Brigades Stop Covid: Traquer le virus porte-à-porte
Pour sensibiliser les populations isolées au dépistage et à la vaccination, des brigades Stop Covid ont été mises sur pied à Saint-Laurent. Elles sillonnent les quartiers défavorisés de l’arrondissement depuis plus d’un mois.
Formés en duo, ils sont au total 29 conseillers et quatre usagers du Centre d’accueil et de référence sociale et économique pour immigrants (CARI) Saint-Laurent accompagnés de travailleurs de quartier du CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal.
Ils arpentent les rues des quartiers Chameran, Norgate, Place Benoit et Ward-Gold. Ces secteurs ont été identifiés par la Santé publique comme étant les endroits où les taux de vaccination sont les plus faibles et où les éclosions sont les plus importantes.
Les brigadiers, reconnaissables à leurs dossards orange, doivent rejoindre 4000 ménages d’ici le 30 juin pour les informer des moyens de se faire dépister et les sensibiliser à la vaccination.
Riposte
«À l’intérieur d’un logement dans ces quartiers, ils peuvent être plusieurs. Cela crée un stress si jamais un membre de la famille est infecté, ou s’il est en attente de résultats de son prélèvement», indique Caroline Comeau, conseillère en emploi au CARI et qui veille avec d’autres à la gestion du temps des brigades. Une infection signifiant une quarantaine redoutée.
«Ceux qui travaillent ont peur de perdre leur emploi, relève Mme Comeau. On leur souligne que leur employeur va apprécier la situation et on leur rappelle qu’il y’a de l’aide qui existe que ce soit celle de la Croix-Rouge ou celle de la fondation McConnel qui soutiennent les gens pour l’hébergement, le transport ou l’aide alimentaire.»
Certaines informations ont aussi eu du mal à arriver aux oreilles des gens. Cela engendre des comportements à risque chez une population immigrante, parfois précaire. «Notre rôle, c’est aussi de rappeler que c’est gratuit, qu’il n’est pas besoin d’avoir une carte d’assurance maladie et que peu importe leur statut, les soins sont accessibles», relève Roxanne Bourgault, coordonnatrice du département accueil et Intégration au CARI qui a fait partie de plusieurs brigades.
Armés de dépliants en plusieurs langues, ils répondent aux questions, donnent tous les renseignements disponibles.
Ils doivent briser la barrière de la langue. Les dépliants sont rédigés en arabe, mandarin, espagnol, hindi, mais aussi en français et en anglais.
Certains membres des brigades Stop Covid parlent plusieurs langues et détiennent une formation interculturelle qui leur permet d’aborder les gens de différentes manières.
«On les informe par exemple de la tranche d’âge pour qui la vaccination est ouverte. Même si cela est largement repris dans les médias, cela n’est pas forcément arrivé aux oreilles des gens», souligne Mme Bourgault.
Efficacité
Mais l’intervention s’arrête à la diffusion de l’information. Face à un antivaccin, il n’y aura pas de débats.
«Nous sommes là pour lui expliquer quels sont les bénéfices du vaccin, mais ce n’est pas à nous de lui faire changer d’idée», prévient-elle.
Elle observe toutefois que l’adhésion l’emporte sur la résistance.
«Quand on cogne à la porte, les gens sont surpris et se demandent d’abord pourquoi nous sommes là, mais ils sont généralement contents de nous voir», assure Mme Bougault.
Souvent, la personne a déjà bénéficié d’un service du CARI et reconnait le brigadier ou brigadière avec qui il s’est déjà entretenu.
Cela permet de s’assurer que la personne a bien compris le message et a reçu toutes les informations nécessaires avant de quitter les lieux.
83%
Saint-Laurent est l’arrondissement qui compte une majorité d’immigrants. En 2016, 83% de la population étaient immigrés ou avaient au moins un parent né à l’étranger. Dans le lot, près de 5% ne parlent ni anglais ni français. Les personnes sont originaires de 137 pays et viennent majoritairement de Syrie, de Chine, d’Inde, d’Algérie, du Maroc et du Cameroun.