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Santé mentale: pour une réadaptation de proximité

Philippe Giguère
Philippe Giguère, rencontré au CLSC de Saint-Laurent Photo: Métro Média/Laurent Lavoie

Le programme de soutien d’intensité variable (SIV) du CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal serait l’un des plus importants au Québec avec son équipe de 23 intervenants. Lancé il y a cinq ans, il offre un service de réadaptation psychosociale pour les personnes âgées de 18 ans et plus.

Le Laurentien Philippe Giguère est le coordonnateur de l’équipe de suivi du SIV pour les trois réseaux locaux de services du CIUSSS NIM. Il a contribué à la création du SIV et à son développement.

Les intervenants font environ quatre interventions par client chaque mois. Ils en ont une quinzaine au total.

Qu’est-ce qui a mené à la naissance du SIV?

Il y avait déjà dans Villeray-Petite-Patrie une équipe qui faisait un travail similaire au SIV. C’était un peu une équipe classique en santé mentale de première ligne. Les gens venaient nous voir dans les bureaux. Ce dont on se rendait compte, c’est que les clientèles avec des problèmes de santé mentale plus sévère comme les schizophrènes, les troubles psychotiques ou délirants où la création de relation d’aide est vraiment plus difficile, ils venaient aux deux premiers rendez-vous parce qu’ils étaient vraiment dans le besoin ou étaient accompagnés. Mais après on les perdait. On avait un fort taux d’absentéisme.

Quel type d’intervention faites-vous précisément?

C’est de la réadaptation de proximité, c’est-à-dire dans le milieu de vie de la personne, son domicile, son milieu communautaire, son réseau social. C’est aider une personne à optimiser ses forces, à bâtir ses aptitudes individuelles, c’est pour devenir le plus autonome et fonctionnel possible dans la société.

Dans le CIUSSS, il y a eu la mise en place d’Aire ouverte, c’est un accueil particulier pour les jeunes. À cet endroit, on a posté un intervenant chaque jeudi. Il y a une mère qui est venue et a commencé à parler de son jeune, comme quoi il était particulier, elle l’entendait parler seul, ne sortant plus de sa chambre. Ça, pour nous, même si on n’a pas de diagnostic, c’était assez pour suspecter un début de psychose.

On est allé cogner chez ce jeune pour créer un lien. On a réussi à l’hospitaliser et il a été dirigé vers la clinique des jeunes psychotiques et on a entamé un suivi SIV avec lui. Ç’a duré environ un an et demi et le jeune est retourné aux études.

De là est né un comité de mise en chantier pour le SIV, dont je faisais partie et est née son approche.

Est-ce que le SIV a fait ses preuves depuis sa création?

J’ai eu une rencontre avec le Centre national de l’excellence en santé mentale et on note des taux de succès très hauts. Les taux de réhospitalisation ont baissé de façon importante, la durée des hospitalisations a baissé. Aussi, pour certaines équipes SIV, dont la nôtre, il y a de plus en plus de proaction, notamment en lien avec l’itinérance. On parle de gens qui ne recevraient pas de services si ce n’était pas de se rendre à domicile, d’essayer de contacter le réseau pour aller les chercher. Dans certains cas, on ne va pas éviter une hospitalisation, mais on va la faire au bon moment.

Quel est le profil des intervenants qui composent votre équipe?

On a la chance d’avoir un infirmier par équipe. On a des travailleurs sociaux, des éducateurs spécialisés, notre projet c’est d’avoir un pair aidant, moi je suis ergo. J’ai beaucoup de gens qui viennent du milieu communautaire. On voit le désir d’aller de faire des interventions de proximité. Un intervenant SIV travaille la majorité de son temps seul. Les réunions sont super importantes, c’est là qu’on peut montrer notre couleur.

Quel rôle avez-vous joué durant la pandémie?

Notre clientèle, c’est des gens pour qui la médication est assez importante, donc en période aiguë, ils avaient besoin de beaucoup d’encadrement pour aller chercher ces soins-là, parce que nous on ne fait pas d’injection, ou de med drop. En pandémie, on limitait les rencontres pour que nos troupes restent en santé, on y allait vraiment pour les situations critiques qu’on n’avait pas le choix. Beaucoup d’appels téléphoniques, de visioconférences.

Ce sont des gens qui ont un niveau d’anxiété plus élevé que la population en général. Un des objectifs avoués était d’éviter les hospitalisations.

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Lors des plus longs délais, il faut attendre de trois à cinq jours pour que la référence d’un organisme soit traitée, et de sept à dix jours pour rencontrer un intervenant.

Pour faciliter la lecture de l’entrevue, certaines réponses peuvent avoir été éditées.

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