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Un peu plus de femmes dans la toponymie montréalaise

Mural Daisy Peterson dans le Sud-Ouest
En plus d’une murale, une rue et un parc portent le nom de la pianiste Daisy Peterson-Sweeney dans Le Sud-Ouest depuis l’an dernier. Photo: (Photo: Voix Pop - Justine Gravel)

La toponymie montréalaise s’est un peu plus féminisée depuis la création de l’initiative Toponym’elles en 2016, mais la progression reste lente. Parmi la soixantaine de nouveaux noms accordés par la ville-centre dans les trois dernières années, le tiers honore des femmes, et ce, répartis dans la moitié des arrondissements. En revanche, les noms masculins représentent plus de 25% des dénominations récentes.

Daisy Peterson-Sweeney, Félicité Laurin et Lily Tasso sont parmi les cinq personnalités féminines qui ont fait leur apparition dans le panorama toponymique de Montréal en 2019. Les femmes composent désormais 7,3% des noms de rues et espaces publics. En légère hausse par rapport à il y a cinq ans, où la proportion était de 6% contre plus de 50% pour les hommes.

«On part de loin. On ne pourra pas renverser la tendance demain matin, expose la responsable du patrimoine au comité exécutif de la Ville de Montréal, Émilie Thuillier. Mais depuis la banque Toponym’elles, il y a surtout eu un impact sur le plan de la sensibilisation.»

Avec 450 propositions de noms de femmes dans la banque toponymique, dont plusieurs proviennent du grand public, les arrondissements et les élus ont de quoi s’inspirer. Difficile d’ignorer l’apport féminin.

Certains font d’ailleurs meilleure figure que d’autres tels que Rosemont – La Petite-Patrie et Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles avec plus de 11% de désignations féminines. En queue de peloton se trouvent Montréal-Nord et Lachine avec un taux respectif de 2% et 3,3%.

«La toponymie reflète le passé et elle peut aussi nous aider à comprendre comment notre société à évoluer. Je pense que c’est une réalité que les hommes ont eu plus de pouvoir.» — Joanne Burgess, professeure à l’UQAM

Femmes de l’ombre

Au Québec, des critères de sélection en toponymie désavantagent les femmes, comme la notion de prestige, selon la coauteure du livre Femmes et toponymie, Sarah Beaudoin.

«Le type d’archives qu’elles avaient était beaucoup moins des papiers légaux, elles étaient ainsi peu présentes dans les archives, soutient-elle. On connaît tous des grandes femmes qui ont œuvré, par exemple, dans le bénévolat ou qui ont occupé des rôles moins traditionnels, elles étaient, à leur époque, exceptionnelles.»

L’initiative montréalaise vise justement à mettre en lumière des femmes oubliées ou dans l’ombre.«Il faut se remettre dans le contexte historique. Donc, on ne peut appliquer exactement les mêmes critères pour un homme que pour une femme», mentionne Mme Thuillier.

L’objectif reste tout de même de sélectionner des personnes qui ont eu un apport significatif pour la communauté, peu importe le domaine d’activité, précise la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, où une nouvelle rue portera le nom d’Yvette Brillon, considérée comme «la plus grande chapelière de l’histoire de la mode au Canada».

Formes collectives

Outre les individus, la représentation des femmes peut passer par des formes collectives, comme des métiers féminins, suggère la directrice de Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal, Joanne Burgess. Elle donne l’exemple de la place des Tisserandes dans Hochelaga, qui honore les travailleuses de l’industrie du coton.

«C’est de reconnaître des femmes de conditions plus modestes, et pas seulement une, mais une expérience féminine qu’on veut mettre de l’avant», expose la professeure de l’UQAM.

Montréal compte actuellement 479 noms féminins dans son paysage toponymique.

Le choix d’un nom pour un lieu donné considère différents critères, dont l’histoire de l’endroit, l’impact social, le profil biographique et le lien entre la personne et la communauté. La Ville exclut les personnes vivantes, décédées depuis un an ou encore susceptibles de provoquer ou d’alimenter des dissensions.

Proportion féminine

• Rivières-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles: 12,6%
• Rosemont – La Petite-Patrie: 11,9%
• Ville-Marie: 11%
• Plateau-Mont-Royal: 10,9%
• Mercier-Hochelaga-Maisonneuve: 10,6%
• Le Sud-Ouest: 9,4%
• Outremont: 9,1%
• LaSalle: 7,9%
• Côte-des-Neiges-NDG: 6,3%
• Ahuntsic-Cartierville: 5,6%
• Saint-Laurent: 5,5%
• Anjou: 5%
• Pierrefonds-Roxboro: 4,8%
• Villeray-St-Michel-Parc-Extension: 4,8%
• L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève: 4,8%
• Verdun: 4,7%
• Saint-Léonard: 3,3%
• Lachine: 3,3%
• Montréal-Nord: 2,2%

Des femmes récemment honorées

• Marie-Claire Kirkland-Casgrain (politicienne et avocate)
• Viola Irene Desmond (femme d’affaires)
• Janine Sutto (comédienne)
• Daisy Peterson-Sweeney (professeure de musique et pianiste)
• Félicité Laurin (enseignante)
• Alice Girard (infirmière et doyenne de l’UdeM)

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