Virage durable pour deux entrepreneures laurentiennes
Deux entreprises de Saint-Laurent bénéficieront d’un accompagnement d’un an grâce à la deuxième édition du Parcours Développement durable Montréal. Manon Pilon, présidente de Derme&Co, et Gabriella Gerbasi, responsable marketing chez WATERAX, participeront au programme pour implanter des modèles d’affaires durables dans leurs milieux de travail et la société en général.
«Grâce aux formations, aux ateliers en entreprise, elles vont pouvoir définir leur raison d’être et arriver à des solutions, explique le coordonnateur du Parcours Développement durable Montréal, Thibaut Allibert. Cela permettra également à leurs compagnies d’obtenir la certification Écoresponsable niveau 1 – Engagement par Ecocert.»
La Ville de Montréal, le Conseil des industries durables, en collaboration avec le gouvernement du Québec et la firme Ellio, coordonnent ce programme pour une deuxième année consécutive. Une vingtaine de petites et moyennes entreprises (PME) en bénéficient.
Ambassadeur
Avec sa participation au programme, Gabriella Gerbasi souhaite que son entreprise, un fabricant de pompes à incendie portatives à haute pression pour les pompiers forestiers, devienne un des ambassadeurs de la lutte contre les changements climatiques.
«Il y a de plus en plus de feux et nous souhaitons en mitiger les effets, en participant à la plantation d’arbres par exemple, précise la responsable marketing chez WATERAX. Nous pouvons aussi éduquer le grand public, notamment à propos de la prévention des incendies majeurs par des petits brûlages [intentionnels], une autre partie de notre industrie.»
Cumulant plus de 120 ans d’histoire, WATERAX emploie une cinquantaine de personnes sur le boulevard Henri-Bourassa ainsi que dans l’État de Washington, aux États-Unis. En prenant part au programme, l’entreprise souhaite rendre sa chaîne de production écoresponsable.
«Je suis passionnée par l’océan et la plongée. Quand je vais à la plage, je ramasse les plastiques, rapporte Mme Gerbasi. Je souhaitais transférer ces valeurs au sein de l’entreprise.»
La jeune responsable marketing de 26 ans, diplômée de HEC Montréal, pense que ces changements pourront être utilisés comme leviers auprès des clients. Il y aura des défis à surmonter, comme l’application de nouveaux matériaux aux produits.
Afin d’entraîner le plus de monde dans son sillage, Mme Gerbasi entend mettre sur pied un comité écoresponsable composé d’employés des différents départements. L’entreprise laurentienne servira aussi de laboratoire avant d’inculquer ces changements au sein de la division américaine.
Concientiser
Peu présent dans la cohorte de l’an dernier, le secteur des soins de la peau fait son entrée dans le Programme Développement durable Montréal avec l’entreprise Derme&Co. Sa présidente, Manon Pilon, cumule plus de 35 ans d’expérience dans l’industrie. En plus de Derme&Co, qui distribue notamment la ligne de soin pour spas Nelly De Vuyst, elle est derrière les marques Druide et Europelab.
«Notre mission est la transformation et l’entretien de la peau par des produits biologiques, souligne Mme Pilon. Le développement durable est bien implanté dans la partie produits, mais on n’a pas encore toute la culture, au niveau des employés par exemple.»
Elle souhaite réduire l’utilisation du papier dans tous les départements de l’entreprise, qui compte une centaine de personnes.
«J’ai aussi l’espoir d’utiliser l’aspect commercialisation auprès du public pour le conscientiser, car il est parfois écrit “naturel”, mais 90 % du produit est chimique, précise-t-elle. J’espère qu’au niveau des gouvernements, les choses vont changer, car on ne peut pas s’afficher “naturel” si ce n’est pas le cas.»
Les produits Druide sont tous certifiés biologiques par Ecocert et une quarantaine de la marque Nelly De Vuyst le sont également depuis deux ans. Ils sont fabriqués au Québec où, en plus du siège social sur le chemin du Bois-Franc, une usine Druide est implantée à Pointe-Claire.
Mme Pilon est prête à payer le prix de méthodes plus durables, comme la réduction des emballages. Son entreprise a par exemple annulé un contrat avec un distributeur dont les pratiques n’étaient pas écoresponsables. Avec le parcours, elle estime qu’elle va pouvoir beaucoup apprendre dans la prochaine année.