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Comment combler la pénurie de chauffeurs de poids lourds?

D’après un rapport du MTQ, l’industrie du camionnage employait 40 000 salariés en 2014. Ce nombre serait demeuré stable jusqu’à aujourd’hui, alors que la demande ne cesse d’augmenter dans les entreprises. Photo: djedzura, 123RF.

Fortement influencée par la pandémie, la formation de nouveaux chauffeurs de poids lourds est à la peine. Déjà aux prises avec une pénurie de personnel depuis une quinzaine d’années, l’industrie peine à former ses élèves et à répondre à la demande grandissante. Des changements sont réclamés par certains acteurs de l’industrie dans les écoles privées, alors que le ministère des Transports (MTQ) met en place des mesures pour pallier ce manque dans le public.

Présent dans le secteur du camionnage depuis plus de 30 ans, Lucianno Frezza fait partie de ces enseignants du privé qui a vu la demande augmenter de manière inquiétante depuis le début de la pandémie . Le directeur et propriétaire du centre de formation des véhicules lourds de Montréal souhaite tirer la sonnette d’alarme.

«L’import-export a explosé au Québec, l’industrie des poids lourds était déjà en manque de nouveaux chauffeurs, mais ça s’est accentué depuis deux ans », explique-t-il.

«Nous recevons au minimum trois appels par jour d’entreprises de transport ou de construction qui nous demandent d’urgence des gens capables de conduire leurs véhicules.»

Alors que les DEP professionnels croulent sous les demandes de formation, la présence des centres de formation de camionnage privés permettrait d’arrêter l’hémorragie, mais pour combien de temps?

«La complémentarité entre le public et le privé a toujours été essentielle pour former de nouveaux chauffeurs. C’est d’autant plus important de réglementer cette partie de l’industrie pour avoir une formation de qualité et la rendre attractive pour les élèves.»

Améliorer la formation dans le privé

Pour M. Frezza, la quarantaine d’écoles privées qu’on compte au Québec devrait suivre une réglementation établie par les instances gouvernementales afin de structurer ses programmes.

«Cela permettrait d’une part de former de façon plus complète les élèves du privé, et de l’autre, de rendre plus attrayante la formation et éviter ainsi le décrochage d’une partie de nos apprentis.»

Actuellement, chaque centre de formation de poids lourds privé fournirait une formation de base d’environ 20 heures de conduite personnalisée, mais celle-ci n’est pas soumise à des critères obligatoires.

Dans le privé, nous ne sommes pas réglementés par le gouvernement pour donner une formation de base, c’est dommage, car il pourrait et devrait le faire.

Lucianno Frezza, propriétaire du centre de formation des véhicules lourds de Montréal

Déjà des initiatives de Québec dans le public

Afin de contribuer à la disponibilité de travailleurs qualifiés, le gouvernement du Québec a intégré en 2020 des mesures qui rendent possible la participation de conducteurs de peu d’expérience au Programme enrichi d’accès à la conduite de véhicules lourds (PEACVL).

Ce dernier impose aux participants une formation spécifique et un stage d’encadrement dans une entreprise qui les embauche, ce qui leur permet de rejoindre ainsi plus rapidement cette industrie.

Selon le MTQ, cette initiative ajouterait une contribution supplémentaire aux efforts de recrutement en facilitant l’accès de l’industrie à un créneau de conducteurs potentiels.

«Le MTQ administre aussi le Programme Main-d’œuvre Camionnage qui vise à soutenir les initiatives de l’industrie en promouvant les métiers du camionnage et l’importance du secteur, et à assurer une meilleure connaissance des problématiques qui influencent cette pénurie de main-d’œuvre», indique la porte-parole du MTQ Émilie Lord.

Pour 2021-2022, chaque projet ou activité liée à la promotion du camionnage soumis par un centre de formation ou un organisme à but non lucratif pourrait ainsi recevoir jusqu’à 30 000 $ d’aide de la part du MTQ.

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