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Bonheur sur la rue Beaubien

Tranchemontagne Daphnée - TC Media
Tous les matins depuis 10 ans, Richard Dennis s’installe sur « son » banc, à l’angle de la rue Beaubien et de l’avenue Christophe-Colomb. Pancarte et feuillets à la main, il regarde le quartier s’animer. Loin d’être un quêteux ou un disciple d’un mouvement religieux quelconque, il tente à sa manière d’ensoleiller le quotidien des passants avec son message d’amour. Rencontre avec ce messager du bonheur.

Dans le secteur, tout le monde le connaît. Beau temps, mauvais temps, M. Dennis est fidèle au poste. Tous les deux ou trois jours, il change ses pancartes. Ses rares absences s’expliquent par son état de santé qui se détériore, ou les nuits blanches passées à travailler sur ses affiches.

« Je viens ici parce que j’ai de la misère à me déplacer. Je fais de l’emphysème pis j’fume. Je m’accote sur les arbres pour [reprendre mon souffle]; c’est le plus loin que je peux aller. C’est pour ça que je m’assois toujours ici », explique celui qui réside dans un petit appartement à l’angle des rues Saint-Zotique et de la Roche.

Plusieurs passants le saluent par son petit nom, lui montrent leur soutien en levant le pouce ou s’arrêtent pour prendre de ses nouvelles, tandis que d’autres passent à côté de lui, dans la plus totale indifférence.

« Je suis ici pour répandre un message d’amour et d’espoir. Pour essayer de donner un sens à leur vie. Je néglige tout [le reste] pour être ici. Je fais ma part, aussi petite soit-elle pour changer le monde », laisse savoir le gérant d’entrepôt à la retraite, qui dit en retirer de la gratification.

De lion à agneau

Tout a commencé il y a près d’une décennie, lorsque l’homme a finalement vaincu ses démons. Après avoir lutté contre l’alcoolisme – il a commencé à boire à 13 ans – et une sévère dépression, à l’âge de 33 ans, qui a duré 15 ans, il dit avoir compris le sens de la vie.

« Je suis passé de lion à agneau. Avant, j’avais tout pour être heureux. Une femme et quatre beaux enfants, pis j’ai tout perdu. Je n’étais pas heureux. J’ai trouvé le bonheur quand j’ai arrêté de boire, pis que j’ai compris ça », dit-il en désignant un bout de papier, sur lequel il a résumé son message.

On peut y lire que « le plus beau cadeau que l’Être suprême ou l’Univers a essayé de nous donner est l’accès au bonheur et ça même si dans un monde où comme le nôtre la perfection ne peut malheureusement pas toujours exister [sic] ».

Si M. Dennis tient un discours empreint de spiritualité, il se défend toutefois de faire la promotion d’une religion, quelle qu’elle soit. Il souligne qu’il s’agit plutôt d’un cheminement personnel.

Un institution du quartier

Questionnés sur la présence de M. Dennis, les quelques commerçants rencontrés ont indiqué que celle-ci ne les opportunait pas du tout.

Au café de l’Apothicaire, Julianne et Florence, deux employées affirment qu’il arrive souvent que les clients partagent leur menu du jour avec M. Dennis. Même son de cloche en face, chez Olives et café noir.

« Il arrive souvent que les gens lui paient un café », mentionne Julia, la propriétaire de l’établissement.

Souhaitant aider l’homme à diffuser son message, elle a conçu une page Internet regroupant des clichés de M. Dennis.

« Il fait vraiment partie du quartier. Je prends des photos lorsqu’il change ses pancartes et on les ajoute. C’est une façon de fixer dans le temps ses pancartes et conserver un historique de ça », fait-elle valoir.

Pour en savoir plus, on visite le blogue au http://unmessagefraternel.wordpress.com. On peut aussi visionner le court-métrage M. Dennis et l’Apothicaire, réalisé par Jean-Philippe Talbot : http://unmessagefraternel.wordpress.com/video/.

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