuble un premier avis d’évacuation début mars, leur demandant de quitter le logement au 1er juillet pour une durée d’au moins huit mois. Elle offrait une compensation financière de plus de 2000$, soit environ trois mois de loyers. Mme Osorio a indiqué son refus en ne répondant pas à cette lettre dans les 10 jours légaux.

La semaine dernière, l’avocat de la compagnie est revenu en lui offrant de doubler son offre à condition qu’elle résilie son bail et ne revienne pas à la fin des travaux. Mme Osorio et son mari ont refusé la nouvelle proposition et lui ont réaffirmé vouloir rester. «Tout le monde commence à chercher dans le quartier mais on ne trouve rien d’équivalent à ce prix-là. Il n’y a pas de logements abordables dans Rosemont», indique Gladys Osorio, locataire dans l’immeuble depuis 26 ans. Elle indique trouver des logements équivalents au sien, soit un 4 1/2, aux environs de 1500$ soit 70% de plus que son loyer actuel.

Les locataires estiment l’expulsion injustifiée

Même son de cloche chez son voisin Younis Cherni qui ne pourrait rester dans le quartier s’il devait se faire évincer. «Moi aussi j’ai reçu la lettre et l’appel de l’avocat du propriétaire, il me propose jusqu’à 6000$ et des mois de loyers de gratuits. À condition que je résilie définitivement. Je lui ai dit que je voulais rester ici. On est une famille avec deux enfants qui vont à l’école à côté, ma femme travaille dans une garderie à côté d’ici», explique le père de famille. «J’ai lu les indications pour travaux et aucun des critères ne concerne mon appartement», ajoute-t-il.

Les locataires de l’immeuble se sont réunis et ne comprennent pas la nécessité de quitter leurs logements étant donné que la plupart des travaux concernent les parties extérieures. Selon le Tribunal administratif du logement (TAL), un propriétaire a le droit de faire des rénovations en cours de bail, «pourvu que ces travaux et les conditions d’exécution soient raisonnables.» Face au refus des locataires de partir, Propriété Rand Hill a adressé le dossier au TAL afin qu’il statue sur le bien-fondé ou non de l’évacuation et d’en fixer les conditions.

«Une crise du logement avec un grand C.»

Le député Vincent Marissal a donné une conférence de presse devant l’immeuble afin de dénoncer les «rénovictions». «À Montréal c’est le far-ouest. […] Il faut envoyer une bouée à ces gens qui sont en train de se noyer», a dit le député de Québec solidaire. Il demande au gouvernement Legault d’agir contre cette «crise du logement» en proposant un plan d’action en trois étapes.

Premièrement d’imposer un moratoire sur les rénovictions pour les trois prochaines années à venir. Deuxièmement, de contrôler les loyers en créant un registre des baux afin d’informer les futurs locataires d’une augmentation de loyer abusive. Troisièmement, une taxe «anti-flip» qui ciblerait le gain en capital sur la vente d’un immeuble à revenu s’il est vendu moins de cinq ans après l’achat initial.

Tout comme le député, Jean-Claude Laporte du Comité logement Rosemont reproche au premier ministre de ne pas reconnaitre ce qu’ils qualifient de crise du logement. «J’invite M. Legault et Mme Laforest à venir dans nos locaux et on va faire un petit cours 101 de qu’est-ce que c’est une crise du logement. Il y a le taux d’inoccupation, la qualité du logement et le coût des loyers. Et en ce moment tous ces éléments sont réunis donc c’est une crise avec un grand C.»

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