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Vivre après une carrière dans l’armée

Le vétéran Robert Roy dans les locaux de la filière 29 de la Légion royale canadienne.
Le vétéran Robert Roy dans les locaux de la filière 29 de la Légion royale canadienne. Photo: Émile Bérubé-Lupien/Métro

Robert Roy vient d’une famille de militaires. Son père a combattu dans la Seconde Guerre mondiale; un de ses oncles, dans la guerre de Corée et un autre est mort au combat. Il était donc naturel pour celui qui avait un goût inné pour l’aventure de s’enrôler à son tour en 1978. Et bien qu’il souffre aujourd’hui d’un trouble de stress post-traumatique, il affirme que si c’était à refaire, il n’hésiterait pas et revêtirait l’uniforme à nouveau. À l’occasion de la Semaine des vétérans, Métro s’est entretenu avec celui qui a cumulé 24 ans de service actif au sein des Forces armées canadiennes.

À 60 ans, M. Roy est l’un des plus jeunes vétérans des quelque 200 membres de la filiale 29 de la Légion royale canadienne, située dans Rosemont. Si à l’époque l’établissement était un club privé, réservé aux vétérans, le résident du quartier explique que l’endroit est maintenant ouvert à tous, notamment afin d’en assainir les finances. Cela ne semble toutefois pas gêner celui qui a travaillé comme technicien médical pendant la majorité de sa carrière. Il se montre avenant envers tous, anciens combattants ou pas. Il explique d’ailleurs que s’il apprécie la compagnie de ses anciens frères d’armes, le lien d’amitié qui les unit est particulier et circonscrit à la Légion royale. «Depuis les 30 ans que je fréquente la Légion, presque personne n’est venu chez moi et je ne suis allé chez personne», illustre-t-il.

Une carrière qui vient avec des conséquences

M.Roy continue de fréquenter occasionnellement l’établissement à la hauteur d’une fois ou deux par mois, parce que sa quiétude et la compagnie des anciens combattants lui procurent de l’apaisement. C’est que ses 24 ans de service actif et ses six missions officielles ont laissé des traces, puisqu’il souffre aujourd’hui d’un trouble de stress post-traumatique.

«J’ai pris ma retraite en 2018, mais j’ai été diagnostiqué post-traumatique en 2015. À l’époque, j’ai commencé à faire de l’insomnie et à avoir des cauchemars, explique-t-il. Le post-traumatique, c’est une chose avec laquelle tu composes toute ta vie.» M. Roy souligne que si on tente aujourd’hui d’à tout le moins apaiser le trouble, notamment avec des médicaments, c’était auparavant avec l’alcool que tentaient de s’automédicamenter les anciens combattants. Dans son cas, la Légion royale l’a aidé à contrôler cet aspect de sa vie.

Le vétéran ajoute que la dépression, les hallucinations et un état d’hypervigilance sont certains des symptômes avec lesquels il a eu à composer, alors qu’il ne peut plus occuper d’emploi ou participer à certaines activités. Divers sons et odeurs peuvent également raviver certains souvenirs douloureux de façon inopinée.

Dans le cadre de la Semaine des vétérans, qui se tient du 5 au 11 novembre, M. Roy avait d’ailleurs été invité à participer à la cérémonie de mise au jeu du match des Canadiens de Montréal. Il s’est toutefois désisté. «Avec la foule, je n’aurais pas été capable», mentionne-t-il.

Une vocation?

Malgré les contrecoups de la guerre qu’il ressent encore aujourd’hui, M. Roy ne regrette pas son choix de carrière et il réemprunterait la même voie si c’était à refaire. «Si j’avais à recommencer, je recommencerais. Si tu as aimé ce que tu as fait, pourquoi pas?», lance-t-il. Si à l’époque le goût de l’aventure l’a poussé à embrasser ce parcours, il reconnaît également aujourd’hui la valeur ajoutée de la pension de vétérans et des avantages sociaux qui s’y rattachent. Il ajoute qu’il a également eu l’occasion de visiter plusieurs pays grâce à sa fonction. M. Roy a ainsi eu l’occasion de mettre entre autres le pied à Chypre, en Égypte, en Haïti, en Bosnie et en Afghanistan.

Si son quotidien est un peu moins exotique aujourd’hui, dans son duplex de Rosemont, il est aussi beaucoup plus tranquille. En compagnie de sa femme, il tente de se reposer, notamment en s’occupant de sa maison et de son jardin. Et en allant faire un tour à la filiale 29 de la Légion royale canadienne quand le cœur lui en dit.

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