Le barbier qui veut redorer son quartier
Après des études en programmation et un stage qui n’a duré que trois jours, Ahmad Borghol a tout quitté pour devenir barbier à temps plein, une vocation qui lui permet aussi de changer son quartier pour le mieux. Il a même reçu un certificat de l’Assemblée nationale pour son implication.
Ahmad est propriétaire de la boutique Benny’s Barbershop à Saint-Laurent, l’arrondissement où il est né et a grandi. Récent et luxueux, l’endroit a la réputation d’être «un peu comme l’ONU» tant les origines des employés et de la clientèle sont variées. Ce qui distingue toutefois encore davantage la boutique, c’est le rôle social qu’elle joue dans le quartier.
«À Saint-Laurent, il y a beaucoup de familles qui sont en dessous du seuil de pauvreté», rapporte Ahmad. Cette situation sociale amène certains jeunes à être «mal influencés» et à faire de «mauvais choix», une réalité qu’il a vécue, lui aussi.
La plupart d’entre nous qui travaillons au Benny’s Barbershop, ou qui avons fondé Benny’s Barbershop, on vient d’un milieu défavorisé et on a eu besoin d’aide.
Ahmad Borghol, barbier
En tant que barbier, Ahmad croit que son métier lui procure une position privilégiée pour avoir une influence positive. «On a beaucoup de jeunes qui viennent ici, dit-il. On est là pour les conseiller», expose Ahmad. Même si certains sont plus timides, la proximité qui vient avec le fait de se faire couper les cheveux fait en sorte qu’ils «n’ont pas le choix de laisser le barbier être dans leur bulle». Cette proximité les pousse à s’ouvrir. C’est à ce moment que l’influence positive peut faire son chemin.
Même s’il a les allures d’un commerce du Mile End, le Benny’s Barbershop tient à demeurer à Saint-Laurent. «On aurait pu facilement ouvrir un salon comme ça au centre-ville, mais on a décidé de le faire à Saint-Laurent pour montrer qu’on est capable d’amener du luxe à Saint-Laurent et rester à Saint-Laurent. On essaie de changer la vision que les gens ont des quartiers moins favorisés», explique le propriétaire.
Une implication reconnue par l’Assemblée nationale
En matière d’implication sociale, Ahmad et ses collègues ne se limitent pas à aider les jeunes qui fréquentent l’établissement. Chaque année, ils participent à l’événement «Les Jeux de la rue», où les jeunes se rassemblent et font des activités physiques. À cette occasion, le Benny’s Barbershop, en faisant aller gratuitement ses rasoirs et ses ciseaux sur la tête des jeunes, fait une différence dans la communauté.
En 2017, on a commencé à travailler avec la Ville de Montréal et avec une association qui s’appelle les Jeux de la rue. On a fait un kiosque chaque année où on offrait des coupes gratuites aux jeunes qui venaient de familles un peu plus défavorisées.
Ahmad Borghol, barbier
Les coupes donnent «un petit boost aux jeunes quand ils viennent jouer au basketball. Ils ont une belle coupe toute fraîche comme les joueurs de la NBA à la télévision», raconte le propriétaire de Benny’s.
Cette implication des barbiers a été reconnue par la députée de Saint-Laurent, Marwah Rizqy. Elle leur a décerné une reconnaissance officielle de l’Assemblée nationale du Québec en guise de remerciement pour leur engagement.
Après les Jeux de la rue, Ahmad poursuit son implication sociale. Il travaille actuellement sur un événement de levée de fonds pour la Croix-Rouge dans le but de donner à cet organisme qui est venu en aide à sa famille lorsqu’il a été victime d’un incendie il y a quelques années.
Dans le cadre de sa série P aime E, Métro va à la rencontre d’entrepreneurs passionnés par leur commerce et qui laissent leur marque dans leur quartier.
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