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Un corso sur Jean-Talon, en attendant mieux

Photo: quentin Parisis - Progrès St-Léon

Un corso temporaire va être installé sur la rue Jean Talon pour les beaux jours afin de donner un peu de vie à une artère qui manque d’attrait, selon les commerçants locaux.

Un corso, une petite placette qui offre un espace de convivialité aux promeneurs, sur laquelle on peut se prélasser, s’asseoir et discuter, doit être installé sur la rue Jean-Talon pour l`été, entre les rues de Fontenelle et Mainville.

Cette initiative est accueillie avec un entrain très limité de la part de certains commerçants de la rue Jean-Talon, qui espèrent des mesures beaucoup plus importantes et plus nombreuses pour redynamiser le secteur.

«C’est bien, mais encore faut-il que les gens puissent en profiter, juge Paul Micheletti, Président de la Société de Développement Commercial (SDC) Jean-Talon et propriétaire du magasin La Source du Sport.  Il y a beaucoup de priorités à mettre en place. Nous avons besoin d’un apaisement de la circulation et de mesures de verdissements pour rendre la rue plus agréable et inciter les gens, et surtout les personnes âgées qui sont nombreuses dans le secteur, à sortir».

Le copropriétaire de la boutique Maglia Rosa, qui s’apprête à quitter la rue après 5 ans dans le quartier avait notamment montré du doigt, au moment de l’annonce de son départ,un « manque de volonté » de l’arrondissement pour la revitalisation la rue Jean-Talon Est.

La plantation d’arbres ou l’abaissement de la vitesse serait ainsi vu d’un bon œil par ces commerçants, qui souhaitent que la rue Jean-Talon soit reconnue comme un secteur résidentiel et commercial, plutôt que comme «une autoroute urbaine», où les voitures défilent en direction des Galeries d’Anjou ou des quartiers centraux.

Dominic Perri, élu de Saint-Léonard, comprend les marchands qui voudraient que le secteur «soit quasiment piétonnier», mais assure que des mesures ne peuvent être prises que dans le cadre d’un projet global.

«Avec l’arrivée du métro, il y a des travaux qui vont être faits, et il n’y a rien de pire que de défaire ce qui vient d’être fait», argumente-t-il, ajoutant que «baisser la vitesse à 30 km/h ne signifie pas que le gens vont s’arrêter. Cela pourrait être efficace si la baisse de la vitesse était une mesure parmi d’autres» poursuit Dominic Perri.

Pour parer au manque d’attrait de la rue et en attendant les plans du métro, qui permettront de connaître avec précision les zones qui feront l’objet de travaux, l’arrondissement va donc «continuer d’installer des corsos».

Des torts partagés?

Entre la SDC, qui souhaite plus de mesures temporaires, et une mairie qui favorise des projets d’envergures à long terme, un dialogue de sourds semble s’installer, au détriment des commerçants de la rue.

Othmane Bouabid, propriétaire du Bazar de Saint-Léonard, spécialisé dans les appareils électroménagers d’occasion explique que certains bâtiments commerciaux accueillent jusqu’à 3 ou 4 commerçants par an, mais que les commerces ne parviennent pas à survivre.

«Il faut aussi que certains propriétaires investissent dans les bâtisses» estime Dominic Perri, en référence aux nombreuses façades grisâtres qui accueillent des commerces peu attrayants de l’extérieur.

Propriétaire de la Bijouterie Les Chemins d’Or et installé sur l’artère depuis 1970, M. Arcangeli assure n’avoir jamais eu la visite des élus. «Il n’y a aucun échange, jamais de consensus, et rien ne se passe pour la rue», se plaint-il.

À qui la faute? Pas à la mairie juge Dominic Perri, qui explique que la relation avec la SDC se fait par des consultations à intervalles régulières.

Othmane Bouabid, du Bazar de Saint-Léonard, pense que le manque d’attrait de la rue dépend finalement autant de son aménagement que du manque de dynamisme de la SDC. L’entrepreneur, qui paye une cotisation obligatoire à la SDC équivalente «à presque un mois de loyer», estime que l’argent qu’il verse «ne sert à rien».

«LA SDC organise un événement par an dans un parc mais, durant cette journée, il n’y a personne dans la rue car tout le monde est dans le parc», explique-t-il.

«Nous organisions des ventes de trottoir, se défend Pierre Brisko, Directeur général de la SDC, mais elles ne fonctionnaient pas, car l’offre commerciale n’était pas assez diversifiée. C’est ce à quoi nous travaillons et cela n’est pas forcement visible par les commerçants et les résidents»

L’idée de la SDC, qui a embauché un agent de développement commercial dont le rôle est de convaincre les enseignes de s’installer sur la rue, est donc avant tout d’offrir une meilleure mixité commerciale, tout en axant sa politique vers  les aménagements plutôt que les évènements peu fédérateur.

Pour Othmane Bouabid, l’exemple à suivre pour la SDC serait celui qui  de la rue Saint-Hubert, une autre rue qui fait face à des difficultés commerciales. «La SDC fait de l’affichage dans le métro, ils ont un logo, une grande visibilité, et ils mettent en avant leurs commerçants, dit-il. Ici, on ne voit rien de tout ça, à part de la pub très ciblée et limitée géographiquement sur Google».

«Dans SDC, il y a développement, mais on n’en voit pas beaucoup par ici», conclut-il, amer.

Pierre Brisko reconnaît que certaines actions à l’œuvre sur Saint-Hubert sont enthousiasmantes, mais il rappelle que la densité commerciale n’est pas la même et qu’il ne dispose pas des mêmes budgets.

Le Directeur Général de la SDC regrette aussi l’abandon de l’important projet de revitalisation de la rue Jean-Talon en 2018, qui devait voir le jour avant l’arrivée du métro. Il explique par exemple que la SDC aurait pu faire la demande d’une subvention en direction des propriétaires de bâtisses pour les soutenir dans leurs potentiels travaux, le PRAM, mais que l’abandon du projet de revitalisation a ruiné la pertinence de lancer ce type de demande en ce moment.

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