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Les commerçants de Jean-Talon Est restent sur leur faim

Photo: Archives / Progrès Saint-Léonard
Félix Lacerte-Gauthier - Progrès Saint-Léonard

La patience des commerçants qui attendent toujours la revitalisation de la rue Jean-Talon Est sera bien récompensée lorsque les travaux pour le prolongement du métro seront complétés en 2026. C’est ce qu’a plaidé le vice-président du comité exécutif à la Ville de Montréal, Sylvain Ouellet, devant des dizaines de marchands sceptiques réunis à Saint-Léonard.

On ne veut évidemment pas que la rue soit en chantier de 2019 à 2026. Mais on aimerait aussi des projets maintenant. – Paul Micheletti, président de la SDC

Pendant plus de trois heures, les membres de la Société de développement commercial de la rue Jean-Talon Est (SDC Jean-Talon) ont tenu leur assemblée annuelle mercredi soir. C’était l’occasion de présenter aux membres les projets qui débuteront bientôt sur la rue, dont l’installation de corsos [NDLR : de petites placettes] temporaires et de deux emplacements pour Bixi.

Ces mesures sont nettement insuffisantes, selon plusieurs commerçants qui disent attendre depuis longtemps la mise en branle de projets structurants.

Au printemps 2017, la ville de Montréal avait annoncé un plan de revitalisation évalué à 15M$, qui doit comprendre élargissement de trottoirs, construction de saillies et plantation d’arbres entre les boulevards Viau et Langelier.

Si tout avait été comme prévu, la première pelletée de terre aurait déjà eu lieu. Or, l’annonce du prolongement probable de la ligne bleue du métro dans l’axe de la rue Jean-Talon a eu pour effet de retarder de plusieurs années l’amorce de ces travaux.

Armé d’esquisses donnant un aperçu de la rue en 2026, Sylvain Ouellet est venu présenter à nouveau ce projet aux commerçants du secteur. Il a aussi réitéré qu’il est impératif d’arrimer ces chantiers à ceux de la future de la ligne bleue du métro, question d’éviter de défaire des structures à peine construites.

La grogne perdure
«Ça fait 25 ans qu’on voit des promesses de ce genre, s’est exclamé un commerçant. C’est la 3e fois que je vois cette présentation. Il y a de beaux projets, mais jamais rien de concret.»

Le scepticisme des commerçants est compréhensible, selon le président de la SDC, Paul Micheletti, et son directeur général, Pierre Frisko. «Ça fait depuis au moins 2002 qu’on nous promet de faire de la rue Jean-Talon le cœur de Saint-Léonard, remarque ce dernier. Il y a eu plusieurs projets, comme de planter des arbres, mais qui ne se sont jamais concrétisés. Encore une fois, ça reste aux calendes grecques, puisqu’il n’y a pas d’échéancier.»

Il compare d’ailleurs les mesures annoncées à un respirateur artificiel qui ne permettra pas à tous les commerçants de survivre jusqu’au réaménagement de la rue.

«On ne veut évidemment pas que la rue soit en chantier de 2019 à 2026, concède M. Micheletti. Mais on aimerait aussi des projets maintenant». Il remarque d’ailleurs qu’il n’y a rien pour inciter les clients de l’un des commerces à rester sur la rue afin de visiter d’autres boutiques.

Si la déception et l’incrédulité étaient généralisées chez les gens d’affaires après à la présentation de la ville de Montréal, selon M. Micheletti, certains avancent tout de même que les commerçants ont un travail d’introspection à faire.

Pour l’avocat Me Marc Michaud, dont les bureaux sont situés rue Jean-Talon, les commerçants ne sont pas tous prêts à mettre les efforts nécessaires au succès de la rue. « Il faut aussi agir nous-même pour changer les choses, et ne pas seulement attendre que la Ville se mette en mouvement », clame-t-il.

Pour illustrer cet immobilisme, il remarque le faible pourcentage de commerçants présents à l’assemblée, soit une trentaine sur près de 180 membres.

Une équipe pour nettoyer la rue Jean-Talon
L’arrondissement a annoncé lundi la création d’une nouvelle brigade verte qui veillera à la propreté de la rue Jean-Talon Est, entre les rues Valdombre et Dollier.

Cette brigade aura pour tâches de ramasser les déchets ou d’effectuer des opérations de désherbage, notamment. Elle sera active trois jours par semaine, du vendredi au dimanche, entre le 1er juin et le 31 octobre.

«On peut juste être content d’avoir deux personnes qui passeront sur la rue, remarque le directeur général de la SDC, Pierre Frisko. Idéalement, on en aurait pris plus, et pendant six ou sept jours, mais on va commencer par cela.»

Il explique que la création de la brigade est le fruit de discussions informelles entre l’arrondissement et la SDC

De son côté, le président de la société, Paul Micheletti, souligne qu’une telle annonce ne peut qu’être positive. «La propreté a toujours été un problème sur la rue, constate-t-il. C’est mieux que c’était, mais il y a toujours place à de l’amélioration.»

Le service s’inscrit dans le cadre d’un projet pilote lancé par la Ville dans certains secteurs achalandés.  Le contrat a été octroyé à la firme de service d’entretien Alphanet, qui s’est engagée à favoriser la réinsertion sociale en embauchant des personnes issues de différents programmes. La brigade sera complémentaire aux services qu’offrent déjà les cols bleus de l’arrondissement.

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