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Mieux déceler l’exploitation sexuelle

Les deux policières derrière le projet Les survivantes du SPVM publient un nouveau livre sur l'exploitation sexuelle, cette fois consacré aux communautés autochtones. Photo: Nouvelles Saint-Laurent News – Johanna Pellus

Depuis dix ans, les policières Diane Veillette et Josée Mensales coordonnent le programme Les survivantes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui aide les victimes d’exploitation sexuelle. Après la sortie de leur deuxième livre, elles seront à Saint-Laurent pour une conférence afin de sensibiliser le public et les organismes à cette problématique.

La prostitution étant la forme la plus courante de traite humaine et touchant des filles et garçons aussi jeunes que 12 ans, les deux policières travaillent à informer le plus grand nombre de cette descente aux enfers ainsi que de la prévention et de l’aide que chacun peut apporter.

«Tous les milieux sont touchés, il n’y a aucune prédisposition et ce n’est pas une question d’intelligence», souligne Mme Veillette.

Cette conférence du 15 mai, comme la trentaine qu’elles donnent chaque année, émane des questions de plus en plus fréquentes des résidents et des organismes laurentiens, indique le commandant du poste de quartier (PDQ) 7, Cédric Couture. «Il faut parler du phénomène pour mieux reconnaître les signes. C’est souvent quelque chose de caché et tous les PDQ sont touchés», ajoute-t-il.

L’exploitation sexuelle, notamment la traite des femmes, réfère à la prostitution de rue, les agences d’escorte, les massages érotiques, la pornographie, la danse érotique, etc.

Humaniser
Lorsque Diane Veillette et Josée Mensales ont fondé Les survivantes en 2009, l’équipe d’enquête, qui traite ce dossier depuis le début des années 2000, recevait peu de victimes, car moins d’entre elles se tournaient vers les services de police pour obtenir de l’aide.

Le duo se penche justement sur ces victimes qui ne veulent pas porter plainte et qui ne veulent pas passer au travers du processus judiciaire, mais qui espèrent se sortir de l’exploitation sexuelle.

Certaines victimes ne se considèrent pas comme victime. «Le proxénète fait le vide autour de la victime. Même s’il l’a amenée dans le milieu, elle croit qu’elle a décidé d’y aller elle-même», explique Mme Mensales.

En 10 ans, les dénonciations se sont multipliées, passant d’une quinzaine à plus de 300 par année. «Nous avons aussi vu les profils évoluer. Beaucoup venaient des centres jeunesse, mais il y a aussi des petites filles et gars des écoles privées», ajoute-t-elle.

Dans le cadre du projet, douze survivants de l’exploitation sexuelle, incluant un homme, ont été embauchés par le SPVM. En livrant leur témoignage, ils permettent aux policiers et intervenants de mieux comprendre leur parcours et comment s’en sortir, en plus d’inspirer d’autres victimes.

«Nous prenons les personnes là où elles sont dans leur cheminement, il faut qu’elles soient responsables de leur succès», ajoute Mme Mensales.

Auteures
En 2015, Pour l’amour de mon pimp… regroupait les récits de six victimes d’exploitation sexuelle et de ceux qui les ont aidées. La même année, Diane Veillette et Josée Mensales sont déployées à Val-d’Or pour travailler dans les communautés autochtones.

Le choc et les réalités qu’elles y découvrent les mènent à un autre livre. Mon ami… mon agresseur recueille des témoignages sur l’exploitation sexuelle des Premières Nations et des Inuits en milieu urbain. Au-delà des histoires de ces personnes qui sont tombées dans un engrenage de violence à leur arrivée en ville, l’ouvrage propose des ressources d’organismes autochtones.

«Il y a plein d’espoir. Il est possible de s’en sortir avec de l’accompagnement», conclut Mme Veillette.

Prévention
«Pour tout le monde, la prévention commence chez soi. Il faut être ouvert et savoir de quoi il s’agit, précise Mme Mensales. Cela commence par un usage sain des réseaux sociaux notamment, qui ne sont pas un journal intime. Il faut aborder le sujet avec les adolescents avant qu’il n’y ait un problème.»

Les parents et l’entourage se retrouvent ébranlés lorsqu’un proche est dans l’engrenage de l’exploitation sexuelle. Il est souvent nécessaire qu’ils aillent chercher de l’aide pour eux-mêmes.

«Des petits gestes, comme ce que l’on encourage comme pratiques, langage, artistes et valeurs, ont aussi leur rôle à jouer», complète la policière.

Les ressources doivent être adaptées à la problématique, même si briser le silence constitue un début. «Il ne faut pas hésiter à cogner à une autre porte si ça ne marche pas», note Mme Mensales.

Pour assister à la conférence du 15 mai, de 8h30 à 12h30, au Centre des loisirs (1375, rue Grenet), confirmer sa présence au 514 280-0407. «Mon ami… mon agresseur», paru aux Éditions Hannenorak, est en librairie depuis le 9 avril.

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