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Victor Pilon: un homme et sa montagne

Le mythe de Sisyphe, revisité par l'artiste Victor Pilon, risque d'attirer de nombreux regards. Photo: Louis-Daniel Vallée

L’artiste multidisciplinaire Victor Pilon ne fait pas les choses à moitié. Pendant 30 jours, du 28 septembre au 27 octobre, à raison de six jours par semaine et sept heures par jour, il déplacera 50 tonnes de sable à l’intérieur du Stade olympique. Armé de sa seule pelle, il érigera et déconstruira chaque jour sa montagne de sable. C’est ainsi qu’il se réapproprie le mythe de Sisyphe.

Rappelons que la mythologie grecque veut que Sisyphe, pour avoir trompé la mort, ait été condamné par Zeus à passer l’éternité à faire rouler jusqu’à la cime d’une montagne un rocher qui, une fois arrivé au sommet, dégringole irrémédiablement jusqu’au bas du mont.

La figure de Sisyphe a particulièrement interpellé l’artiste, en raison du châtiment qui force Sisyphe à l’éternelle répétition et de son amour de la vie, qui l’a poussé à vouloir déjouer  la mort. Victor Pilon y trouve également un certain écho dans sa vie personnelle : «Mon conjoint [avec qui j’ai passé 20 ans] est décédé dans un accident de voiture. L’absurdité de son décès m’a fait beaucoup réfléchir sur la quête de sens dans un monde qui n’en a pas.»

C’est lors de la lecture subséquente de l’essai philosophique d’Albert Camus Le Mythe de Sisyphe que tout s’arrime dans l’esprit de l’artiste. «Pour Camus, Sisyphe est une métaphore de la condition humaine. Le métro-boulot-dodo, pourquoi on se lève le matin, pourquoi on travaille, etc., explique-t-il. En lisant Camus, ça m’a donné l’idée de la performance.»

 Apprendre à devenir Sisyphe

Pour se préparer à cette performance colossale, M. Pilon s’est entraîné un an, notamment en pelletant du sable à la campagne. D’ailleurs, à l’approche de sa prestation, l’artiste ne s’en cache pas, s’il est fébrile, il a également des appréhensions. «Je suis terrorisé [rires]. C’est nouveau, c’est différent. Je vais vivre l’absurde», lance l’artiste de 63 ans, plus habitué à être derrière la conception de ses œuvres que sous les feux de la rampe.

Ne cherchez pas Victor Pilon les lundis du 28 septembre au 27 octobre. L’artiste profitera de cette journée pour se reposer. «C’est un peu mon Compostelle, cette performance. Je vais exorciser certaines de mes peurs. Je vais me reposer essentiellement, je pense que mon corps en aura besoin. Je ne bougerai pas beaucoup, je ne sortirai pas, je ne verrai pas de monde.» Face à une telle tâche, on pourra difficilement le lui reprocher.

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