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Locaux vacants : les propriétaires veulent moins de restrictions

Le taux d’inoccupation des locaux commerciaux est de 13% sur la rue Jean-Talon Est. Selon la Ville de Montréal, un taux normal se situerait entre 4 % et 7 %. Photo: Félix Lacerte-Gauthier

Des propriétaires d’immeubles ont profité des consultations publiques sur les locaux vacants pour dénoncer les règlements encadrant l’octroi des permis d’occupation, qu’ils jugent trop restrictifs.

Sur la rue Jean-Talon Est, plus de 10% des espaces commerciaux situés en rez-de-chaussée sont vacants. Certaines voix, dont celle du président de la Société de développement commercial (SDC), affirment que les propriétaires d’immeubles commerciaux sont partiellement responsables de la situation, n’étant pas assez proactifs dans la recherche de locataires.

C’est faux, répond Olga La Rocca, propriétaire d’un immeuble de trois étages situés sur la rue Jean-Talon, rencontrée à la consultation publique sur la problématique des locaux vacants, qui avait lieu mercredi soir à la bibliothèque d’arrondissement.

« Si je n’ai pas de locataire, je dois quand même payer les taxes commerciales, et de ma poche », explique celle qui œuvre en ce moment à créer un regroupement de propriétaires d’immeubles à Saint-Léonard. Son objectif est de faire porter la voix des propriétaires et donner plus de poids à leurs revendications.

Selon elle, les restrictions encadrant l’octroi de permis d’occupation pour activité commerciale sont trop sévères, ce qui rendrait difficile la location de leurs espaces.

« La Ville demande un minimum de place de stationnements sur le terrain d’un commerce pour permettre certains types de commerces. On ne peut pas ouvrir un café, parce que ça en prend sept, mais d’un autre côté, on en retire sur la rue avec le corso », donne en exemple Jordan Black.

Le contingentement, qui exige une distance minimale entre certains types de commerces, poserait aussi un problème.

« Je voulais louer à une pâtisserie italienne, mais je ne pouvais pas, parce qu’une pâtisserie maghrébine était située à 180 mètres et que le minimum était de 200 mètres. Ensuite, j’ai voulu y mettre des bureaux, mais je n’ai pas pu parce qu’ils ne peuvent pas être au rez-de-chaussée », s’insurge Antonio Ranieri.

Saint-Léonard ouvert aux revendications

Johanne Couture, directrice de l’aménagement urbain et des services aux entreprises à l’arrondissement, se dit ouverte aux revendications des propriétaires.

Elle explique que le zonage est déjà en cours d’analyse à l’arrondissement. Les politiques encadrant le stationnement seront ainsi revues. Cela découle d’une demande faite par la SDC.

Quant au contingentement, elle explique qu’il s’agissait à l’origine d’une demande de cette dernière. « Cette règlementation avait pour but d’avoir une diversité commerciale, pour éviter que les commerces soient tous semblables. C’était une demande qui avait été adressée, mais si aujourd’hui, ils veulent rouvrir ça, on est prêt à examiner cela. »

« La règlementation n’est jamais fixe dans le temps. Elle évolue selon différents contextes », souligne-t-elle. À cet effet, elle rappelle que l’arrivée prochaine du métro changera la donne et qu’il faudra tenir compte d’une nouvelle réalité.

La SDC remise en question

Au total, une cinquantaine de personnes se sont présentées à la consultation publique, beaucoup dans le but de montrer leur opposition à la SDC Jean-Talon et au projet de corso.

« On est venu ici pour dénoncer ça, illustre Giovanni. Depuis l’installation du corso, notre locataire qui est là depuis 18 ans s’en va, parce qu’il n’a plus l’achalandage qu’il avait. »

« Je ne suis pas sûr que les gens aient bien compris le principe de la consultation, se désolait un employé sur place. Ils sont venus simplement pour manifester leur opposition au corso. »

À la SDC, Paul Micheletti, le président, remet en perspective la colère exprimée. « Il y a beaucoup de propriétaires qui sont frustrés parce qu’ils ne se sentent pas entendus. Ce n’est pas la SDC qui cause le problème des locaux vacants. Toutes les rues ont le même problème en ce moment. »

De son côté, Mme Couture préfère rester prudente, rappelant que la perception peut faire ressortir les émotions. « La formule permet aux gens de s’exprimer. C’est flexible et convivial, ça a des avantages, mais il faut faire attention à ne pas généraliser. L’échantillon est très petit, on ne peut pas extrapoler les résultats », explique-t-elle.

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